Le meurtre d'Anna Politkovskaïa vu par la presse tchèque
La presse tchèque a réagi à l'attentat contre la journaliste russe Anna Politkovskaïa assassinée samedi dernier dans sa maison à Moscou. Les médias et des hommes politiques mettent cet assassinat en relation avec les activités de la journaliste qui critiquait la politique russe et s'est faite connaître notamment par ses reportages de Tchétchénie.
Le Syndicat des journalistes tchèques a adressé une lettre ouverte à l'ambassadeur russe à Prague, Alexeï Fedotov. Les journalistes tchèques qualifient l'assassinat d'acte répugnant et condamnable. « Nous nous adressons à vous, en tant que représentant de la Fédération russe et vous demandons d'oeuvrer pour l'élucidation la plus complète de cet assassinat, pour la punition des coupables et pour la diffusion de l'entière vérité sur l'arrière-plan de cet attentat », lit-on dans la lettre.
Dans la presse tchèque on trouve aussi plusieurs articles sur cette affaire rédigés par Petra Prochazkova, une journaliste qui, elle aussi, a travaillé en Tchétchénie. Elle brosse un portrait vivant d'Anna Politkovskaïa, journaliste qui a joué un rôle décisif dans la création de l'hebdomadaire russe Novaïa Gazeta, probablement le seul périodique russe qui s'occupe vraiment des droits de l'homme et critique la politique russe en Tchétchénie. Dans un article pour le journal Lidove noviny, Petra Prochazkova constate qu'Anna Politkovskaïa était plus âgée, mais aussi plus émotive et moins dure, mois habituée aux massacres que la majorité des reporters de guerre. Elle ne craignait pas d'être personnelle, d'être accusée d'hystérie et de manque d'objectivité. Elle a imposé un nouveau modèle de reportage, un modèle émotif, critique et subjectif qui a fini par être apprécié aussi par des professionnels et a rapporté à Anna Politkovskaïa de nombreux prix.Dans le journal Hospodarske noviny, le commentateur Adam Cerny souligne que l'affaire Politkovskaïa a attiré l'attention sur la situation en Tchétchénie et aussi sur les conditions dans lesquelles les journalistes sont obligés de travailler en Russie. Selon Adam Cerny, la liberté des médias russes et notamment de la télévision est bafouée et on oublie aujourd'hui qu'il y avait en Russie des stations de télévision qui osaient critiquer le Kremlin. A son avis, le meurtre de la journaliste incommode pose aux pays occidentaux la question fondamentale : comment traiter le pays qui aide les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme international et fournit à de nombreux pays européens des matières premières stratégiques, mais dont la situation intérieure est loin de la démocratie ?