Métissages : tout ce qu'on peut faire avec un bout de chiffon...
C'est bien l'art du textile, mais un art qui conjugue les techniques traditionnelles et la création contemporaine... Il est au coeur d'une exposition intitulée « Métissages » qui est à voir, depuis mercredi dernier, dans deux salles pragoises : au Musée des Arts décoratifs et à l'Institut français. Initiée par Yves Sabourin du ministère français de la Culture, elle rassemble une soixantaine d'oeuvres tissées, brodées, incrustées, en dentelle ou en tapisserie. Chacune d'entre elles est le fruit d'une collaboration d'un artiste plasticien (dont par exemple le couturier Christian Lacroix) avec un artisan ou un atelier artisanal. Ils s'intéressent tous au corps humain, à la sensualité, aux différentes facettes de la vie. Certaines oeuvres sont même porteuses d'un message politique, comme « Le keffieh » de Mona Hatoum. Yves Sabourin vous la présente :
« Mona Hatoum est une artiste libano-palestinienne. Elle vit entre Londres et Berlin. Son travail consiste à revendiquer l'état des femmes dans une culture musulmane, où la femme n'existe, pour ainsi dire, pas... Elle rêvait de montrer ce voile bédouin, exclusivement porté par les hommes, en lui donnant cette dimension d'étendard de la révolte. Car les applications de motifs qui sont traditionnellement faits en coton, elle les a transformées avec des applications de cheveux de femmes indiennes. C'est une culture, en Inde, de couper les cheveux pour différentes cérémonies. C'est tout à fait normal, donc il n'y pas d'aspect mortifaire dans ce propos. Il est question de montrer à l'homme que s'il devait remettre son foulard sur la tête, il ferait apparaître une des choses impies dans la culture islamique : les cheveux de la femme. C'est-à-dire que les motifs que vous pouvez voir en noir sur le voile, sont faits de cheveux de femmes. Ce projet a été réalisé par une classe d'élèves dans un lycée technique français, à Rochefort, où il y a, entre autres, deux classes de broderie.»
« Métissages » n'est pas une exposition concoctée spécialement pour Prague. Elle a déjà son histoire, comme l'explique Yves Sabourin :
« C'est vrai que l'exposition n'est pas nouvelle, mais dans les deux salles d'exposition à Prague, nous avons quand même six nouvelles pièces qui ont été produites dans le courant de l'année dernière et qui sont donc montrées pour la première fois à Prague. Nous en sommes à la 17e halte dans les villes importantes... importantes par rapport au pays étrangers, car tous les endroits, où l'exposition a été montrée sont importants. Nous avons exposé à San Francisco, à Lima, au Pérou, la Bolivie, Buenos Aires, Rio et nous avons fait quatre villes au Mexique l'année dernière. L'exposition a également circulé en France et nous allons continuer : l'année prochaine, nous irons en Asie du Sud-Est, avec Bangkok en Thaïlande, Manille aux Philippines et Yokohama au Japon. »
« Métissages », c'est jusqu'au 28 mai au Musée des Arts décoratifs de Prague et à l'Institut français.