Vestiges du passé et réalités contemporaines seize ans après la Révolution de velours

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Certaines reliques du passé communiste sont encore présentes à Prague, ou un peu partout en République tchèque, que ce soit des statues ou des personnages, bien en chair et en os, seize années après la chute du communisme dans l'ancienne Tchécoslovaquie. La presse tchèque, s'y est intéressée.

Dans le quotidien Mlada fronta Dnes, par exemple, on trouve dans un article consacré à l'anniversaire de la Révolution de velours, des information très intéressantes : des centaines de rues ont changé de nom, les statues des grandes personnalités de l'ère communiste ont été déboulonnées, les stations du métro pragois construit sous la direction de l'Union soviétique ont changé d'appellation. Pourtant, anachronisme certain, la station de métro du quartier de Smichov, dans le cinquième arrondissement de Prague, ne se nomme plus, certes, Moskovska, (donc Moscovite) mais Andel (Ange), alors que sur la décoration des couloirs on peut toujours voir l'inscription en capitales, Moskva - Praha. Non loin d'une autre station du métro pragois, se dresse toujours la statue d'un « bâtisseur du socialisme ». Pourquoi ? Parce que, tout simplement, personne n'a demandé sa destruction, à la différence d'autres statues des personnalités du régime totalitaire.

Les statues ont disparues, les rues ont changé d'appellation, mais le quotidien Mlada fronta Dnes fait un inventaire du présent de certains membres de l'ancienne nomenklatura communiste. Que font-ils ? Titre de l'article : Ils bénéficient de confortables retraites ou bien sont dans les affaires. En effet, les membres haut placés de l'ancienne direction communiste tchécoslovaque étaient, en grande partie, des personnes assez âgées. Aujourd'hui à la retraite, ils bénéficient de retraites bien supérieures à la moyenne tchèque (leurs salaires étaient même de dix fois supérieurs au salaire moyen). En général, aucun d'entre eux n'a été condamné pour les sévices causés aux populations tchèque ou slovaque, pendant les plus de quarante années du régime totalitaire régnant sur l'ancienne Tchécoslovaquie. Un membre notoire de la nomenklatura communiste d'avant 1989, Miroslav Stepan, chef des communistes pragois, a été condamné à une peine de prison pour avoir commandé l'intervention policière contre les étudiants, le 17 novembre 1989. Il n'a fait qu'un an de prison. Aujourd'hui, il dirige une société de conseil et ne cache pas qu'il est satisfait et exploite les contacts qu'il avait dans son passé communiste, ayant fait des études à Moscou. Même scénario pour Vasil Mohorita, le chef des jeunesses communistes avant 1989. Il est dans les affaires, comme Stepan, avec la Russie et les anciennes républiques de feu l'Union soviétique.

On constate que la grande majorité des anciens dirigeants communistes tchécoslovaques est à la retraite ou est décédée. Les autres, ceux qui étaient considérés comme la « jeune garde » se sont lancés dans les affaires, s'adaptant très facilement aux nouvelles conditions... Une adaptation que les politologues voient d'un très mauvais oeil. En effet, comme le rappelait récemment dans la presse, Alexander Vondra, ancien dissident, personnalité de la Révolution de velours, ancien ambassadeur tchèque aux Etats-Unis, beaucoup de problèmes actuels de la société tchèque sont les conséquences d'une adaptation trop profonde et trop facile des anciennes structures communistes à la réalité démocratique actuelle en Tchéquie. Ces structures restent, malheureusement, très présentes dans la vie de la société tchèque, seize années après la manifestation durement réprimée par le régime communiste, le 17 novembre 1989.