Le mystère du réduit de l'historienne Jana Pasakova
En Bohême il n'y a pas que les ruines de vieux châteaux, des fontaines perdues dans les profondeurs des forêts où les belles dryades viennent danser au clair de lune, les monts et montagnes mystérieuses ou intéressantes. Un simple réduit peut également s'avérer être un endroit intéressant et un peu spécial. Il s'agit du réduit dans la cuisine de l'appartement du célèbre historien Tomas Pasak, décédé en 1995.
Dans ses recherches Tomas Pasak s'est concentré surtout sur la période de la Deuxième Guerre mondiale, donc évidemment également sur la personnalité du général A. Elias. A ce sujet il a publié un grand nombre d'ouvrage très précis car ses recherches étaient non seulement minutieuse mais il a personnellement contacté les témoins de l'époque. Parmi d'autres madame Jaroslava Eliasova. Et c'est donc dans le petit réduit dans la cuisine de l'historien que reposaient sur une étagère pendant vingt cinq ans, de pair avec livres et journaux, les urnes cinéraires du général Alois Elias et de sa femme Jaroslava, née Kosakova. Le général Alois Elias était une personnalité des plus importantes de la Deuxième Guerre mondiale. Il était Premier ministre du gouvernement du protectorat de Bohême-Moravie et l'un des initiateurs principaux de la résistance du pays et militaire contre les occupants fascistes. Le 19 juin 1942 il a été exécuté par les nazis pour haute trahison et assistance à l'ennemi. Que s'est - il donc passé après l'exécution et l'incinération du général ? L'historienne Jana Pasakova, femme de l'historien Tomas Pasak, qui connaissait personnellement la femme du général depuis 1963, nous donne la réponse.
Le 27 septembre 1946 madame Eliasova, accompagnée de Heliodor Pika, est entrée en possession de l'urne cinéraire qui lui a été officiellement remise par les employés des pompes funèbres. L'incinération a été effectuée sous la surveillance des agents de la GESTAPO. Conformément à l'ordre de la police nazie de l'état, l'urne a été déposée au crématoire de Strasnice où elle est restée pendant quatre ans et demi.
Ensuite, la femme du général A. Elias a placé l'urne contenant les cendres de son mari dans le salon de leur villa somptueuse. Mais à titre officiel le général est enterré au cimetière situé près de la ville Caslav en Bohême centrale. C'est précisément en cet endroit que se trouve la tombe des parents de madame Eliasova. Le nom du général est gravé sur la tombe alors que jusqu'à présent l'urne ne s'y trouve pas. Les combattants antifascistes déposaient alors chaque année, en présence de madame Eliasova et du couple des historiens Pasak, des couronnes ornées de tricolores au pied de la tombe tout en sachant que l'urne du général était ailleurs. Le nom du général A. Elias est également gravé sur la tombe de ses parents au cimetière de Vinohrady à Prague. Les gens déposaient également des couronnes au pied de cette tombe estimant que le général y était enterré. Cela paraît sans logique mais il y en a tout de même une toute simple. Il est fort probable que les dirigeants communistes auraient détruit l'urne contenant les cendres du général, vu que après le coup d'état de 1948 il a été déclaré personne indésirable.
Madame Pasakova comment se fait-il que l'urne du général et de sa femme ont trouvé refuge dans votre réduit ?
L'urne cinéraire nous a été remise par madame Eliasova avant son départ à l'hôpital. Elle nous a dit : Prenez cette urne chez vous. Nous pensions qu'elle reviendrait bientôt mais au bout de quelques jours nous avons reçu un télégramme nous informant de son décès. Donc l'urne que nous avons provisoirement rangée dans le réduit dans notre cuisine, y est restée pendant vingt cinq ans.
Il y a juste quelques semaines, le lieutenant-colonel Stehlik est venu chercher quelques documents et photographies qui sont en possession de madame Pasakova pour les placer dans les archives de l'Institut historique militaire . Tout en parlant, la question des urnes fut abordée. Le lieutenant-colonel qui jusque là ignorait la présence des urnes dans le réduit de la cuisine est venu le jour suivant avec un sac à dos pour les ramener également à l'Institut historique militaire. Actuellement, les urnes se trouvent donc à l'Institut et il paraît que les obsèques officielles devraient avoir lieu au mois de mai ou au mois de juin en présence du Premier ministre Jiri Paroubek et d'autres personnalités importantes.