Prague prépare sa présidence de l'UE
« L'Europe sans barrières » : c'est le slogan proposé par le gouvernement pour la future présidence tchèque du Conseil de l'Union européenne, en 2009. Les priorités ont déjà été fixées par le cabinet de Mirek Topolanek : la compétitivité, la dérégulation, la libéralisation de la politique commerciale et les quatre libertés fondamentales que sont la liberté de circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux.
L'opposition sociale-démocrate a déjà dénoncé le fait que ces priorités n'aient pas encore été discutées avec elle et regrette notamment qu'il ne soit pas question d'Europe sociale dans le plan gouvernemental. Pour l'ancien commissaire européen aujourd'hui consultant, Pavel Telicka, la préparation de la présidence tchèque a déjà pris du retard et manque de cohérence :
« On parle de 'L'Europe sans barrières', donc, en d'autres termes, de libéralisation, mais en même temps nous disons « non » la même semaine à la libéralisation dans le domaine de l'énergie. Et je pense que l'argument mettant en avant les craintes du capital russe, qui justement lutte contre cette libéralisation, n'est pas un bon argument. »
Pavel Telicka ajoute que des problèmes linguistiques pourraient également se poser. L'Union européenne insiste sur le fait que les fonctionnaires des Etats membres impliqués au niveau européen maîtrisent non seulement l'anglais mais aussi le français. Mais du côté du gouvernement tchèque, la langue de Molière n'est pas une priorité fondamentale.
« On voit malgré tout que lors des conseils de ministres ou autres le français n'est pas indispensable », souligne le ministre de l'Environnement Martin Bursik. Alexandr Vondra, vice-Premier ministre chargé des Affaires européennes, ne se fait quant à lui pas beaucoup d'illusions :
« Nous sommes un pays plus anglophone que francophone, donc en anglais nous allons maîtriser à 100% la langue, mais en ce qui concerne le français, il faut au moins que les directeurs de tous les groupes de travail maîtrisent la langue. Il serait cependant illusoire de penser que chaque fonctionnaire tchèque apprenne le français d'ici deux ans. »
La présidence du Conseil de l'UE au premier semestre de l'année 2009 devrait coûter à la République tchèque, selon les estimations, plus de 3 milliards de couronnes, soit plus de 100 millions d'euros.
Et puisque nous parlons de la monnaie européenne, sachez aussi que le gouvernement tchèque a approuvé, lundi, un programme de convergence et un plan de réformes visant à faire entrer le pays dans la zone euro en 2012. Aucune date n'est précisée mais le ministre des Finances, Miroslav Kalousek, a indiqué que le programme était « établi de manière à ce que l'échéance de 2012 soit réaliste ». Le document publié lundi et transmis à Bruxelles devrait être mis à jour régulièrement. Il fait état d'un déficit public à 4% du PIB, au lieu des 3,3% prévus jusqu'ici.
Rappelons que selon les critères de Maastricht, le déficit des Etats membres de la zone euro doit être limité à 3%. « Ce programme va certainement faire l'objet de critiques majeures et justifiées de la part de la Commission européenne », a concédé Miroslav Kalousek tout en ajoutant que « si nous sommes capables de prouver que nous sommes sérieux en ce qui concerne les réformes envisagées, alors il n'y a pas de réelle menace de sanctions ».