Violences conjugales : le silence est brisé
Renforcer les droits des victimes de violences conjugales - tel est le but d'une nouvelle législation, qui vient d'être adoptée par la Chambre des députés et signée par le président de la République. Dès 1er janvier prochain, la police pourra expulser l'agresseur, pour une période de dix jours, de l'appartement partagé avec la victime.
La ministre de l'Education, Petra Buzkova, une des plus belles femmes dans la politique tchèque, ainsi que Condoleeza Rice et Angela Merkel... on les a vues, les visages couverts de bleus, sur des hologrammes (c'est-à-dire des photos dont l'objet change suivant l'angle de vision), créées par le plasticien slovaque Radovan Cerevka. Une projection vidéo, montrant la lutte d'une femme avec un agresseur imaginaire. Les peintures d'une femme rom de Slovaquie, violée en Allemagne... Autant d'oeuvres qui ont été exposées, en mars, dans une station de métro à Prague. Cette campagne d'Amnesty International a voulu sensibiliser les Tchèques au phénomène qui était considéré, il y a quelques années encore, comme tabou. Laissons parler les statistiques : 13% des Tchèques avouent avoir été, au moins une fois dans leur vie, victimes de violences domestiques. Dans plus de 90% des cas, il s'agit de femmes, principalement âgés de 30 à 44 ans, toutes classes sociales confondues. Parmi celles qui s'adressent à l'association Rosa, l'une des plus actives sur le terrain, on trouve un nombre important de femmes enceintes ou en congé maternité. Les enfants sont témoins de tels actes de violence dans 85% des cas... Si, actuellement, les victimes de l'agression doivent quitter, elles-mêmes, leur domicile et trouver refuge dans une maison d'accueil par exemple, dès le début de l'année prochaine, c'est l'agresseur, en particulier celui qui aura attaqué son conjoint ou son proche à plusieurs reprises, qui pourra être expulsé de l'appartement par la police. La nouvelle loi définit également les compétences des centres d'aide aux personnes agressées. Par ailleurs, les organisations Acorus et proFem ont annoncé la mise en place de cours spéciaux, destinés aux femmes victimes de violences conjugales résidant à Prague et dans le centre du pays. Une occasion pour elles de briser leur isolement, de se réintégrer à la société.