Alfons Maria Mucha
L’art du peintre et dessinateur, Alfons Maria Mucha, né en 1860 à Ivančice en Moravie, est d’une renommée mondiale. Adolescent, il est passionné surtout par la musique et ce n’est que plus tard qu’il est vraiment pris par les arts plastiques. Après avoir terminé ses études secondaires à Brno, il décide de passer les examens d’entrée à l’Académie des arts plastiques de Prague, mais en vain. Le jeune Mucha ne se laisse pas décourager et part pour Vienne. Dans la capitale de l’empire austro-hongrois, il peint des décors et travaille également comme technicien au Ringtheater. Lorsqu’un incendie détruit le bâtiment, le jeune peintre se retrouve sans travail. Par chance, le comte Karl Khuen résidant à Mikulov en Moravie, propose à Alfons Mucha de décorer son château près de Hrušovany. Le comte est impressionné par les œuvres et le talent du jeune peintre, à un tel point qu’il décide de payer ses études. A. Mucha part d’abord à Munich puis à Paris.
Lorsqu’Alfons Mucha arrive dans la capitale de la France, il commence immédiatement à apprendre le français et à prendre des cours à l’Académie Colarossi. Le jeune artiste fréquente ses compatriotes du monde de l’art qui vivent à Paris, qui se réunissent dans un café près de l’Opéra, mais il se sent tout de même un peu seul. Deux ans après l’arrivée de Mucha à Paris, son mécène le comte Karl Khuen met un terme au financement de son jeune protégé. Au début, le peintre est un peu perdu car il se retrouve sans ressources. Mais il se ressaisit vite et se met à gagner sa vie en dessinant des découpages pour enfants et en illustrant des livres bon marché.
Il travaille également pour la maison d’édition Šimáček de Prague. Peu à peu, arrivent les commandes pour des dessins dans des livres, magazines et calendriers. Petit à petit, il se fait connaître par la crème de Paris et le monde du théâtre. Mais il n’est pas encore considéré comme un grand peintre, un phénomène. Puis un jour la chance lui sourit. On lui demande de faire une affiche de la célèbre comédienne Sarah Bernhardt pour la pièce « Gismonde». Le peintre envoie les dernières épreuves à la vedette. Quelques jours plus tard, il vient chercher la réponse dans la loge de l’exquise comédienne. Lorsqu’il ouvre la porte, Sarah Bernhardt manifeste son enthousiasme en l’embrassant. Depuis le premier instant, tous deux sont impressionnés l’un par l’autre, et il y aura toujours entre eux une admiration et une estime réciproque. Le 1er janvier 1895, l’affiche d’Alfons Mucha apparaît dans les rues de Paris. Bientôt le nom de Mucha fait le tour de la ville.Il sent qu’il lui faut quitter le cocon douillet de Paris, pour aller plus haut, plus loin… En février 1904, il quitte effectivement la France pour les Etats-Unis où il est d’ailleurs déjà très connu. Et là encore, le Nouveau Monde l’apprécie et l’applaudit, mais bien évidemment il y en qui ne saisissent pas le sens de ses œuvres. Au cours de son séjour aux Etats-Unis, il épouse Marie Chytilová, de plus de vingt ans sa cadette. Ce n’est pas un nouvel amour. En réalité la jeune femme est son élève qu’il a connue à Paris. Un amour réciproque qui mène le couple jusqu’au mariage, une liaison qui durera toute une vie. Marie lui donne une fille Jaroslava et un fils Jiří.
Alfons Mucha fait des allers et retours entre New York et Paris. En cette période, il travaille sur « l’Epopée slave » (Slovanská epopej), un cycle d’une vingtaine de tableaux qui représentent l’histoire des Slaves, depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours.
En 1936, il expose 139 de ses œuvres avec une centaine d’œuvres et de graphiques de František Kupka au Musée du jeu de Paume. A cette occasion, Alfons Mucha vient à Paris. La ville tant adorée revigore ses forces affaiblies. De retour à Prague, il se sent rempli d’une énergie incroyable et se lance dans la réalisation du triptyque « l’Age de la raison, l’Age de la sagesse, l’Age de l’amour » (Věk rozumu, Věk moudrosti, Věk lásky) qu’il ne terminera jamais pour des raisons de santé.
La scène politique s’assombrit, la Seconde Guerre mondiale éclate. A. Mucha subit un interrogatoire serré de la Gestapo. Il en revient sain et sauf, mais il est à bout de force. La fin de son existence en ce monde approche. Le célèbre peintre qui a reçu le titre de chevalier de la Légion d’honneur en 1934 des mains du président de la République française, Raymond Poincaré, meurt le 14 juillet 1939. Malgré l’interdiction officielle de ses obsèques par la Gestapo, un grand nombre de personnes et d’artistes viennent manifester leur estime à celui qui fut l’un des promoteurs de l’Art nouveau et qui est considéré comme le plus grand peintre de son époque.