Le gouvernement prêt à investir dans la construction d'un mémorial à Lety

C'est une longue et triste histoire qui touche, semble-t-il, à sa fin. En 1940, les autorités du Protectorat de Bohême-Moravie avaient construit, dans la commune de Lety, près de Pisek, en Bohême du Sud, un camp de concentration destiné essentiellement à la population rom, tzigane, si vous voulez. Parmi les quelque 1300 personnes qui y ont été internées, plus de 300 ont péri. A l'emplacement de l'ancien camp a été implantée, sous le communisme, une porcherie industrielle. En 2005, elle est toujours en service...

Depuis la chute du régime, différentes organisations et associations de Roms ne cessent de militer pour sa démolition, mais aucun gouvernement n'a su ou n'a voulu trouver une solution adéquate, demandant, certes, un investissement financier non négligeable. Et alors, seuls des actes de piété et des messes à ciel ouvert qui se déroulaient régulièrement près d'un petit monument commémoratif, situé à un km de l'ancien camp, rappelaient les victimes de la guerre de Lety. L'affaire a fait couler beaucoup d'encre dans le pays et a même attiré l'attention du Parlement européen qui a appelé, en avril 2005, la représentation politique tchèque à fermer la porcherie.

Chose promise, chose due : le Premier ministre Jiri Paroubek vient même de faire de l'affaire Lety une des priorités de son cabinet jusqu'aux élections législatives de juin 2006. Le gouvernement est prêt a débloquer du budget de l'Etat pour l'année prochaine des dizaines de millions de couronnes, avec lesquels il rachèterait la porcherie en question à son propriétaire actuel, l'entreprise AGPI, et élèverait sur les lieux un mémorial. AGPI se dit d'accord, mais à condition qu'on lui propose un bâtiment convenable en échange. Alors que les associations rom se réjouissent de la décision du Premier ministre, le commissaire gouvernemental aux droits de l'homme, Svatopluk Karasek, chargé de la mise en oeuvre du projet, garde les pieds sur terre : à la différence du Premier ministre, il ne parle pas de dizaines, mais de centaines de millions de couronnes qu'il faudra investir dans la construction du futur mémorial de Lety...