Projet ‘East rugby’ : pour le rugby, le soleil se lève aussi à l’Est (3e partie)
Suite de l’entretien avec Hugues Henry, professionnel français du sport à la tête d’« East Rugby », un projet, comme son nom l’indique, d’aide au développement du rugby en Europe de l’Est et plus particulièrement en République tchèque. Dans les deux premières parties, Hugues Henry, ancien joueur et entraîneur du Stade français, avait notamment expliqué les raisons de son coup de cœur pour la République tchèque et quel rugby il y avait trouvé.
-Vous avez parlé de la formation des entraîneurs et techniciens du rugby tchèque. Ces secteurs et ces manques que vous avez identifiés correspondent-ils également aux besoins formulés par les responsables et les dirigeants tchèques ?
« Oui. Il y a plusieurs façons d’aider. Dans certains pays, même dans ceux où le rugby est très implanté, comme Madagascar par exemple, où c’est quasiment le sport national, vous êtes très vite dans le social ou le caritatif. Ici, la situation est totalement différente. On est dans du sportif pur. Quand on parle en termes d’aide, la première chose qui vient à la bouche de tous les interlocuteurs que j’ai eus est d’élever le niveau des entraîneurs pour pouvoir ensuite faire progresser le niveau des joueurs et donc du championnat. Il ne s’agit pas de prendre des joueurs, de les envoyer en France et quand ils reviennent, l’équipe nationale est bonne mais le championnat ne vaut rien. Non, ce que tout le monde a tout de suite à la bouche, c’est de mettre le maximum de moyens sur les entraîneurs et les éducateurs. Les former pour qu’ils transmettent aux joueurs et ensuite, cela donnera un championnat de bon niveau. Toutes les attentes vont dans ce sens-là : aider au maximum à la formation des entraîneurs. »
-Vous avez évoqué les noms de Jan Macháček, ancien joueur de Clermont-Ferrand, club avec lequel il a même disputé une finale de Championnat de France, et de Martin Kafka, qui a été entraîneur de l’équipe nationale et a aussi joué en France. Deux joueurs, deux exemples, qui sont la preuve des liens forts entre les rugbys tchèque et français. Comment expliquez-vous ce rapport entre les deux pays ?
« Sur ce que j’en ai vu jusqu’à présent, je crois que le rugby tchèque peut tout à fait correspondre au rugby français. Jan Macháček et Martin Kafka sont venus en France, ils ont été à la hauteur de leurs contrats et ont vraiment porté dignement les couleurs tchèques. Il reste quelque chose de leur passage. Ce sont des passionnés qui ont vraiment connu le très haut niveau. Et quand ils sont de retour dans leur pays natal, ils ont envie d’emmener les gens dans cette direction du haut niveau. Ils sont donc porteurs de beaucoup d’idées, en termes de jeu, de formation, mais aussi de marketing, de communication, etc. Ils ont touché du doigt le haut niveau et ils aimeraient faire partager cette expérience et ce qu’ils ont pu connaître ailleurs à leur fédération, à leurs clubs et à leur équipe nationale. Et puis, ce qui est marrant, c’est que même s’il y a des entreprises françaises, la France n’est pas très représentée en République tchèque d’une manière générale. On ne ressent pas vraiment de présence française comme c’est le cas pour les Anglais, les Américains ou d’autres pays. Mais quand on est sur un terrain de rugby en République tchèque, le français est une langue courante. Même si cela se sait peu, beaucoup de joueurs tchèques évoluent en France. Certes, pas tous en professionnel dans le Top 14 comme les Géorgiens, mais il y en a deux ou trois en Pro D2, dont l’ailier de Toulon Martin Jagr qui a été le meilleur marqueur d’essais du championnat, d’autres en Fédérale 1, etc. Tout ça pour dire que le seul endroit où j’ai vraiment ressenti une présence et une sensibilité françaises dans ce pays, c’est sur les terrains de rugby. »
C’était donc Hugues Henry, responsable d’East Rugby, association d’aide au développement du rugby tchèque. Vous pourrez entendre la suite et la fin de l’entretien dans de prochaines rubriques sportives.