Le quartier pragois de Hanspaulka
Dans cette émission, je ne vais pas vraiment vous parler d’un mystère dans le vrai sens du terme, mais d’un mystère qui réside dans le charme de Hanspaulka, quartier de Prague tranquille situé sur une colline dominant la ville. Jusqu’à présent ce quartier a gardé son cachet d’antan.
Le nom de Hanspaulka vient de Hans Paul Hippmann contrôleur en chef auprès du bureau du comité du pays et inspecteur des biens de l’archevêque de la ville de Prague. Jadis, une grande ferme et un vignoble se trouvaient en ces lieux. Le chanoine du chapitre de la cathédrale Saint-Guy à Prague, Josef Majer, légua en 1733 à H. P. Hippmann une partie de la vigne pour ses fidèles services. Ainsi, ce dernier en est devenu l’un des propriétaires. Plus tard H. P. Hippmann a fait construire à l’endroit où se trouvait le pressoir à vin du vignoble «Diskaciátka» un petit château en style baroque tardif. H. P. Hippmann légua ses biens à ses trois fils. Ce fut le dernier, František Karel, qui se chargea de la gestion du patrimoine de la famille.
Les héritiers de ce dernier vendirent Hanspaulka au chanoine métropolite de Prague. Par la suite, les propriétaires du futur quartier résidentiel s’alternèrent. Il faut dire que c’était un endroit fort plaisant, et il l’est jusqu’à présent. Il y avait non seulement la vigne, le petit château et la ferme, mais également champs et jardins, pâturages, chemins, une houblonnière et un petit étang entouré de saules, de charmes et d’un peuplier.
Après la Grande Guerre, Hanspaulka est devenue la propriété de la ville de Prague. Dans les années 1930, le château fut reconstruit et la majeure partie de la ferme démolie. Au fil des ans, Hanspaulka est devenu un quartier très chic où se trouvaient les résidences d’importantes personnalités du monde politique, intellectuel et du cinéma. A titre d’illustration, il s’agit des villas de la vedette de cinéma des années 1930, Lída Baarová, maîtresse de Joseph Goebbels, ministre de la propagande et de l’Information, bras droit d’Adolf Hitler, la villa d’Alois Eliáš, Premier ministre du gouvernement du protectorat de Bohême-Moravie, l’un des principaux initiateurs de la résistance du pays contre les occupants fascistes, qui a été exécuté par les nazis pour haute trahison et assistance à l’ennemi le 19 juin 1942. Il y a également la villa de Tomáš Pasák, l’un des spécialistes les plus remarquables de l’histoire tchèque, notamment de la Première République tchécoslovaque et de la Deuxième Guerre mondiale.
Mais dans le quartier Hanspaulka il existe tout de même un recoin mystérieux. Au sud-est du château Hanspaulka, à l’endroit de l’ancienne carrière, se trouve une petite maison, à l’origine construite dans un style baroque et reconstruite il y a peu de temps. Cette maison appartenait, dans le temps, aux francs-maçons pragois qui y organisaient leurs réunions secrètes. On dit qu’il y a eu des événements bizarres et très étranges qui se déroulèrent en ces lieux, mais comme ce sont des histoires sans preuves plutôt légendaires, on va les laisser dormir dans le brouillard des temps depuis longtemps écoulés.
Il est à noter que « le Grand Orient de France » - première grande loge maçonnique en France – a été constitué en 1771 et deux ans plus tard il y avait à Prague déjà quatre loges maçonniques. Les membres de la loge principale « Aux trois étoiles couronnées » étaient uniquement des aristocrates.
Les informations sur Hanspaulka proviennent des textes de Michal Kostka, archéologue au Musée de la ville de Prague.
Et maintenant une recette pour vous, chers auditeurs. Comme on est au mois de juin, l’été approche et il fait souvent chaud, on va préparer un plat très connu en Bohême, mais que l’on ne trouve pas forcément au restaurant. C’est une sorte de ratatouille qui en tchèque s’appelle le « lečo » (letcho).
Ratatouille à la tchèque pour deux personnes
4 tomates bien mûres, 4 poivrons (la variété est au choix), 1 gros oignon, sel, poivre, huile
• Couper les tomates et les poivrons en morceaux, puis les mettre dans une bassine.
• Poêler l’oignon haché à l’huile (dans une casserole ou une poêle profonde).
• Ajouter les tomates et les poivrons. Ne pas mouiller !
• Mijoter jusqu’à ce que le liquide soit évaporé.
• Si vous n’êtes pas végétarien, ajouter à la fin de la cuisson du saucisson paysan coupé en morceaux.
• Puis finalement ajouter un œuf.
• Servir de préférence avec du pain, éventuellement des pommes de terre bouillies ou vapeur.