Avoir Bethléem à la maison

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Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Comme promis et comme le réclame l'occasion, c'est à quelques mots et expressions relatifs à Noël - Vánoce, que sera consacrée cette nouvelle émission. L'occasion, une fois encore, de découvrir quelques particularités de cette langue tchèque parfois vraiment mystérieuse...

Le mot tchèque « Vánoce » tire son origine de l'allemand « Weichnacht », ou plus précisément de « wînnahten » en vieil allemand. Il s'agit là d'un mot relativement ancien puisque le dictionnaire étymologique de la langue tchèque précise que les ancêtres des Tchèques l'adoptèrent avant même l'arrivée, probablement en 863, des frères Cyrille et Méthode venus depuis Thessalonique évangéliser ce qui était alors le royaume de Grande Moravie. Traduit littéralement, il s'agit donc de la « sainte nuit », « wîch » signifiant « saint » en vieil allemand.

A noter également que ce que les Tchèques appellent « vánočka », à savoir la brioche de Noël, est en fait l'assemblable de deux mots : « vánoční » et « houska ». Le premier d'entre eux - « vánoční », est un adjectif qui signifie « de Noël », tandis que le second désigne un petit pain. La brioche de Noël, qui prend la forme d'une natte et fait partie des plus anciennes pâtisseries puisqu'elle remonte au Moyen Âge, était donc à l'origine un « petit pain de Noël ». Une découverte qui n'est pas inintéressante car les maîtresses de maison tchèques préparent la « vánočka » uniquement ou presque à l'occasion de Noël. Et si sa recette ne différencie guère, du moins pour ce qui est des ingrédients de base, de celles que l'on trouve dans d'autres pays, en revanche on constate que l'étymologie est complètement différente puisque en français, « brioche », qui remonte au début du XVe siècle, serait un dérivé du mot « brier », la forme ancienne du verbe « broyer » en normand, employé à l'époque dans le sens de « pétrir la pâte avec un rouleau ». Bref, même si on en mange un peu plus que d'habitude à Noël, une origine qui n'a rien à voir, à la différence du tchèque donc, avec la fête célébrée par les chrétiens en commémoration de la naissance du Christ.

A propos des expressions tchèques relatives à Noël, nous pouvons en citer au moins trois dont la première fait référence à l'inactivité. Ainsi, d'une personne au chômage depuis un temps déjà relativement long, on entendait parfois qu'elle « a toujours Noël », traduction littérale de « má stále vánoce ». A ce propos, précisons que les Tchèques profitent de trois jours fériés à l'occasion de Noël, les 24 et 26 décembre étant en effet également chômés. Voilà donc peut-être une explication, ne serait-ce que partielle, à l'existence de cette expression. Une autre, sans doute plus probable, serait que les Tchèques considèrent les fêtes de Noël comme une période de l'année pendant laquelle ils aiment rester chez eux à ne rien faire ou plutôt pour se reposer.

Autre expression quelque peu curieuse : « udělat si vánoce », soit « se faire un Noël ». Une expression qui, traduite en français, n'a guère de sens, mais qui devient plus compréhensible une fois que l'on sait qu'elle est employée, sans doute ironiquement, lorsque quelqu'un tombe malade ou souffre d'un mal qui l'empêche de travailler et le contraint à se reposer.

Dernière expression amusante relative à Noël : « od štědrého večera do vánoc někde pobýt », soit « rester quelque part de la veille de Noël jusqu'à Noël ». Il s'agit là en quelque sorte d'un euphémisme pour signifier que l'on reste dans un endroit seulement un très court instant. Précisons encore qu'en tchèque, la veille de Noël se dit « štědrý den » ou « štědrý večer », soit « Jour généreux » ou « Soirée généreuse ».

Enfin, signalons encore cette très belle expression selon laquelle quelqu'un « a Bethléem à la maison » - « mít doma betlém ». Une formule qui indique que le quelqu'un ou plutôt le couple en question a beaucoup d'enfants chez lui. Mais une expression qui vaut surtout la peine d'être relevée pour expliquer que dans le langage parlé, les Tchèques emploient souvent le mot « betlém » pour désigner la crèche dans laquelle l'enfant Jésus fut placé à sa naissance, dans une étable de Bethléem. Précisons tout de même encore que la langue tchèque possède également le mot « jesličky », soit « petite crèche », pour désigner la crèche de Noël. « Jesličky » est en fait un diminutif de « jesle » - « crèche » ou « pouponnière », à savoir l'établissement recevant la journée des enfants de moins de trois ans. Bref, « avoir Bethléem à la maison » signifie avoir beaucoup d'enfants en bas âge chez soi.

C'est donc sur cette très belle image que prend fin ce « Tchèque du bout de la langue » consacré à Noël - Vánoce, fête religieuse dont on oublie parfois le sens, mais qui n'en reste pas moins un moment privilégie pour la famille et les enfants. Nous vous souhaitons donc un joyeux Noël - Veselé Vánoce, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !