Les réactions à l'agression du député communiste par des inconnus
Suite à l'aggression physique subie par le député et vice-président du Parti communiste de Bohême et de Moravie, Jiri Dolejs, et à son retour au parlement, le visage tuméfié, les réactions des hommes politiques et commentateurs fusent de toutes parts.
A quelques jours du 1er mai, fête du travail et traditionnel rendez-vous des membres et sympathisants du Parti communiste, l'agression du député Jiri Dolejs met un peu plus le parti controversé sous le feu des projecteurs. Ce mercredi, il a déclaré qu'à son sens cette attaque avait une connotation politique :
« Les auteurs de cette agression ont parlé des communistes en des termes que je ne tiens pas à répéter dans les médias. J'estime que les gens qui donnent des coups de pied à un homme couché à terre ne méritent pas qu'on leur accorde une quelconque attention et je veux croire qu'à l'avenir, il s'agira d'un cas unique. »
Le Parlement tchèque - à l'exception de deux députés de l'ODS - a condamné l'agression et exprimé son désaccord avec toute attaque physique liée aux convictions politiques, allant même jusqu'à parler de « méthodes fascisantes ». Lubomir Zaoralek, président de la Chambre des députés, et membre du parti social-démocrate, est en attente des résultats de l'enquête en cours :
« J'ai demandé des détails au ministre de l'Intérieur, M. Bublan. De ce que je sais pour l'heure, j'ai vraiment le sentiment qu'il s'agit d'une aggression à connotation politique. Si tel était le cas, je ne peux que la condamner de manière univoque. »
Mis en cause par les collègues communistes de Dolejs, les représentants d'iniciatives citoyennes qui prônent l'interdiction du parti, non-réformé après 1989, ont réfuté les accusations d'incitation à la violence. Petr Hrubes, l'organisateur du projet « Un T-shirt contre le communisme » où sous forme de concours, les gens pouvaient envoyer leur idée de slogan, a déclaré ne jamais avoir distribué un des T-shirts incriminés portant un appel au meurtre, comme l'affirme un député communiste particulièrement virulent.
Une chose est sûre, si les esprits s'échauffent et que l'événement fait tant parler de lui, ce n'est pas uniquement à cause de l'attaque en soi, ni même parce que Dolejs est un député, mais bien parce qu'il s'agit d'un membre du PC. Un membre d'ailleurs considéré comme plus réformiste que la majeure partie du « bloc dur » qui n'a, elle, jamais condamné les exactions commises par le régime d'avant la Révolution de velours.
Les représentants des associations anticommunistes se retrouvent paradoxalement dans une position inconfortable : ils condamnent le recours à la violence par principe et rappelent que leur combat contre le communisme, sous forme de happenings ou de manifestations diverses et pacifiques, s'appuie sur les violences exercées par le parti lui-même par le passé. Le journaliste Adam Drda, dans le journal économique Hospodarske noviny de ce jeudi se posait quelques questions devant la rapidité de réaction du Parlement : pourquoi parler d'acte « fascisant » ? Toute personne agressant autrui est-elle fasciste ? Et de regretter que toute l'affaire ait pris de telles proportions...
Ce n'est pas le premier cas où un homme politique se fait agresser. En ce qui concerne les membres du PC tchèque, le seul précédent avait été l'attaque, en 1992, du président du parti à l'époque.