Doo wop, un espoir dans la vie...
« Les poupées russes », avec Romain Duris, sortiront sur les écrans tchèques en mars prochain, ainsi qu'un autre nouveau film, projeté en avant-première au Festival du film français. Il s'agit de « Doo wop », le premier long métrage du jeune cinéaste et musicien David Lanzmann, avec Mikaël Fitoussi dans le rôle principal de Ziggy - un grand brun sans le sou qui essaye de percer comme manager d'un groupe de funk. Un road movie avec, en seconds rôles, Paris et la musique... aussi celle du groupe de David Lanzmann, Les chaussettes sales. On l'écoute :
« En fait, tout partait d'un personnage, Ziggy, de l'envie de raconter son histoire. Cette envie, c'était prendre quelqu'un aujourd'hui, en l'an 2000, qui est une période où les gens sont très ambitieux, veulent réussir, aller très haut... Lui, c'est un mec qui d'un seul coup est un peu à contre-courant, il a une certaine insouciance. Il a le même rêve, mais pas du tout la même méthode. C'est un personnage contre son temps qui part à l'aventure. Bon, il va payer un peu... Nous avons voulu rendre hommage à ce type de personnes qui finalement évoluent assez purement, je trouve. »
On fait souvent un parallèle entre votre film et « A bout de souffle » de Jean-Luc Godard, qui est aussi projeté, en avant-première, à ce Festival, car il ressort en République tchèque sur des copies neuves...
D.L. : « Cela me fait très plaisir qu''A bout de souffle' ressorte, dans ce pays. Et le fait qu'il soit au Festival en même temps que nous, j'en suis fier. »
M.F. : « Oui... Mais c'est 'A bout de souffle' comme beaucoup d'autres films... C'est étonnant d'ailleurs parce que nous n'avons jamais parlé de ce film entre nous. On l'aime, mais de toute façon, on est habité par plein de références communes. Il y avait surtout cette liberté dans 'A bout de souffle' que nous avons, nous aussi dans ce film. C'est rare de voir des films aussi culottés que 'Doo wop', qui ne sont pas formatés, où il n'y a pas de diktat du clip vidéo... Sinon, je trouve qu''A bout de souffle' est quand même loin de 'Doo wop', autant par le propos que par le filmage. Ce qui rapproche ces deux films, c'est donc l'image de la liberté et puis la caméra qui se balade, avec des sons vivants de la rue. »
D.L. : « Je précise qu'aujourd'hui, quand on vois une scène de voiture au cinéma, on n'entend pas le moteur. Eh bien nous avons mis le moteur. Les gens ne sont plus trop habitués à ça. Et là, ils ont peut-être l'impression de revoir Godard. C'est vrai que lui, il a fait du son de la rue un vrai habillage, un vrai univers et on a voulu le refaire. »
Qu'est-ce que le « doo wop », en fait ?
D.L. : « C'est... (il chante) C'est une musique des années 50, des Afro-américains, qui vient après la Seconde Guerre mondiale comme un espoir dans la vie. Même si c'était le début de la Guerre froide, il y avait quelque chose de neuf dans la vie. C'est une musique assez insouciante, poétique, romantique, qui raconte l'amour et qui s'est déclinée sous des dizaines de groupes. Elle a disparu quand quelque chose de plus dur, de plus violent est arrivé, à savoir le rock and roll. Comme la musique reflète la société, le doo wop reflétait une époque finalement assez légère. Je vais vous jouer au piano un morceau de nous qui est dans le film... »