Un oeil des médias sur la reprise de l’épidémie de coronavirus en Tchéquie
Le premier sujet de cette nouvelle revue de presse : le rebond de l’épidémie de coronavirus et la nomination d’un nouveau ministre de la Santé publique. Une comparaison de l’évolution en Biélorussie avec l’année 1989 est-elle trompeuse ? Réponse également dans ce magazine. La construction envisagée d’une nouvelle salle de concert à Prague est un autre sujet traité.
« Le nouveau ministre de la Santé Roman Prymula devrait dire clairement quelles sont les réelles menaces du Covid-19 et présenter des données exactes relatives aux sources de contamination ». C’est le titre d’un texte publié sur le site de l’hebdomadaire Respekt dans lequel on peut lire plus loin :
« Roman Prymula prétend ne pas être le ministre du Covid. Mais il se trompe, car il devrait être prioritairement un manager de l’épidémie, convoqué au dernier moment par une direction incapable. Trève de déclarations vagues, le temps est venu de prévoir des scénarios plus dramatiques que ceux qui ont été jusqu’ici soumis à la population. L’important est de l’informer de l’éventualité de voir des centaines de milliers ou des millions de personnes contaminées ou encore des milliers voire des dizaines de milliers de morts et que la mise en pratique d’une médecine de guerre n’est pas à exclure. »
L’auteur du texte dans Respekt rejette également l’argument de ceux qui affirment qu’ un nouveau « lockdown » (confinement) n’est plus possible, car « il n’est acceptable ni d’un point de vue éthique, ni d’un point de vue pratique ».
« Cela fait près de six mois que nous vivons avec le coronavirus qui n’est plus un nouveaux virus méconnu », écrit le commentateur du site aktualne.cz dont le ton n’est pas rassurant non plus :
« Nous avons cherché à combattre le coronavirus radicalement. Mais nous avons compris que même le confinement ne l’a pas fait disparaître. Dès lors, nous sommes contraints à vivre avec lui pour une période indéterminée. Or, la nouvelle normalité n’est pas ce qu’il y avait avant le mois de mars quand l’épidémie a commencé en Tchéquie mais ce que l’on voit actuellement, soit une vie avec le virus, organisée et la plus sûre possible. Les temps extraordinaires sont finis. La société doit alors apprendre à affronter cette ‘nouvelle normalité’. Il est évident que le Covid, c’est comme la peste dans le livre éponyme de Marcel Camus : soit il reste avec nous, soit il part un jour ».
Un commentateur du site echo24.cz porte pour sa part un regard critique sur la possible fermeture des écoles du secondaire :
« Ce serait une des mesures les plus strictes. Cela signifierait une paralysie de la vie sociale des enfants entre onze et dix-huit ans. On sait pourtant que ce sont des années formatives. Chaque journée passée hors de l’école signifie un immense déficit de connaissances et de capacités que toute jeune personne est censée acquérir et développer, tout comme une lourde perte de capital social. Autant de qualités qu’un enseignement à distance, aussi ingénieux soit-il, ne peut pas remplacer ».
« La fermeture des frontières ou une éventuelle interdiction de sortir n’est pas à l’ordre du jour » , peut-on lire dans un commentaire paru ce jeudi sur le site du quotidien économique Hospodářské noviny suite à la première conférence de presse du nouveau ministre de la Santé publique Roman Prymula. On peut lire plus loin :
« Les mesures de restriction concernant, par exemple, l’obligation de fermeture des restaurants, des bars et des clubs à 22 heures ou celle de réduction du nombre de personnes dans des rassemblements publics sont prévues pour deux semaines. Ce délai va expirer quelques jours seulement après la tenue des élections régionales et sénatoriales. A partir de là, le ministre de la Santé pourra être plus sévère, car il n’y aura plus rien pour le limiter. Au début, le coronavirus aurait pu donner une opportunité pour la transformation et une nouvelle structure de l’économie, orientée sur une meilleure éducation. Maintenant il paraît qu’il offre notamment une opportunité au nouveau chef de la santé ».
Les protestations biélorusses et l’année 1989 : une comparaison trompeuse
« Le courage des manifestants en Biélorussie est digne d’admiration, notamment parce que leurs activités ne s’inscrivent dans aucune vague en cours et ne marquent pas un tournant géopolitique ». C’est ce qu’estime un commentaire publié dans le quotidien Lidové noviny selon lequel la comparasion des protestations biélorusses avec la situation dans l’ancienne Tchécoslovaquie en 1989 est trompeuse. Une pratique à laquelle les médias en Tchéquie et ailleurs ont pourtant assez fréquemment recours. Il explique :
« Dans l’ancienne Tchécoslovaquie, il y avait à l’époque près d’un millier de dissidents et de contestataires actifs du régime communiste. En 1988 et 1989, quelque milliers de personnes seulement sortaient de temps à autre dans la rue pour participer à des manifestations. En ce qui concerne l’engagement des étudiants et des ouvriers avant novembre 1989, force est de constater qu’il était très faible pour ne pas dire nul. En fait, la Tchécoslovaquie a été le dernier pays, hors Roumanie et Albanie, où le régime est tombé. »
Le commentateur de Lidové noviny observe que les étudiants, les ouvriers, les gens simples, les mères de familles et beaucoup d’autres qui manifestent depuis deux mois en Biélorussie ne peuvent compter sur aucun soutien, sauf sur une solidarité verbale, et encore moins s’appuyer sur une « vague européenne. » « Ils s’y jettent à corps perdu, sans savoir pour autant comment les choses vont évoluer », souligne-t-il en conclusion.
Le journal en ligne Deník Referendum rapporte de son côté, toujours à propos de la Biélorusssie, que la Tchéquie déclare être prête à accueillir des étudiants biélorusses et à leur offrir des bourses. Et de situer ce constat dans un plus large contexte :
« Aussi désintéressée que cette aide de la part de la Tchéquie puisse paraître, il est évident que les étudiants peuvent constituer à l’avenir un important apport au développement de l’Etat et de la science tchèques. Il est tout aussi certain qu’ils pourraient un jour manquer à la Biélorussie. Ce sont justement les jeunes gens éduqués qui peuvent constituer une opposition réelle au régime de Loukachenko. Leur absence et la perte de leurs compétences risqueraient de détériorer la situation et d’affaiblir les perspectives de la Biélorussie ».
Prague en quête d’une nouvelle salle de concert
« Ce qui manque terriblement à Prague ». Tel est le titre d’un article publié dans le supplément Orientace du quotidien Lidové noviny de samedi dernier qui ouvre la série de textes sur les plus belles salles de concert du monde. Constatant que dans beaucoup de pays, celles-ci représentent les atouts majeurs de leurs capitales, son auteur se penche d’abord sur la situation à Prague. L’occasion de déplorer le fait que le Rodolphinum soit la dernière édification destinée à cette fin à avoir été réalisée dans la capitale tchèque, il y a déjà 140 ans :
« Certes, le Rodolphinum est un bâtiment remarquable qui accomplit sa mission et ce depuis de longues années, sauf pendant la Première république où il abritait La Chambre des députés. Toutefois, il ne répond plus, ni par son concept ni par son équipement, aux besoins des productions de concert modernes. Il est vrai que la capitale possède d’autres espaces de concert comme la salle Smetana de la Maison municipale ou encore le Centre des congrès, mais les deux sont polyfonctionnels, servant également à d’autres activités. »
L’engagement en vue de l’édificiation d’une nouvelle salle de concert à Prague déployé notamment par une association de musiciens et d’architectes semble désormais plus prometteur que jamais. Le commentateur du supplément Orientace fait part du consenus trouvé entre ses acteurs et la municipalité de Prague au sujet de l’endroit où le nouvel édifice devrait se trouver. C’est la rive gauche de la Vltava et le quartier de Holešovice qui ont été plébiscités. « Avant même d’être réalisé, le projet a acquis un joli nom : La Philharmonie de la Vltava », se félicite le commentateur.