Le tourisme en 2008 : l’année des grands changements ?
L’année touristique 2007 est finie, vive la nouvelle année 2008 ! Après, une baisse, toute relative, du nombre de visiteurs à Prague l’année dernière, des projets se dessinent, qui émanent des autorités. Une première, qui voit la République tchèque se doter peu à peu d’une stratégie touristique qui lui a jusqu’à présent manqué. A long terme, l’enjeu est aussi d’attirer les touristes hors de la capitale.
Si Prague était choisie, elle ferait partie des plus petites villes à avoir alimenté la flamme olympique. La capitale tchèque compte 1,2 millions d’habitants. Tout comme Helsinki, la capitale finlandaise, qui accueillit les Jeux en 1952. L’histoire olympique n’a concerné en tout que quatre villes de moins de deux millions d’habitants. Nous parlons des Jeux Olympiques d’été, plus importants que ceux d’hiver.
En cette première décennie du troisième millénaire, un tel événement attire plus de monde que jamais et la question des capacités touristiques, d’abord en termes quantitatifs, se pose avec acuité. Ce ne sont pas moins de 10 000 athlètes, ainsi que leurs équipes, environ le double de journalistes et bien sûr un nombre incalculable de visiteurs qu’il faudrait loger et nourrir. Selon les prévisions officielles, Prague devrait être capable d’offrir 50 000 chambres d’hôtels pour faire face.
Si elle est un handicap certain, la taille de Prague, ainsi que sa réputation en terme de patrimoine, peut aussi représenter une valeur ajoutée, ajoutant une touche de personnalisation dans un événement aussi médiatique.
Mais les problèmes de capacité d’accueil ont moins frappé, cette année, les professionnels du tourisme, que la baisse enregistrée par le nombre de visiteurs en République tchèque. Après une hausse en 2006, le début de l’année 2007 a enregistré une baisse d’un demi pourcent. Un chiffre sans doute dérisoire mais qui marque, symboliquement au moins, une rupture : c’est la première fois, depuis la chute du communisme, qu’une telle baisse est constatée.
Doit-on y voir un signe des changements à venir ? Prague, déjà visitée par de nombreux touristes de toutes génération, menacerait-elle de passer de mode ? La diminution du nombre de visiteurs est plus sensible pour les touristes de l’Union européenne. L’entrée récente de la République tchèque dans l’espace Schengen, qui simplifie les formalités, n’y devrait rien changer.La République tchèque est en fait victime de l’attrait de sa capitale, qui compte parmi les plus belles villes d’Europe. A tel point que Prague efface les nombreux trésors qu’offre la Bohême et la Moravie, tant en terme de patrimoine que d’activités naturelles ou sportives. Avec 12 sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, la République tchèque est, proportionnellement à sa taille, l’un des pays qui compte le plus de sites classés.
Oui mais voilà, à quelques exceptions près, personne ne les connaît ! Tout au plus certains touristes poussent-ils dans le sud de la Bohême, à Cesky Krumlov ou à l’ouest, dans la ville thermale de Karlovy Vary mais l’aventure s’arrête là. Et elle a rarement lieu. Certains touristes néophytes ont ainsi l’impression d’avoir tout vu du pays après un séjour de trois ou quatre jours à Prague. En dehors de la capitale, circulez, il n’y a rien à voir !Peut-être doit-on mettre en avant la frilosité de bon nombre de tour-opérateurs, qui préfèrent rester dans l’offre classique et qui a fait ses preuves : la Prague romantique et multi-séculaire, un ou deux châteaux et un goulasch-bière dans une auberge. Certes, c’est charmant mais à terme, cela risque de sentir le réchauffé ! Et le touriste, s’il gardera un souvenir inoubliable, ne reviendra pas nécessairement.
D’autant plus que la réalité du tourisme en République tchèque est beaucoup plus variée. Il suffit d’observer le travail quotidien des agences de voyage réceptives, à Prague. Les groupes touristiques qui se déplacent dans un cadre scolaire ou professionnel sont au coeur de cette diversité de l’offre. Il y a par exemples les rallyes pour les touristes dits « incentive ». Prague se prête admirablement bien à ces jeux de pistes qui visent à l’émulation entre collègues d’une entreprise.L’employé d’une agence réceptive évoque pour sa part ses échanges avec des professeurs de classe. Soucieux d’organiser un séjour didactique pour leurs élèves, ils sont demandeurs de services de guide de qualité. On est ici aux frontières d’un tourisme éducatif.
Outre les agences réceptives, ce sont désormais les autorités qui semblent se préoccuper de l’avenir du tourisme. Grande première, la volonté d’élaborer des stratégies dans ce domaine. Ainsi, la municipalité de Prague réfléchit à de nouvelles thématiques de visite, comme celles des sites liés à l’histoire technique, mis de plus en plus en avant. Le Musée de la Technique a rouvert récemment après un ravalement de façade. L’idée est moins saugrenue qu’il n’y paraît : elle est particulièrement appropriée à ces groupes d’écoliers ou d’étudiants de l’UE, qui arpentent chaque année la capitale tchèque.
La Chambre de Commerce se penche de son côté sur le problème de la qualité du service dans les hôtels et les restaurants, qui reste encore trop souvent à déplorer. En février 2007, elle a lancé un programme destiné à un public varié : employés des agences de tourisme, hôteliers et restaurateurs mais aussi policiers ! L’apprentissage ou l’amélioration de la pratique de l’anglais ou de l’allemand est proposé et les cours rencontreraient un franc succès.Plus que la quantité, c’est la qualité qui est mise en avant. La proportion de plus en plus grande que prennent les hôtels 4 ou 5 étoiles dans les établissements qui s’ouvrent, prouve que Prague suit cette tendance. En termes touristiques, Prague est un excellent placement, il s’agit de ne pas le faire dormir !