Projet ‘East rugby’ : pour le rugby, le soleil se lève aussi à l’Est (2e partie)
Suite de l’entretien avec Hugues Henry, ancien joueur et entraîneur du Stade français, aujourd’hui professionnel du sport à la tête d’« East Rugby », un projet, comme son nom l’indique, d’aide au développement du rugby en Europe de l’Est et plus particulièrement en République tchèque. Dans la première partie de cet entretien, diffusé il y a deux semaines (http://www.radio.cz/fr/article/102756), Hugues Henry nous avait d’abord présenté son projet dans ses grandes lignes et justifié le choix de l’Europe centrale et orientale, une région dont il se dit convaincu qu’elle représente l’avenir du développement du rugby dans le monde, entre autres du fait de l’important potentiel physique des joueurs. De passage dans nos studios, Hugues Henry avait également expliqué pourquoi la République tchèque était devenue le pays cible prioritaire pour le lancement d’« East Rugby ». « Un coup de cœur », avait-il répondu, avant de raconter quel rugby il y avait découvert après plusieurs passages à Prague :
« J’ai trouvé un rugby qui ressemble à celui de chez nous, à la fois en termes de niveau, et je pense là à la Fédérale 2 ou 3, mais aussi d’implication. Quant on est dans les stades tchèques, on pourrait tout à fait se croire dans un de nos villages en France, dans un de ces endroits du sud-ouest où il y a un petit stade avec des gens passionnés qui préparent le stade, tracent les lignes… bref, on retrouve un peu toute cette fraîcheur que l’on a non pas dans nos championnats professionnels mais tout de suite en dessous. Et ça, c’est bien ! J’ai vu des clubs qui ont des structures pour certaines vieillissantes, tandis que d’autres ont commencé à réinvestir dedans. Mais ça ne part pas de zéro, il y a vraiment quelque chose qui existe déjà. J’ai rencontré des gens absolument passionnés et passionnants comme Jan Machacek, qui a joué en Nouvelle-Zélande, au pays de Galles et en France comme professionnel, ou Martin Kafka, qui a aussi joué en France, en Espagne et au Japon. Quand vous parlez rugby avec ces gens-là, ils ont les yeux qui brillent, qui pétillent. Ils vivent cette passion et ils ont vraiment envie de trouver des appuis. C’est autour de gens comme ça et de leurs réseaux qu’on a monté des rendez-vous, des réunions et qu’on va commencer à mettre en place les premières opérations dès cet été. »
-Votre projet se met en place depuis un certain temps déjà. Aujourd’hui, quelques opérations concrètes, sur le terrain, vont bientôt se réaliser. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
« Le choix qui a été fait, on l’a déjà dit, est celui de développer le championnat et d’élever son niveau sportif. Pour ça, le constat est qu’il y a vraiment besoin d’entraîneurs qui ont touché au haut niveau. Des entraîneurs français vont donc venir sur des sessions d’une semaine à dix jours pour commencer à former des entraîneurs de clubs, discuter avec eux. Il ne s’agira pas de leur expliquer ce qu’est le rugby de très haut niveau, professionnel, mais de leur dire quelle est la marche suivante, de leur donner des éléments, des clefs. Ce sera la première action de cet été. Ensuite, nous allons inviter des entraîneurs tchèques à venir en France dans des clubs professionnels ou de Fédérale 1 pour qu’ils voient un peu comment ça se passe. Ce seront des stages d’observation, ils seront présents et accompagneront l’équipe. Là aussi pour s’imprégner du niveau, des techniques, etc. On va s’efforcer de suivre tout au long de l’année ces actions de formation avec des entraîneurs qui viendront en République tchèque. Après, il faut que les équipes tchèques puissent se confronter, elles ne jouent pas assez souvent à un haut niveau pour progresser. Cela signifie donc organiser quelques tournois, prendre une sélection tchèque pour la faire jouer contre des équipes de Fédérale 1 ou 2 en France. Tout ça dans un cadre de formation et d’opposition. Voilà ce qui va se passer d’ici la fin 2008. On montera également peut-être un match de propagande avec une équipe professionnelle. »
-A bien comprendre, votre projet dispose d’une oreille attentive en France. Le rugby tchèque ne fait pas rire ?
« Pas du tout. Je crois d’ailleurs qu’il n’y a aucun rugby qui fait rire, quand on est passionné et quel que soit le niveau. En France, où le rugby est un sport majeur, j’ai autant de plaisir à aller voir un match de série régionale ou un match de Fédérale 3 qu’une affiche du Top 14. Quand je regarde ce match, je le vois à son niveau. J’ai vu la République tchèque contre la Géorgie et j’ai passé un excellent après-midi de rugby. Effectivement, ce n’était pas Stade toulousain – Stade français, bien que cette année ce match-là n’était pas terrible, mais ça fait plaisir et c’est frais. Oui, c’est ça, c’est le mot qui convient. »
-Quelle est la réception à laquelle vous avez eu droit lorsque vous avez présenté votre projet aux responsables tchèques puisque la FIRA-AER a déjà mis en place des projets d’aide et de développement depuis de nombreuses années. En quoi ‘East rugby’ se différencie-t-il de ces projets ? Qu’apporte-t-il de plus que la FIRA ?
« Au départ, j’avais rencontré M. Jean-Claude Baquet, président de la FIRA-AER, pour lui présenter mon idée. Il a adhéré, bien sûr, parce que le travail réalisé par la FIRA est un énorme travail pour un nombre très important de fédérations affiliées. C’est donc un travail difficile où il faut mener les mêmes actions un peu partout et ce n’est pas simple. Là, notre action est tout à fait privée, individuelle, mais elle est en complément de ce que fait la FIRA. Ce qu’elle fait est magnifique mais elle doit le faire dans tous les pays. Nous, nous en avons choisi un dans un premier temps mais c’est une initiative complémentaire qui va dans le sens de ce que fait la FIRA. Et si on peut lui filer un coup de main, ce sera avec plaisir. »
C’était donc Hugues Henry, responsable d’East Rugby, association d’aide au développement du rugby tchèque. Vous pourrez entendre la troisième partie de l’entretien dans une prochaine rubrique sportive.