Quelles chances pour les enfants surdoués ?
Selon le récent rapport de l'Inspection académique tchèque, un établissement scolaire sur vingt-cinq met en place un enseignement spécifique et de qualité réservé aux enfants surdoués. En même temps, l'association civique Skola detem (L'école pour les enfants) se bat, depuis plusieurs années, pour la fondation de toute une école spéciale, destinée aux enfants intellectuellement précoces. Mais est-elle vraiment indispensable ? Et quel est, en fait, cet enseignement spécifique, dont il est question ?
Précisons que l'Inspection académique a examiné la situation dans 715 écoles primaires et secondaires dans le pays. Elle s'est intéressée à la diversité du choix des matières en option et à d'autres formes d'enseignement élargi. La conclusion est que 4% de toutes les écoles tchèques s'occupent des enfants surdoués d'une manière exemplaire. Les autres déploient des efforts, mais elles pourraient faire mieux. Dans certains établissements, par exemple à l'école primaire Maj de Ceske Budejovice, il existe, depuis peu de temps, il est vrai, des classes spéciales d'enfants talentueux. Or, le ministère de l'Education refuse d'autoriser la mise en place d'une école réservée uniquement aux futurs Einstein, Picasso ou Mozart. Qu'en pense Martin Sevcik, directeur de l'Ecole primaire et secondaire Londynska, à Prague, réputé pour la qualité de son enseignement ?
« Personnellement, je ne pense pas que fonder des écoles ou des classes spéciales soit une solution idéale. Je crois que les écoles devraient être fréquentées par tous les enfants sans exception, qu'ils soient talentueux ou qu'ils aient un handicap quelconque. Cela devrait être la devise et la base du système scolaire tchèque en tant que tel, car l'exclusion des individus de la vie normale, ce pays l'a vécue pendant longtemps. Et aussi, vous aurez du mal à trouver même trois ou quatre enfants qui se distinguent par le même talent. Donc, on en arrive à une classe composée d'individualités qui ne formeront jamais un groupe homogène, qui ne sauront pas travailler en groupe. Et ça pourra poser réellement des problèmes aux enseignants. »
Plus de 40 matières en option, l'enseignement approfondi de l'anglais et de l'espagnol, une évaluation orale à la place des notes, des programmes scolaires élaborés par l'école elle-même - voilà, en gros, les spécificités de l'Ecole primaire et du collège Londynska, à Prague 2. Comment travaille-t-elle avec les enfants surdoués ? Martin Sevcik :
« Nous appliquons une approche individuelle envers chaque enfant talentueux. Individuelle veut dire qu'elle varie d'un cas à l'autre. Nous autorisons par exemple un passage anticipé en une classe supérieure, mais pour l'instant, cela n'a été permis qu'à 2 de nos 500 élèves. Plus fréquemment, nous proposons à ces enfants des programmes d'enseignement individuels qui leurs permettent de s'épanouir dans les domaines où ils font preuve de grandes aptitudes. Mais en aucun cas, ces enfants ne peuvent être mis à l'écart des autres. D'autant plus que, très souvent, il leur manque des aptitudes sociales, une certaine facilité de communication avec leur entourage. »
L'opinion de Martin Sevcik, directeur de l'Ecole pragoise Londynska.