Revue de presse : à Prague, un marché immobilier influencé par les investisseurs étrangers

Le marché immobilier à Prague, la présence et la vie des ressortisants ukrainiens en Tchéquie, le dernier guide traitant de l’évolution du climat, le choix des nouveaux juges constitutionnels et le 70e anniversaire de Dagmar Havlová, deuxième épouse de l’ancien président Václav Havel, sont au sommaire de cette nouvelle revue de la presse tchèque. 

« Les étrangers sont les acteurs les plus forts sur le marché immobilier à Prague. De ce côté-là, la capitale tchèque ressemble à Zurich ou à Paris », titrait cette semaine le quotidien Deník N. À l’intérieur du journal, le géographe social Martin Ouředníček s’exprimait en ces termes :

« Aujourd’hui, la part des étrangers dans la population de Prague est d’environ 20 %. La migration, pour ne pas dire l’invasion étrangère à Prague, est immense. Elle est incomparable avec celle des autres pays de l’ensemble de l’Europe centrale et de l’Est où la présence étrangère dans les villes ne dépasse pas 7 %. Les principaux atouts de Prague sont son attractivité et le fait qu’elle représente une porte d’entrée dans l’Europe. La présence de filiales de nombreux groupes internationaux en est un témoignage éloquant. D’autres acteurs importants sur le marché, les Chinois et les Russes, ont pris l’habitude d’investir dans l’immobilier à Prague. »

La forte présence des étrangers sur le marché immobilier, comme l’explique le journal, est une des raisons de la crise du logement à Prague. Du coup, de nombreux Pragois, surtout les jeunes couples avec des enfants, sont contraints de  quitter la capitale et partent vivre ailleurs. Pour eux, se loger  à Prague est devenu impossible financièrement. « Pourtant, les statistiques confirment que Prague dispose de suffisamment de logements », lit-on encore dans le journal.

Les Ukrainiens en Tchéquie

Sans la présence des Ukrainiens, l’économie tchèque serait confrontée à des problèmes bien plus graves que ceux auxquels elle fait face aujourd’hui, constate l’hebdomadaire Reflex :

Des réfugiés ukrainiens | Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« Avant le début de l’invasion russe en Ukraine, quelque 200 000 ressortissants ukrainiens vivaient en Tchéquie. Ils occupaient généralement des emplois qui n’intéressaient pas ou peu les Tchèques, dans les hôpitaux, dans les commerces ou dans le bâtiment. La guerre a radicalement changé la donne. Aujourd’hui, le nombre de ressortisants ukrainiens en Tchéquie, parmi lesquels se trouvent majoritairement des femmes et des enfants, et avec lesquels l’État tchèque et les Tchèques se sont montrés particulièrement généreux, se situe autour de 650 000. »

Par conséquent, il n’est pas étonnant, comme l’observe l’auteur, que certaines voix, nourries par le discours populiste de certains politiciens et militants, s’élèvent pour critiquer cette forte présence ukrainienne.

« La migration est toujours source de doutes et d’inquiétudes. D’autant plus dans un pays comme le nôtre, très peu habitué à la présence des étrangers. Un exemple pour tous : alors que l’on ne recensait encore que 35 000 ressortissants étrangers en 1984, leur nombre en Tchéquie aujourd’hui s’élève à plus d’un million. Un bond qui peut angoisser une partie de la population. »

En conclusion, l’auteur réclame de la patience tout en mettant en relief le fait que la Tchéquie a, par le passé, plutôt bien géré l’arrivée de nombreux Vietnamiens. Cette forte communauté peut désormais se targuer de voir émerger une jeune génération parfaitement intégrée.

Quel écho à l’évolution du climat en Tchéquie ?

« Le dernier guide de survie pour la planète publié par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat ne semble pas faire grand écho en Tchéquie ». C’est ce que remarque le site Seznam Zprávy, qui précise :

Photo illusttrative: Pavel Polák,  ČRo

« Attirer l’attention du public en 2023 avec le sixième guide déjà du GIEC, qui informe que la planète est au bord du gouffre, est une tâche surhumaine. Il s’agit en effet, aux yeux de beaucoup, de quelque chose que l’on sait déjà. Tantôt on prend cette information au sérieux, tantôt on la conteste ou l’ignore. Mais dans un cas comme dans l’autre, elle ne suscite plus de fortes émotions. »

Deník N s’est pour sa part intéressé aux changements et aux conditions de vie auxquels il convient de s’attendre à l’avenir en Tchéquie. Le journal prévient ses lecteurs :

« Il est certain que la hausse de la température moyenne en Tchéquie sera supérieure à la moyenne mondiale, d’où aussi des chaleurs extrêmes et des catastrophes naturelles plus fréquentes comme des sécheresses locales, des inondations, des incendies de forêts. S’y ajouteront l’inflation alimentaire, de nouvelles maladies infectueuses et des vagues de migrants climatiques. »

À en juger d’après les déclarations faites par le secrétaire général de l’ONU Antonio Gueterres et des militants environnementaux, l’heure semble être pourtant, comme l’indique le chroniqueur du journal, à un optimisme prudent.l « Sauf qu’avec le temps qui passe, la lutte contre le changement climatique s’annonce de plus en plus difficie », écrit-il.

Le choix de juges constitutionnels sous le signe de la transparence

« Le président Petr Pavel reprend certaines habitudes propres à l’ancien président Václav Havel. » C’est ce que suggère un texte publié sur le site Echo24.cz suite à la décision du nouveau chef de l’État d’inviter vingt-trois institutions à lui présenter des candidats aux fonctions de juges constitutionnels, et ce de manière à ce qu’il puisse les soumettre à un panel d’experts. On peut lire également :

Petr Pavel | Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« Par cette décision, Petr Pavel a donné une preuve marquante de sa volonté de transparence pour les affaires d’une importance primordiale. On peut dire qu’il renoue ainsi avec Václav Havel qui revendiquait lui aussi cette pratique. Ses successeurs, Václav Klaus et Miloš Zeman, quant à eux, préféraient se contenter de leurs propres jugements ou de ceux de leurs collaborateurs. »

Selon l’auteur, le nouveau président souhaite que le choix de plusieurs nouveaux juges constitutionnels, qui remplaceront ceux dont les mandats s’achèvent cette année, tienne compte de la variété, qu’il s’agisse des régions ou des domaines du droit. Une manière de faire qui permettra de découvrir des candidats et candidates peu connus jusqu’ici.

Dagmar Havlová fête ses 70 ans

La majorité des médias tchèques ont retenu le 70e anniversaire de la comédienne Dagmar Havlová, deuxième épouse de l’ancien président Václav Havel, mort en 2011. L’occasion pour le magazine Reflex de rappeler :

Václav Havel et Dagmar Havlová | Photo: Tomáš Vodňanský,  ČRo

« Il n’y a pas beaucoup de mariages dans l’histoire tchèque qui ont eu un retentissement aussi grand que celui, en 1997, de Dagmar Veškrnová avec le président Václav Havel. Une grande partie de la population avait alors eu du mal à accepter le fait qu’ils se marient onze mois seulement après le décès de la première épouse de Havel, Olga, que les Tchèques appréciaient beaucoup et admiraient même. D’autres encore voyaient mal aux côtés du président, ancien dissident, une comédienne dont la plus grande période de gloire remontait à l’époque de la dure normalisation communiste, pendant laquelle elle a brillé tant sur les scènes de théâtre qu’à l’écran. Bref, le public la considérait comme ‘la deuxième’. Les médias, quant à eux, épiaient chaque faux-pas de la nouvelle épouse du président. »

Toutefois, comme le souligne le chroniqueur de Reflex, Dagmar Havlová, « probablement la Première dame la plus controversée », a toujours soutenu Václav Havel pendant leurs quinze années de vie commune et a toujours été « son être le plus proche ».