Mon premier souvenir en couleur
A Prague et à Nîmes, des lycéens tchèques et français ont interrogé et filmé pendant un an d'anciens déportés, tchèques et français eux aussi. « Mon premier souvenir en couleur » est le titre du film qui est ainsi né et qui a été présenté, cette semaine, devant un auditoire ému, réuni dans la salle de cinéma de l'Institut français de Prague. Après la projection, l'initiatrice du projet, Mme Nadine Vicenzi, professeur d'histoire au lycée Alphone Daudet de Nîmes, s'est confiée à Alena Gebertova.
« Je suis arrivée à Nîmes voilà exactement deux ans et j'ai découvert la section tchèque du lycée Alphonse Daudet qui est pour nous une section d'excellence puisque nous avons chaque année une douzaine d'élèves, des jeunes filles qui entrent dans le lycée pour y passer trois années d'études. Pour moi, la fréquentation de ces élèves, c'était un peu la découverte de l'Europe centrale et de la République tchèque et leur excellence m'a séduite et j'ai eu l'idée de concevoir ce projet pour elles et avec elles. On était en 2004, la République tchèque allait entrer dans l'Union européenne et il m'a semblé que la meilleure façon de construire l'Europe c'était d'avoir des projets culturels, celui-ci en étant un, bien évidemment ».
On voit dans le film des lycéens tchèques et des lycéens français ; la proportion de leur participation, c'était un peu moitié, moitié ?
« Pas vraiment, parce le lycée Alphonse Daudet est un gros lycée, il y a mille élèves, les élèves tchèque ne sont que douze. Malgré cela, il y avait cinq élèves tchèques qui ont participé au projet, donc c'est une énorme proportion de la section tchèque qui a participé au projet. Elles l'ont fait avec leur histoire, avec leur talent, elles chantent, elles dessinent, et nous avons eu la chance à travers une des élèves tchèques, Linda, d'entrer en contact avec la communauté juive de Prague et de découvrir ce monde, cette communauté... L'adhésion a été absolument totale quand fin septembre de l'année 2004 j'ai proposé ce départ pour Prague sans savoir très bien où l'on allait, car ni moi, ni eux ne connaissions la République tchèque ni même Prague ou le camp de Terezin. L'enthousiasme a été extraordinaire tout de suite, on a eu envie de partir, parce que pour nous, l'Europe centrale est quelque chose de fort, on a des liens très forts avec la Tchécoslovaquie même si dans l'histoire, à un certain moment, les liens se sont rompus... l'enthousiasme a été très très fort et je pense qu'on le voit dans le film ».