Le poète Frantisek Listopad lauréat du Prix Jaroslav Seifert
La fondation de la Charte 77 a décerné le prix littéraire Jaroslav Seifert à un homme qui vit depuis plus d'un demi-siècle à l'étranger mais qui n'a jamais cessé et ne cessera jamais d'être un poète tchèque. L'auteur, de son vrai nom Jiri Synek, a choisi pour pseudonyme le mois de sa naissance - Listopad (novembre).
"Oui, c'était ma deuxième jeunesse, mon éducation sentimentale, si vous voulez. Je n'ai pas émigré, je suis resté en France. J'ai travaillé à l'ambassade tchèque à Paris et puis, après le coup d'Etat à Prague en 1948, je me suis demandé quoi faire, j'ai réfléchi encore quelque temps, et après je suis resté en France. J'ai vécu à Paris pendant dix ans, deux plans quinquennaux, si vous voulez. (...) Ecoutez, si je suis qui je suis, si je suis quelqu'un, c'est à cause de mon enfance à Prague en Tchécoslovaquie, et je ne serais pas qui je suis sans Paris. Paris est ma seconde patrie, si vous voulez. C'était une étape importante de ma vie du point de vue esthétique, littéraire, mais aussi humain. Paris, c'était vraiment mon école de la conscience de l'homme, l'âge de l'homme. Quand je dis l'âge d'homme, je me rappelle le livre du même nom de Michel Leiris, que vous connaissez. Et c'est vraiment ça que Paris m'a donné. Avec toutes les difficultés que j'ai eues, j'étais sans papiers, sans métier régulier, j'étais tout à fait atypique, mais j'étais libre, j'étais seul. J'étais à Paris..."
Depuis 1959, Frantisek Listopad vit et travaille au Portugal. Il écrit en portugais, il travaille pour la radio et le cinéma, il enseigne à l'Université de Lisbonne. A 85 ans, il continue toujours à cultiver sa langue maternelle qui reste son instrument privilégié pour sa création poétique. A l'occasion de la cérémonie de la remise du Prix Seifert, Frantisek Listopad a présenté aux Pragois son dernier recueil de poésies tchèques intitulé « Rosa définitiva ».
"J'écris en portugais depuis trente ans, quarante ans, mais la poésie, je l'écris toujours en tchèque. J'ai toujours été d'une fidélité absolue à la langue tchèque poétique. Je n'essaie même pas d'écrire de la poésie en portugais. Je pense que la poésie est comme le lait maternel. Mais tout le reste, la fiction, les essais, je l'écris directement en portugais. Quand je suis venu au Portugal, j'ai commencé à écrire en portugais."
Ce n'est pas la première distinction que le poète reçoit dans sa patrie. Il se déclare néanmoins très honoré par le prix qui porte le nom du seul lauréat tchèque du prix Nobel de littérature, Jaroslav Seifert. Le poète Frantisek Listopad se retrouve donc en très bonne compagnie. Le prix Seifert avait déjà été décerné par la fondation de la Charte 77, entre autres, à Ludvik Vaculik, Jiri Kolar, Milan Kudera, Bohumil Hrabal et Josef Skvorecky.