Tchernobyl : le bilan tchèque, vingt ans après
Le 26 avril prochain, vingt ans s'écouleront depuis l'accident de la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl. A trois semaines de ce triste anniversaire, de nouvelles données scientifiques concernant les retombées de la catastrophe sur la Tchécoslovaquie d'alors ont été publiées. Surprise pour les non-initiés à la problématique : le degré de contamination du pays a été moins dramatique qu'on ne le croyait.
C'était un coup de chance incroyable, ont constaté les médecins, physiciens et historiens, réunis mercredi dernier au siège pragois de l'Académie des Sciences. Grâce à une météo favorable, les nuages hautement radioactifs qui survolaient l'Europe après la catastrophe, ont évité l'ancienne Tchécoslovaquie, affirment les experts. Il n'empêche qu'une contamination des sols ait été enregistrée immédiatement après l'accident. Mais... « Il a fallu qu'on se taise. Ce comportement des dirigeants politiques d'alors a été extrêmement irresponsable », s'indigne, aujourd'hui encore, le président de l'Académie des Sciences, Vaclav Paces, qui a étudié, en mai 1986, des échantillons de champignons, de feuilles et d'herbe récoltés dans des forêts tchèques. Au cours de ce séminaire consacré à l'affaire Tchernobyl, on s'est souvenu également du 1er mai 1986, où la population officiellement non avertie, mais déjà prise d'une panique silencieuse, devait, comme chaque année, célébrer la fête du Travail dans les rues, comme si de rien n'était.
Aujourd'hui, les démons de Tchernobyl ne restent plus tabou : selon l'embryologiste Miroslav Peterka, l'explosion de la centrale aurait eu, pour conséquence immédiate en Bohême et en Moravie, des avortements de plus de 400 foetus masculins, peu résistants à la radiation. D'autres statistiques démontrent une montée en flèche, après l'accident, du nombre d'IVG dans cette zone de non-dit qu'était la Tchécoslovaquie. Si certaines théories, comme celle du docteur Peterka, font encore objets de débats entre spécialistes tchèques, sur un point, ces derniers sont unanimes : il y a bien une leçon à tirer de Tchernobyl. Ecoutez Dana Drabova, directrice de l´Office national pour la sécurité nucléaire :
« Cet accident a eu un effet positif : l'attention qui est, depuis, accordée à la sécurité de tous les types de réacteurs, le souci de réduire au minimum la possibilité de défaillance technique et d'erreur humaine. Donc à présent, la probabilité qu'un tel accident se reproduise est vraiment très faible. »
Enfin, une exposition de 90 photographies, intitulée « Une prière pour Tchernobyl », a été ouverte, ce jeudi, à Prague, place Jungmannovo. Un flashback sur le drame, vingt ans après, à travers les objectifs de trois photographes tchèques de renom. C'est jusqu'au 6 mai prochain.