Vaclav Havel : « Ce n'est pas la planète, mais c'est l'existence de l'espèce humaine qui est menacée »
« Je ne suis pas d'accord avec ceux qui simplifient les menaces qui nous guettent en mettant en garde devant la réduction des libertés civiques », écrit Vaclav Havel dans un texte publié par le quotidien Hospodarske noviny et intitulé « Il ne faut pas faire semblant de ne pas voir les menaces existantes ». Nous avons retenu quelques passages de sa contribution au débat mené à ce sujet et auquel une conférence exceptionnelle a été récemment consacrée à New-York.
Les changements climatiques constituent pour Vaclav Havel un phénomène qui a été confirmé par des études scientifiques. Il accepte également le constat que les activités de l'homme y contribuent et « peu importe quelle est leur part concrète ». Une allusion à l'approche de son successeur, le président Vaclav Klaus, qui considère les menaces hypothétiques d'un futur réchauffement climatique comme « très spéculatives ».
Vaclav Havel estime que les grands changements climatiques peuvent avoir des retombées imprévisibles sur l'écosystème global. D'où son accent mis sur ce qu'il appelle « une très grande humilité et prudence ». « Nous ne devons pas tout le temps mentir à nous-mêmes en prétendant que nous pouvons mener joyeusement notre vie de consommation, négliger les menaces climatiques et reporter les solutions », écrit-il.
Fidèle à lui-même, Vaclav Havel s'oppose à une vision technocratique et matérialiste du monde... « L'ordre éthique, notre conscience et notre responsabilité, les droits de l'homme... », voilà les cercles qui se présentent d'après lui comme les thèmes-clés du début de ce troisième millénaire. Le soutien à l'éducation, la formation à l'écologie et l'éthique et l'accent sur une responsabilité commune font partie de ce concept.
A la fin de son texte, Vaclav Havel lance un avertissement grave: « Soit l'espèce humaine se rendra compte de sa place dans l'organisme vivant de notre planète, soit il y a un risque que notre évolution retournera des milliers ou des millions d'années en arrière... Il y a donc lieu de prendre ce thème très au sérieux, comme un appel à un comportement responsable, et non comme une attente de la fin du monde ». Et de rappeler « que ce n'est pas la planète, mais l'existence de l'espèce humaine qui se voit sérieusement menacée. »