Le plus grand joueur tchèque de football de l’histoire aurait fêté ses 95 ans
Le football tchèque ne possède pas dans sa longue et riche histoire de plus grande légende que lui. Et pourtant vous ne le connaissez sans doute pas. Il ne s’agit ni de Pavel Nedvěd ni même de Josef Masopust, les deux seuls joueurs tchèques à s’être vus attribuer le Ballon d’or récompensant le meilleur footballeur européen. Lui, c’est Josef Bican, attaquant du Slavia Prague et du Rapid Vienne dans les années 1930 et 1940, à une époque où le Ballon d’or n’existait pas encore. Un des plus grands buteurs du XXe siècle. Né le 25 septembre 1913, Josef Bican aurait fêté ses 95 ans jeudi. A cette occasion, le Slavia Prague avait organisé une cérémonie au cimetière pragois de Vyšehrad, là où reposent d’autres artistes de la nation, Bedřích Smetana, Antonín Dvořák, Karel Čapek, Jan Neruda ou encore Alfons Mucha.
Josef Bican, c'est aussi des chiffres. Pas des zéros alignés sur son compte en banque, mais des buts, des centaines de buts : cinq fois meilleur buteur européen, onze fois meilleur buteur du championnat tchécoslovaque et une fois du championnat autrichien, Josef Bican a inscrit 644 buts tout au long d’une carrière professionnelle achevée à l’âge de 42 ans.
Alors, forcément, un joueur comme lui, on ne l’oublie pas. Comme ne l’a pas oublié František Veselý, autre joueur de légende du Slavia Prague, champion d’Europe avec la Tchécoslovaquie en 1976 :« C’était un homme particulier parce qu’il était très intelligent. Il s’est toujours comporté comme un gentleman sur le terrain. Il ne faisait jamais de fautes grossières et n’a jamais été vulgaire. Tout ça, c’était exclu chez lui. Il a sans aucun doute été le meilleur joueur de l’histoire du Slavia. Mais c’est aussi pour son comportement que j’en garde le souvenir d’un grand joueur. »
Et puis Josef Bican, c’est aussi une carrière et un destin d’homme étroitement liés à l’histoire mouvementée et compliquée de l’Europe centrale au XXe siècle. Né à Vienne de parents tchèques, Josef Bican a d’abord joué avec la Wunderteam, cette équipe d’Autriche de rêve avec laquelle il atteint les demi-finales de la Coupe du monde en 1934. Transféré au Slavia Prague en 1937, il joua ensuite pour la Tchécoslovaquie, une histoire d’amour à laquelle la guerre et l’Allemagne hitlérienne mirent fin, même s’il porta par la suite encore une fois le maillot d’une équipe nationale, celle de la Bohême-Moravie pour un match contre l’Allemagne en 1939. On dit même qu’Hitler aurait voulu qu’il devienne allemand. Ce qu’il refusa. Josef Bican mit un terme à sa carrière en 1955, fidèle au Slavia et après avoir repoussé des ponts d’or de clubs italiens. Les communistes virent alors en lui un ennemi de classe et en firent un manœuvre. Qu’importe, au début du XXe siècle, les nostalgiques continuent, eux, de voir en Josef Bican l’icône d’une certaine idée du football et d’un romantisme révolu.