Lubos Kropacek : la publication des caricatures n'est pas une bonne chose
Même si « la liberté de la presse » est souvent évoquée en rapport avec la publication des caricatures de Mahomet, dans la presse de plusieurs pays, le chef de la diplomatie tchèque, Cyril Svoboda, estime qu'il s'agit là d'« un phénomène plus profond ». Pour le professeur Lubos Kropacek, spécialiste des études arabes à l'Université Charles, la liberté incriminée est pourtant l'un des points clés dans cette affaire. Des propos retenus par Alena Gebertova.
« Je pense que c'était malheureux que les Danois, c'est-à-dire un journal danois qui a plus ou moins initié tout ça en publiant les caricatures, n'a pas fait une bonne chose. Je suis convaincu qu'on doit parler ou faire des croquis seulement dans le sens qui sert de bons rapports entre les gens et en ce qui concerne les caricatures de Mohamet, chacun pouvait savoir dès le début que ça pourrait avoir des conséquences telles que nous avons vues et espérons que ça va se terminer bientôt, parce que ça ne sert à rien de positif... En fait, qu'est-ce que cela veut dire la liberté. Jean-Paul Sartre a toujours parlé de la liberté dans le sens d'un comportement qui doit s'engager pour quelque chose. Je ne suis pas existentialiste, je ne suis pas d'accord avec tout ce que Jean-Paul Sartre disait, mais de toute façon, la liberté, pour moi, c'est d'agir bien pour des buts qui servent l'humanité et les bons rapports entre les gens. Publier les caricatures qui se moquent des valeurs sacrées d'une autre religion, ça ne peut jamais être perçu comme une liberté positive. C'est l'abus de la liberté... D'après les lettres écrites par les gens qui veulent exprimer leurs opinions dans les journaux tchèques, on peut noter qu'il y a une grande différence d'opinions parmi les Tchèques. Il y a ceux qui insistent sur le mot liberté et sur le droit des Européens d'agir en liberté, et il y a d'autres comme moi qui disent - oui bien sûr, mais la liberté doit servir à quelque chose qui est positif et qui est bon et ce n'est pas le cas si l'on se moque du prophète d'une autre religion ».