Pour la première fois, un joueur de foot condamné par la justice pour avoir blessé un adversaire
Le joueur de football amateur Jiří Beneš est entré dans l’histoire de la justice tchèque en devenant le premier sportif condamné pour avoir blessé un adversaire au cours d’un match. La Cour constitutionnelle a récemment rejeté la plainte de Jiří Beneš, agent d’entretien dans une usine dans le civil, et confirmé la condamnation prononcée préalablement par les tribunaux.
Depuis, Jiří Beneš a été reconnu coupable par tous les tribunaux habilités à traiter de son dossier malgré ses appels contre les décisions. Consolation cependant : aucune peine ne lui a été infligée, les juges tenant compte du fait qu’il n’a pas blessé son adversaire intentionnellement. En revanche, Jiří Beneš devra verser un pretium doloris d’un montant de 130 000 couronnes (5 200 euros) à Milan Šimek, qui en réclamait le double. Expression latine signifiant littéralement « le prix de la douleur », le pretium doloris est la somme des dommages et intérêts accordés à la victime en compensation des souffrances endurées.
Jiří Beneš s’est défendu en argumentant que la pratique du sport comportait des risques. « Toute personne qui dispute un match de football doit envisager la possibilité d’une blessure », a avancé son avocat dans sa plainte. Un élément dont n’a donc pas tenu compte la Cour constitutionnelle. En outre, Jiří Beneš se plaint qu’aucun des juges entre les mains desquels est passé son dossier n’a vérifié si l’acte qu’il a commis pendant le match ayant entraîné la blessure de son adversaire avait été violent et avait été perpétré dans le respect des règles du jeu. La juge de la Cour constitutionnelle a rétorqué que le rôle des tribunaux n’était pas de se placer dans la position d’un arbitre et de juger si une règle sportive avait été violée ou non.
Quoiqu’il en soit, il s’agit d’un cas de justice sans précédent en République tchèque, les sportifs du pays n’ayant pas pour habitude de s’adresser à la police et de porter plainte dans de telles situations. Il y a six ans de cela, lorsqu’un joueur de hockey sur glace s’était retrouvé en fauteuil roulant suite à une grave blessure, le tribunal avait alors blanchi l’auteur de la faute en expliquant que d’autres règles étaient en vigueur dans le sport. Une interprétation qui n’est donc plus la même aujourd’hui.