La Nuit des églises à la cathédrale Saint-Guy de Prague
A la différence d’autres événements, annulés cette année en raison de la pandémie de coronavirus, la 12e édition de la Nuit des églises (Noc kostelů) a bien lieu ce vendredi soir un peu partout en République tchèque. Plus de 1 100 églises, chapelles, monastères et autres lieux habituellement réservés à la prière ouvrent leurs portes à tous les visiteurs.
Au total quelque 4 000 événements sont proposés dans les différents lieux de culte : notamment des concerts, visites guidées, expositions, lectures et rencontres. La Nuit des églises se veut être une manifestation à la fois spirituelle et culturelle, destinée à tout un chacun, comme nous le raconte, à la cathédrale Saint-Guy, le cardinal et archevêque de Prague, Dominik Duka :
« Dans les églises, il ne faut pas beaucoup parler. Ce qui parle aux visiteurs, c’est déjà le lieu en tant que tel, les peintures et sculptures qu’on y trouve, ainsi que l’architecture de ces monuments et la musique qui y est jouée… Pendant la Nuit des églises, les gens peuvent, certes, aussi profiter du silence et des moments réservés à la prière. Ceux qui le souhaitent peuvent assister, dans notre cathédrale, à une visite guidée menée par un historien de l’art. »
La cathédrale Saint-Guy qui, depuis le château de Prague, domine fièrement la capitale, est plus qu’un simple édifice religieux. Officiellement dédiée à saint Guy, mais aussi aux saints Venceslas et Adalbert, patrons du pays, elle a une histoire intimement liée à celle de l’Etat et de la nation tchèque, comme le souligne le prêtre Jan Balík :
« Nous souhaitons que les gens qui viendront à la cathédrale le soir, un moment où elle est d’habitude déjà fermée, puissent surtout profiter de son ambiance exceptionnelle. Chaque année, nous leur proposons un concert de musique d’orgue. Nous allons d’ailleurs leur présenter le projet d’installation d’un nouvel orgue à la cathédrale qui devrait être réalisé la semaine prochaine. Des visites du clocher de la cathédrale figurent aussi au programme, de même qu’une exposition de clichés de photographes professionnels qui viennent régulièrement à la cathédrale pour documenter ce qui s’y passe tout au long de l’année liturgique. »
Cette 12e Nuit des églises, sera-t-elle différente par rapport aux éditions précédentes, en lien avec la crise sanitaire que la République tchèque vient de traverser ? Jan Balík :
« Nous serons peut-être contraints de réguler le nombre de visiteurs, étant donné que les rassemblements de plus de 500 personnes sont toujours interdits par les autorités. Dans les petites paroisses, ce ne sera pas le cas, mais dans la cathédrale, il se peut que les gens soient obligés d’attendre un peu à l’entrée. Ce qui a changé aussi, c’est la date de la manifestation. D’habitude, elle se déroule fin mai ou début juin, simultanément en Autriche, en Tchéquie et en Slovaquie. Cette fois-ci, on a dû décaler la date. »
La tradition de la Nuit des églises est née à Vienne, d’où elle s’est répandue dans d’autres villes européennes. En Tchéquie, elle s’est d’abord déroulée à Brno et à Plzeň, avant que Prague et d’autres villes ne s’y joignent à partir de 2010. La manifestation est devenue très prisée du grand public dans une République tchèque où la majorité des églises sont malheureusement fermées à l’exception des heures de célébration des offices religieux.
Parmi les monuments pragois traditionnellement les plus visités lors de cette nuit blanche ne figure cependant pas la cathédrale Saint-Guy, mais l’Eglise Saint-Thomas, dans le quartier de Malá Strana, avec presque 7 000 visiteurs en tout lors de l’édition 2019 de la Nuit des églises. Cette année, comme on s’y est habitué pendant le confinement, beaucoup d’événements qui auront lieu dans les différents lieux de culte pourront être suivis en ligne ou seront diffusés par la chaîne TV Noe.