Retour de Xavier : « Un personnage ne disparaît pas avec un film, il évolue dans un inconscient », dit Romain Duris

Romain Duris, photo: fff.volny.cz

Acteur-fétiche du réalisateur Cédric Klapisch, il a joué notamment dans ses films «Le Péril jeune », « Chacun cherche son chat » ou dans « L'Auberge espagnole ». On l'a vu dans « Gadjo Dilo » et « Exils » de Tony Gatlif, il a été Arsène Lupin et, tout récemment, il a brillé dans « De battre mon coeur s'est arrêté » - une histoire de Tom, un agent immobilier qui se lance dans le jeu du piano, pour s'émanciper de son père et retrouver l'univers de sa mère décédée. Romain Duris est venu fin novembre à Prague, pour présenter en avant-première, dans le cadre du 8e Festival du film français, « Les poupées russes », la suite des aventures de Xavier et de ses copains de « L'Auberge espagnole ».

Sourire charmeur, comme Xavier, mais visiblement moins désordonné dans la vie que son héros... telle est l'image que la star du cinéma français a laissée à Prague.

Il paraît qu'au départ, vous n'aviez pas voulu faire de cinéma. Vous avez fait du dessin, n'est-ce pas ?

R.D.: « Oui, voilà. J'étais dans une école de peinture, mais je ne savais pas encore dans quel domaine je voulais gagner mon argent, parce qu'il n'est pas facile de gagner sa vie avec la peinture... Je voulais me consacrer à l'illustration, j'ai pensé faire des livres pour enfants et à côté de ça, faire de la peinture libre. »

Vous avez complètement abandonné la peinture et le dessin ?

« Un peu, oui. Parce que j'ai trouvé une autre façon de m'exprimer. J'espère qu'un jour, ça va revenir, mais aujourd'hui, quand je fais un dessin, ça m'énerve, j'ai envie de le jeter à la poubelle ! Pour l'instant, c'est en stand by... »

Vous avez débuté au cinéma avec Cédric Klapisch, c'était un hasard ?

« Un pur hasard ! On s'est croisé dans la rue avec le directeur de casting, qui faisait à l'époque un casting qu'on dit 'sauvage', c'est-à-dire qu'on cherche des têtes dans la rue. Je me rappelle avoir eu très peur, parce que ce film, 'Le Péril jeune', ne devait pas sortir au cinéma, seulement à la télé. Moi, je n'avais pas de télé chez moi, je trouvais la télé française moche et vulgaire. Donc j'avais peur de tomber dans un endroit où j'allais être mal à l'aise. Mais finalement c'est en rencontrant Klapisch, humainement, que j'ai eu confiance et j'ai pu complètement me lâcher. J'ai compris qu'il y avait une idée de cinéma derrière. »

Pour vous, « Les poupées russes », c'est plutôt un film sur les problèmes de coeur ou, justement, une caricature du monde actuel, où de jeunes starlettes sortent leurs mémoires et où des écrivains de talents sont obligés d'écrire des scénarios des soap-opéras, pour gagner leur vie ?

« Je pense qu'il y a tout ça. Ça parle un peu de notre époque, mais tout cela est mêlé dans une histoire d'amour. C'est ce que j'aime chez Klapisch : ce n'est jamais du premier degrés, ce n'est jamais 'que'... Il ne dit jamais une seule chose. »

Il est intéressant pour un acteur de revenir, après plusieurs années, sur un même personnage ?

« Oui. Je pense qu'un personnage ne disparaît pas avec un film, il évolue quelque part, dans un inconscient. Du coup, le faire revivre au cinéma, c'est comme une deuxième chance. Il y a quelque chose de très gratifiant pour nous. »

La crise de la trentaine, vous connaissez ?

« Non, je ne pense pas que c'est une crise. Enfin, ce n'est pas mon cas, moi, j'ai la chance d'avoir trouvé quelque chose qui me tient à coeur et de faire ce métier depuis un certain temps. Je sens moins une rupture avec quelque chose, j'ai l'impression d'avoir un chemin qui se déroule...c'est une évolution permanente. Ce que Cédric Klapisch montre dans son film, je pense, c'est une génération de personnes qui sont amenés à être de jeunes adultes ou de vieux adolescents, qui ne peuvent plus vivre avec leurs rêves et sont obliger de les concrétiser. C'est ce qui se passe à la trentaine, ce qu'on peut appeler 'une crise de la trentaine'. Mais je trouve que ce terme est vraiment à prendre avec des pincettes... »

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

« Je vais faire un film d'époque sur la vie de Molière. J'aime bien ça, j'aime porter le costume... »

Moilère vous est proche, en tant que personne ?

« Je ne sais pas encore. Je connais mal Molière, donc pour l'instant, je lis des biographies sur lui... Je vais voir, mais sûrement, quelque part, je vais le trouver proche au final. »

Auteur: Magdalena Segertová
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