Réunification des deux obédiences de la franc-maçonnerie tchèque
Le 8 mars dernier, les deux Grandes loges des deux principales obédiences de la franc-maçonnerie se sont réunies en une seule et même organisation. Un événement pas courant. Marc Verdier est, dans le vocabulaire maçonnique, Premier député Grand Maître de la Grande Loge de République tchèque, pour les profanes, en fait, une sorte de vice-président par rapport au Grand Maître. Dans la nouvelle organisation née de cette fusion, c’est Hynek Beran, Grand Maître de la Grande Loge de République tchèque qui va désormais chapeauter un peu moins de 500 francs-maçons tchèques et slovaques.
Avant d’évoquer cette réunification, Marc Verdier est revenu sur les racines de la division de la franc-maçonnerie :
« Cette division est à l’origine en France, en 1877, lorsque le Grand Orient de France a renoncé à la croyance obligatoire en dieu parmi ses membres. Il s’en est suivi que le Grand Orient de France a perdu la reconnaissance qu’il avait de la Grande Loge Unie d’Angleterre. Ça a donc formé une deuxième famille de maçonnerie qui s’est donnée à elle-même le titre de franc-maçonnerie libérale par opposition à la maçonnerie traditionnelle qui porte le nom de ‘régulière’. La franc-maçonnerie a bien entendu été interdite en Tchécoslovaquie à l’époque communiste, et elle a été reconstituée après la Révolution de velours. A ce moment-là, les deux grandes familles ont reconstitué des loges et des grandes loges. Il y avait donc une Grande loge de RT dite ‘régulière’ et les Français ont créé un Grand Orient tchèque affilié à ce qu’on appelle la franc-maçonnerie libérale. »
Comment est née l’idée de rassembler les deux Grandes loges ? C’est plutôt un fait inhabituel…
« Cette querelle philosophique franco-française ne concerne pas véritablement les Tchèques. Quelques-uns d’entre nous ont souhaité surmonter ces divergences et travailler au rapprochement d’hommes qui ont tout en commun, c’est-à-dire qui croient aux mêmes valeurs et aux mêmes principes et qui pratiquent la franc-maçonnerie de la même façon. »
Quel est le nom que va prendre désormais la nouvelle organisation ?
« Pour des raisons administratives un peu compliquées, on ne pouvait pas changer de nom sans des formalités de type ‘assemblée générale’, etc. Nous avons donc gardé le nom de l’obédience anciennement dite ‘régulière’, c’est-à-dire de la Grande Loge de République tchèque. Peut-être qu’elle deviendra Grande Loge Unie de République tchèque, mais ce sont les délégués à l’assemblée générale qui en décideront. »
Quelles ont été les réactions à l’étranger - en France par exemple - dont vous avez eu des échos ?
« Ceux qui sont œcuméniques ont été ravis et enchantés. Et ceux qui sont tenants des divergences ont été déçus. En particulier le Grand Orient de France en tant qu’institution n’a plus d’allié ou de correspondant en RT puisque le Grand Orient tchèque a été ipso facto dissous. Cela dit, ce que personnellement j’ose espérer, c’est que cette réunification à laquelle nous avons procédé ici en République tchèque s’étende à d’autres pays où la franc-maçonnerie est divisée. »