Une partie des administrations tchèques célèbre le soulèvement tibétain de 1949

Photo: CTK

La journée de jeudi, 10 mars, a marqué le 52e anniversaire du soulèvement tibétain. Comme depuis plusieurs années déjà, la République tchèque a participé à cet événement à travers la campagne internationale « Un drapeau pour le Tibet ». Des drapeaux tibétains ont été hissés dans les mairies et les administrations régionales des villes et villages tchèques. Ces drapeaux sont censés symboliser le soutien à la lutte non-violente des Tibétains, à leurs droits et à la sauvegarde de leur identité nationale.

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La République tchèque célèbre l’événement « Un drapeau pour le Tibet » depuis 1996 en signe de solidarité avec le peuple tibétain. Cette célébration divise toutefois la classe politique tchèque. L’année passée, le drapeau tibétain n’avait pas été hissé au-dessus du Parlement, une bonne partie de la gauche, principalement des députés du Parti social-démocrate et du Parti communiste, ayant refusé cet acte symbolique. Cette année, le maire de Tábor, Jiří Fišer, du parti politique Tábor 2020, a été déçu par le résultat du vote du conseil municipal de sa ville qui a empêché le drapeau tibétain d’être hissé :

« Le vote en faveur de l’action ‘Un drapeau pour le Tibet’ n’est pas passé cette année, néanmoins avec l’aide de propriétaires privés, le drapeau tibétain flottera sur la place Jan Žižka. »

C’est effectivement ce qui s’est passé sur la place avec une cérémonie en présence des autorités. Une minute de silence a été respectée en mémoire des victimes de la répression chinoise. Ces actions symboliques en faveur de la cause tibétaine ne recueillent pas l’avis favorable de toute la classe politique et encore moins celui du Parti communiste. Le député Jiří Dolejš (KSČM) explique ses réticences :

Jiří Dolejš
« Les représentants des autorités ainsi que le Parlement ne devraient pas participer à ces actions lorsqu’il s’agit de se souvenir des événements au Tibet, ceci pour des raisons diplomatiques. Tous les pays du monde entretiennent des relations diplomatiques mais aussi des liens économiques avec la Chine. Tout le monde a le droit d’avoir un avis sur les droits de l’Homme sur le territoire chinois, mais je pense que le soutien ne doit pas être traduit sous cette forme. Il faut également rappeler que le Tibet ancien n’était pas un parangon de démocratie. Il était régi par une vieille forme de théocratie qui se nomme ’lamaïsme’. Les gens n’allaient pas mieux qu’aujourd’hui. Il est vrai que les années 1950 et 1960 ont été pénibles, mais il faut aussi reconnaître que les autorités actuelles s’affairent à améliorer la liberté religieuse ainsi que la reconnaissance des identités culturelles sur le territoire de la République populaire de Chine. »

Nous lui avons également demandé les raisons pour lesquelles la société tchèque est aussi sensible à la cause tibétaine :

« Il faut dire que la République tchèque, anciennement la République tchécoslovaque, entretient des liens de longue date avec la Chine. Juste après la proclamation de la République populaire de Chine nous les avons aidés à s’industrialiser. Nous avons eu de nombreux échanges, nous envoyions nos gens là-bas et les Chinois venaient étudier ou commercer chez nous. Nous avons donc des liens étroits depuis longtemps comme peut l’avoir la France avec le monde arabe. En ce qui concerne la question tibétaine, une partie de la population tchèque est très sensible au problème de la limitation des droits de l’Homme et au droit à l’autodétermination. Parfois l’opinion publique écoute des arguments qui ne sont pas nécessairement approfondis. »

Cette année, 391 villes et villages tchèques ont participé à l’opération « Un drapeau pour le Tibet », soit 27 de plus que l’année précédente.