Srebrenica, dix ans après le massacre
Environ 50 000 personnes étaient rassemblées ce 11 juillet, dix ans après le l'assassinat de près de 8 000 musulmans de Bosnie, tous de sexe masculin, dans l'ancienne enclave serbe de Srebrenica. Quels en sont les échos dans la presse tchèque?
Le quotidien économique, Hospodarske noviny, qui le 11 juillet, a proposé à ses lecteurs un reportage de fond, une double-page détaillée, sur Srebrenica dix ans plus tard, se fait l'écho des travaux de la Commission internationale pour les personnes disparues qui abat un travail considérable pour reconstituer les corps et l'identité des personnes retrouvées dans les charniers. Mais il note cependant que « les membres de la Commission sont bosniaques, canadiens, américains et britanniques. Comme si par leur travail minutieux, ils tentaient de s'acquitter de la dette de la communauté internationale envers Srebrenica qu'elle a laissé tomber il y a dix ans. »
« Les musulmans de Bosnie n'ont eu droit a des excuses que de la part des représentants de l'Union européenne, dont les soldats n'ont pas empêché la tragédie », notait ce mardi le quotidien Lidové noviny ; quant à la responsabilité des Serbes, si tous les quotidiens soulignent la présence de Boris Tadic, le président serbe, Lidové noviny rapporte qu'il « s'est incliné devant les victimes innocentes. Mais leurs proches n'ont eu droit à aucun mot de repentance ni d'excuses. »
Mais, souligne le quotidien Hospodarske noviny, les habitants de Srebrenica, dont la majorité est aujourd'hui constituée de personnes âgées, « ne considèrent pas pour autant l'ONU et les grandes puissances occidentales d'un oeil bienveillant. Pour l'association des mères de Srebrenica, les Pays-bas, par exemple, qui avaient 500 casques bleus dans l'enclave, sont tout autant responsables du massacre que les Serbes. »C'est l'éditorialiste de Lidove noviny qui met cependant en perspective une tendance à « jeter la pierre » trop facilement aux Serbes, incapables de trouver des mots d'excuse dix ans après ». Dans le contexte actuel où le premier ministre Jiri Paroubek esquisse un tout premier geste envers les Allemands antifascistes des Sudètes, Lubos Palata rappelle que « même après 60 ans, nous, les Tchèques, n'avons même pas été capables de trouver la force d'une véritable expiation pour les atrocités commises lors de cette expulsion sauvage, un des chapitres les plus honteux de notre histoire. »