Le Festival des écrivains rend hommage au dadaïsme
Le « dada » constitue le thème principal du 17e Festival des écrivains qui se tient à Prague du 3 au 6 juin. Ses organisateurs ont réussi à réunir un groupe d'auteurs importants de plusieurs pays dont certains ne sont pas inconnus du public tchèque. Ils ont maintenant l'occasion de rencontrer leurs lecteurs et aussi d'échanger leurs idées lors des débats organisés au théâtre Minor, à la Bibliothèque municipale et au Centre américain de Prague.
Le mouvement dada ou le dadaïsme a vu le jour au cours de la Première Guerre mondiale dans des cafés suisses en tant que révolte contre la culture officielle qui se prenait trop au sérieux, contre tout ce qui défigurait la vie et l'âme de l'homme. Pour se libérer de cette culture artificielle et hypocrite, les dadaïstes ont eu recours au jeu, à la dérision et à l'humour. Le président du festival, Michael March, explique ce qui a attiré les écrivains au festival et quel est leur rapport vis-à-vis du dadaïsme :
« Nous avons tout simplement invité ces auteurs. Notre festival est bien connu et les auteurs savaient qu'ils allaient se retrouver en bonne compagnie. Quel est leur rapport vis-à-vis du dadaïsme ? Dans l'oeuvre de ses auteurs se manifestent évidemment diverses attitudes vis-à-vis de la vie et du monde. (...) Tous ces auteurs, de même que le dadaïsme, soutiennent l'idée de la non-violence, et le dadaïsme lutte par la non-violence contre la guerre, mais il est aussi contre la politique, contre la commercialisation, et surtout contre la commercialisation de mauvais goût. Il est pour l'humanité. »
Et Michael March de souligner que l'appel à la non-violence sous des formes diverses est le dénominateur commun des oeuvres et des vies des auteurs invités. Celui qui est probablement le plus connu d'entre eux, l'Américain Edgar Lawrence Doctorow, a situé son dernier roman intitulé « La Marche » aux Etats-Unis à l'époque de la guerre de la Sécession. En décrivant la marche du général Sherman vers le Sud, il évoque les horreurs de la guerre et la destruction de la nature, et tout cela est une condamnation de la violence. Quant à Gary Snyder, autre invité américain du festival, c'est un adepte du bouddhisme qui se fait par conséquent défenseur de la non-violence, de l'écologie et de la recherche du bonheur dans le calme et la paix. Alexandar Hemon est né à Sarajevo en 1964 et a donc subi la violence, de même qu'un autre écrivain invité, l'Israélien Avraham B. Jehosua.Parmi les auteurs invités figure aussi le Britannique James Meek, auteur du roman « Drame de Sibérie », qui décrit l'aventure des membres des légions tchécoslovaques et les pièges qui les guettaient lorsqu'ils cherchaient à regagner la Tchécoslovaquie libérée au lendemain de la Première Guerre mondiale. Le festival accueille également la poétesse Elena Stefoi, qui a fait partie, dans les années 1980 en Roumanie, des cercles dissidents luttant contre Ceausescu. La littérature tchèque est représentée par le poète surréaliste Pavel Reznicek, le dramaturge, poète et traducteur Ludvik Kundera, et le poète Miloslav Topinka.
Dans le cadre du festival, une exposition intitulée « Dada East ? » et retraçant l'histoire du dadaïsme a également été ouverte.