La Tchéquie dans le contexte de l'Europe centrale, à la lumière de la presse
Plusieurs articles qui sont apparus ces derniers jours dans la presse tchèque, se penchent sur la Tchéquie dans le contexte de l'Europe centrale et sur certains risques qu'elle affronte.
«En parlant en Occident d'une vague de populisme dans les nouveaux pays membres, on veut dire que le populisme commence à prédominer dans les comportements politiques de certaines élites. Les populistes sont représentés dans nombre de gouvernements, ils ont une forte influence au sein des parlements. »
Selon l'auteur, qui travaille comme rédacteur en chef de la revue l'Europe centrale, il existe dans la région en question deux sortes de populismes : nationaliste et social. Dans tel ou tel pays prévaut l'un des deux types pour être remplacé, tôt ou tard, par l'autre. Il l'illustre sur le modèle tchèque :
« Si, récemment encore, le populisme nationaliste prédominait, aujourd'hui, il a tendance à céder au populisme d'ordre social. La situation est bien différente en Hongrie où les deux types de populisme se côtoient ».
Il écrit plus loin que le populisme est alimenté par la lassitude et la déception d'une partie de la population par la politique et, aussi, par son incapacité de s'orienter dans la complexité des problèmes du monde d'aujourd'hui et par l'impossibilité de les comprendre.
Le populisme serait, aussi, une conséquence de l'échec de certaines élites politiques qui ont du mal à affronter les enjeux de la société moderne et qui, de peur de perdre leurs postes, n'ont pas assez de courage pour réaliser les réformes nécessaires.
« Une politique de faits qui ose défier les opinions majoritaires, voilà ce qui est à l'opposé d'une politique populiste. La plupart des études évaluent cependant qu'une telle politique a de plus en plus mal à s'imposer », peut-on lire à la fin de l'article.« La même situation qu'en Hongrie ne se reproduira-t-elle pas chez nous ? ». La question est soulevée dans le même numéro du quotidien MfDnes en rapport avec les émeutes qui secouent Budapest. Son bien-fondé semble justifié par le fait que selon la Commission européenne, la République tchèque figure avec la Hongrie sur la liste des six pays de l'Union européenne dotés de finances d'Etat jugées à risque. Une grande dette de l'Etat et le vieillissement de la population - une réforme du système des retraites n'ayant toujours pas été réalisée, voire entamée - se présentent comme les principales causes de cet état de choses.
« La Tchéquie versus la Hongrie »... Le journal constate que, d'une manière générale, « la Hongrie qui était dans les années quatre-vingt-dix, un pays apprécié par les investisseurs étrangers, demeure plus pauvre que la Tchéquie, les salaires y étant plus bas, tandis que les prix demeurant les mêmes. » Et de comparer quatre critères économiques des deux pays.
« Les dettes... Il y a six ans, le déficit du budget de l'Etat en Hongrie a été inférieur à 3 % du PIB, comme en Tchéquie. Cette année, il est supérieur à 10%. En 2007, le déficit en Tchéquie serait supérieur à 4 % ».« Le niveau de vie : la Tchéquie atteint 78 % du niveau de vie moyen dans les Etats membres de l'Union européenne, tandis que la Hongrie n'atteint que 64 %... »
« Le chômage : en Hongrie, le taux de chômage se situe autour de 6%, tandis qu'en Tchéquie, il est de près de 8 % ».
« L'euro : La Hongrie envisage d'introduire l'euro en 2010, les économistes avançant la perspective de l'année 2014. La Tchéquie, quant à elle, a abandonné la perspective d'introduction de l'euro en 2010, la prolongeant à l'année suivante ».
« A la différence des Tchèques, les Hongrois se trouvent aujourd'hui dans une situation où ils peuvent voir les premières retombées pratiques de la politique populiste et gaspillarde de leur gouvernement. La monnaie hongroise et les actions font partie des plus menacées dans la région », peut-on lire dans les pages du quotidien MfD qui conclut :
« Pour le moment, la Tchéquie bénéficie d'un taux de croissance économique de 6 %. L'année prochaine pourtant, son rythme ralentira et l'évolution ultérieure dépendra du niveau de l'endettement de la caisse de l'Etat. Les réformes nécessaires ne sont qu'une promesse de politiciens... L'exemple hongrois ne doit pas donc être pris à la légère ; il doit servir d'avertissement. »
« Je suis de Prague. Et je suis d'Europe »... C'est sous ce titre que paraît dans la dernière édition de la revue trimestrielle Pritomnost (Présence) une interview avec Jana Hybaskova, eurodéputé tchèque. Citons en une partie dans laquelle elle définit les deux dimensions de l'Europe, de l'Union européenne.« La première dimension est la solidarité sociale. C'est sur cet élément que l'Union européenne a été constituée en vue d'empêcher les conflits sociaux qui ont abouti, dans les années trente, sur le fascisme et la guerre. Pour que ces crises ne se répètent plus jamais, il a fallu créer une communauté supranationale des Etats... Ce plan, élaboré pendant des décennies en Europe occidentale, n'y a jamais été démenti, tandis que l'ancien bloc de l'Est ne s'y identifie qu'avec beaucoup de difficultés. Quand on dit plan social ou socialisme, on est sur ses gardes... Nous, on est toujours ailleurs que la bonne vieille Europe occidentale. Il faut qu'on devienne plus adulte ».
Outre la stabileté économique et sécuritaire, Jana Hybaskova met en relief la dimension culturelle de l'Europe. Elle dit :
« Ces dernières années, je ne cesse de constater à quel point la culture et les arts européens sont uniques, combien la créativité européenne est inédite, formidable et commune à nous tous. C'est ce que l'on ne saurait trouver nulle part ailleurs... «