« Les bouteilles consignées », une tentative de Jan et Zdenek Sverak de renouer avec le succès de « Kolya »
Le jeudi 8 mars sort en salles l'un des films les plus attendus de cette année, la comédie « Vratne lahve » (Les bouteilles consignées) qui est la quatrième (et peut-être dernière) collaboration du réalisateur Jan Sverak avec son père Zdenek, scénariste et acteur.
Après la comédie familiale « Ecole communale » tournée en 1991, « Kolya » oscarisé six ans plus tard et le film de guerre au casting international « Dark blue world », les Sverak arrivent donc de nouveau avec une comédie dramatique. Sa genèse, particulièrement longue et difficile, a presque provoqué une rupture entre le père et le fils. Sverak junior n'a accepté que la cinquième version du scénario, dans laquelle son père met en scène son alter ego, en quelque sorte : le professeur Tkaloun, 65 ans, qui quitte l'école au bord de la crise de nerfs. Il trouve un petit boulot dans un supermarché : on le charge de la récupération des bouteilles consignées. Bavard et soucieux des autres, l'ancien prof finit par connaître tout les clients et tout le personnel du magasin et commence, qu'il le veuille ou pas, à influencer leurs vies... Ecoutez Zdenek Sverak, 70 ans, auteur du scénario et acteur principal du film :« Dans notre famille, c'est moi qui rend aux commerçants les bouteilles consignées. Celui qui m'a inspiré, c'était un gars qui travaille justement à la réception des bouteilles dans un petit supermarché à Prague-Petriny, où j'habite. C'était quelqu'un de très renfermé sur lui-même, il ne disait jamais rien. Ca me rendait presque furieux ! Je me disais : 'oh là, si seulement c'était quelqu'un de gentil, ce serait tellement plus agréable de passer !' Et je m'imaginais moi-même à sa place. Voilà comment j'ai eu l'idée de parler de cette petite fenêtre qui peut être un moyen de communication et qui est en fait un vestige des magasins d'époque, où les gens se parlaient encore. » Jan Sverak filme avec tendresse et un humour corrosif les dialogues entre le professeur et vendeur Tkaloun et sa femme, remarquablement incarnée par Daniela Kolarova. La crise sentimentale de ce couple de retraités, très crédible à l'écran, est le fil rouge du film. Pourquoi en fait Jan Sverak a-t-il voulu traiter de la vieillesse - sujet généralement évité par les cinéastes de sa génération ? On l'écoute :« Je vois mes parents vieillir. J'envie à mon père le fait de jouer tous les soirs au théâtre, d'être aussi sollicité. Je me demande comment il serait s'il n'avait pas cette activité, s'il serait en forme, s'il ferait du ski de fond et du vélo. Je me demande aussi ce qui m'attend, moi. La quarantaine passée, je vois ce qui est au bout du chemin. Dans mes pensées, la vie n'est plus interminable. A travers ce film, j'ai imaginé ma propre vieillesse, voilà pourquoi il était important pour moi. »
« Les bouteilles consignées » sortent en salles sur 39 copies, dont une sous-titrée en anglais.