Prague en pleine transformation

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Au cours des prochaines années, Prague connaîtra des transformations architectoniques et urbaines considérables. Métropole 2005 - 2010 : tel était le titre d'un supplément spécial d'une récente édition du quotidien Lidove noviny qui esquisse quelques nouveaux projets susceptibles de changer le visage de Prague.

Retour sur la principale place de Prague, la place Venceslas, de tramways qui l'ont quittée il y a une trentaine d'années. Obligation pour les automobilistes de payer pour accéder au centre-ville. Le panorama de Prague dominé par des gratte-ciel qui s'élèveront d'ici peu sur la plaine de Pankrac. Prolongation des lignes de métro déjà existantes. Tels sont quelques-uns des projets ambitieux que Prague voudrait réaliser au cours des prochaines années.

Selon le journal Lidove noviny, pratiquement tous les arrondissements de Prague subiront des modifications qui permettront à la capitale tchèque d'augmenter encore davantage son importance et son prestige. Son extension se fera notamment vers l'est, en rapport avec la construction d'un nouveau périphérique dans cette zone.

L'extension de la ville se traduira-t-elle par la disparition des quartiers HLM en préfabriqué, dans lesquels plus de 40% de la population pragoise habitent? Le journal répond à travers les propos d'un architecte réputé, Miroslav Suchy, qui estime que non, tout en insistant sur la nécessité pour ces quartiers de subir une revitalisation. Il s'agit là d'un avis qui est partagé par une grande partie des experts en la matière. Les autorités tchèques espèrent obtenir à cette fin des moyens des fonds de cohésion de l'Union européenne.

« Ces quartiers ont certains avantages : ils possèdent souvent de grands espaces verts servant au large public, ses habitants sont desservis par des transports en commun de qualité, ainsi que par des services et des équipements satisfaisants », dit l'architecte. Il va jusqu'à suggérer que certains quartiers périphériques puissent représenter, à l'avenir, ce que l'on appelle « la bonne adresse ».

Le maire de Prague, Pavel Bem, affirme que ce dont Prague a le plus besoin, c'est une meilleure infrastructure de ses transports. Il s'agit d'élargir et de rendre accessible le réseau des transports en commun - métro, tramways, bus - à l'ensemble des habitants de Prague et d'améliorer ainsi leur confort. L'important est aussi d'édifier parkings à Prague.

Les inondations dévastatrices qui ont frappé Prague en été 2002, et pas seulement Prague d'ailleurs, étant encore en vive mémoire, c'est aussi l'achèvement de la construction d'un système anti-inondations efficace, qui se présente comme l'une des priorités les plus proches de la municipalité.

« Prague sera plus conviviale », titre le quotidien Lidove noviny. La réhabilitation des parcs, l'édification de nouveaux centres multiculturels, d'aires sportives et de pistes cyclables, autant de démarches prévues en vue de rendre la vie des Pragois plus agréable.

L'édification d'une nouvelle bibliothèque sur l'esplanade de Letna - prétendument l'une des plus modernes à l'échelle mondiale - qui devrait être terminée en 2010, et la reconstruction du Musée national s'inscrivent dans cette perspective.

Le supplément de Lidove noviny publie également les résultats d'une enquête sur Prague d'aujourd'hui et de demain. Plusieurs experts répondent à la question de savoir ce qui leur plaît ou déplaît dans la Prague d'aujourd'hui.

Zdenek Lukes, architecte et historien d'art, dénonce que peu d'attention soit vouée aux détails qui, selon lui, sauraient pimenter l'atmosphère de la ville. S'agissant de la circulation automobile à Prague, il estime que sans la construction d'un périphérique, la situation sera bientôt intenable... On notera que l'architecte Lukes appartient au camp de ceux qui s'opposent avec virulence à l'idée d'organiser à Prague des Jeux olympiques d'été, idée qui est, en revanche, chère au maire de Prague. Pour le premier, elle s'inscrit dans des « projets mégalomanes que Prague devrait à tout prix éviter ».

« Je me plais à Prague. Comparé à l'époque totalitaire, c'est une ville très animée », déclare Milan Knizak, directeur de la Galerie nationale de Prague et de continuer. « En revanche, je n'aime pas que la Voie royale qui traverse le centre historique soit envahie par les touristes à tel point qu'elle évoque les manifestations du Premier mai du temps du communisme. Le marché s'adaptant aux besoins des touristes, on voit apparaître une structure commerciale qui ne profite guère aux habitants de Prague ». Pour Milan Knizak, les parties historiques de Prague deviennent tant bien que mal des « villages Potémkine » et c'est bien dommage.

Zdenek Lukes, directeur du Musée national, se félicite du fait que Prague possède de grands espaces verts et des parcs qui sont soignés et bien aménagés. La récente reconstruction du jardin Kinsky, dans le quartier de Smichov, représente pour lui un bel exemple de la sensibilisation des autorités à la sauvegarde du patrimoine municipal.

« Ce qui me déplaît en tout premier lieu, ce sont les villages satellites qui entourent Prague et qui représentent souvent une architecture de très mauvaise qualité », dit dans les pages du quotidien Lidove noviny Jiri Merger, vice-président de la Chambre tchèque des architectes. Il accueille, d'un autre côté, très favorablement le fait que des architectes étrangers - Gehry, Nouvel, Bofill ou Jiricna - viennent travailler à Prague, renouant ainsi avec la tradition que Prague cultivait depuis le Moyen Age déjà.