Une forêt plantée à Lety pour rappeler la communauté rom disparue pendant la guerre
Un mémorial rappelant l’holocauste des Roms et des Sintis sous le Protectorat de Bohême-Moravie ouvrira ses portes le 3 février prochain sur le site de l’ancienne porcherie de Lety, dans les environs de la ville de Písek, en Bohême du Sud. La date de l’inauguration a été annoncée lundi par le Musée tchèque de la culture rom.
Une porcherie industrielle, en activité depuis le début des années 1970, sur le site d’un ancien camp de concentration : ce fut, en effet, la triste réalité pendant des décennies à Lety, à une centaine de kilomètres au sud de Prague. Les travaux de démolition de la ferme avaient été achevés à la fin de l’année dernière, l’État tchèque ayant racheté la porcherie en 2018 après plusieurs années de débats et controverses sur le sujet.
Avant cela, un mémorial provisoire avait été dévoilé à Lety par le président Václav Havel en 1995. Une cérémonie y est organisée chaque année par des associations pour rappeler la déportation de près de 500 Roms du camp de Lety vers le camp d’extermination d’Auschwitz. En mai dernier, Petr Pavel était le premier chef de l’Etat tchèque à participer à la commémoration depuis plus de 25 ans. Il avait alors rappelé :
« Le mémorial de Lety est un rappel des crimes commis contre les personnes emprisonnées dans ce camp de concentration, où plus de 1 300 hommes, femmes et enfants ont perdu leur liberté, leur dignité humaine et, dans de nombreux cas, leur vie. »
Le nouveau mémorial, géré par le Musée de la culture rom, comprendra une exposition intérieure permanente et un sentier à l’extérieur incitant à la réflexion et au recueillement. Lundi, différents représentants politiques et personnalités y ont symboliquement planté les premiers des près de 14 000 arbres qui, à l’avenir, formeront une forêt symbolisant la communauté rom disparue. Une occasion également d’observer une minute de silence en hommage au prince Karel Schwarzenberg, décédé samedi dernier, qui soutenait le projet de mémorial rom. C’est d’ailleurs du domaine de la famille Schwarzenberg que proviennent les plants de neuf espèces différentes d’arbres qui pousseront sur le site de l’ancien camp de concentration.
« J’espère qu’au fil des années, lorsque les arbres grandiront, la coexistence entre la population majoritaire et la minorité rom dans notre pays s’améliorera. C’est aussi cette idée qu’incarne le projet de cette forêt », a expliqué Jana Horváthová, directrice du Musée de la culture rom.
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Le mémorial permettra notamment de rappeler que, entre août 1942 et mai 1943, un peu plus de 1 300 Roms tchèques et moraves, dont plusieurs centaines d’enfants, ont été détenus dans le camp de Lety, souvent gardés par des douaniers tchèques. 327 prisonniers sont morts sur place tandis que plus de 500 autres y ont séjourné avant d’être transférés à Auschwitz. Jusqu’au début de la Deuxième Guerre mondiale, quelque 10 000 Roms vivaient en Tchécoslovaquie. Moins de 600 prisonniers roms du pays sont revenus des camps de concentration après la guerre.