Coronavirus : vers un reconfinement complet en Tchéquie

Roman Prymula, Karel Havlíček, Andrej Babiš, photo:  ČTK/Vít Šimánek

Ce mercredi sont entrées en vigueur de nouvelles mesures sanitaires qui rendent notamment obligatoire le port du masque en extérieur et en voiture. Mais les chiffres des contaminations au Covid-19 étant toujours à la hausse, le gouvernement tchèque a annoncé à la mi-journée que des restrictions supplémentaires allaient être imposées dès jeudi matin. 

La Tchéquie, pays de l’UE actuellement le plus touché par la pandémie, est de plus en plus reconfinée, avec la fermeture obligatoire dès jeudi à 6h de tous les commerces non essentiels et l’interdiction de se regrouper à plus de deux personnes en dehors du cercle familial.

Roman Prymula,  photo:  ČTK/Vít Šimánek

Prévue à 9h30 ce mercredi après réunion extraordinaire du cabinet ministériel (dont deux membres, les ministres de l'Intérieur et de l'Agriculture ont été infectés par le virus), la conférence de presse organisée pour annoncer les nouvelles restrictions s’est finalement tenue avec plus de trois heures de retard, avec d’abord les excuses du Premier ministre Andrej Babiš – qui avait fermement exclu de telles mesures auparavant – puis les explications du ministre de la Santé Roman Prymula :

« Malheureusement les mesures actuellement en vigueur n’ont pas permis de faire baisser le taux de reproduction du virus. Un autre paramètre particulièrement inquiétant concerne le taux de résultats positifs des tests de dépistage effectués. Ce taux est de plus de 30% aujourd’hui, donc près d’un tiers de l’ensemble des tests, ce qui signifie qu’un nombre énorme de personnes ont été contaminées au sein de la population. »

Actuellement, le taux de reproduction R0 est de 1,36 selon le ministre, qui précise que les mesures annoncées aujourd’hui resteront en vigueur à partir de jeudi matin « jusqu’à ce que ce taux soit redescendu à 0,8 et que le nombre de patients dans un état grave ait  baissé. »

La tendance continuait d’être à la hausse ces derniers jours malgré les mesures de reconfinement partiel déjà entrées en vigueur la semaine dernière, dont la fermeture de toutes les écoles, à partir du primaire et jusqu’aux universités.

Andrej Babiš,  photo:  ČTK/Vít Šimánek

S’agit-il d’un vrai reconfinement, d’un vrai ‘lockdown’ comme disent les Tchèques sur le modèle anglo-saxon ? Non, selon le Premier ministre tchèque :

« Selon moi, il ne s’agit pas d’un lockdown. Je ne sais pas, si on parle d’un lockdown comme en Israël où ils n’ont pas bien sûr la même économie… Nous avons fait appel aux entreprises et leur recommandons de privilégier le télétravail… »

Comme le premier confinement du printemps, ce ‘reconfinement’ sera quoiqu’il en soit une version moins stricte que ce qui a pu être mis en place dans des pays comme la France. Il n’a pas été question et il n’est toujours pas question  d’attestation de sortie avec des distances limites à parcourir ou de durée à ne pas dépasser.

Les autorités tchèques ont même insisté sur le fait que les promenades à l’air libre étaient recommandées. Comme au printemps, il n’est pas interdit de se rendre dans sa résidence secondaire. Par ailleurs, les écoles maternelles restent ouvertes - en tout cas leur fermeture n'a pas encore été envisagée.

Situation critique prévue en novembre dans les hôpitaux

Selon le ministre de la Santé, la situation devrait devenir particulièrement critique dans les hôpitaux du pays au cours de la deuxième semaine du mois de novembre.

L’hôpital de campagne est actuellement en train d’être mis en place à Prague,  Letňany,  photo: ČTK/Ondřej Deml

Un hôpital de campagne est actuellement en train d’être mis en place dans la banlieue de Prague, avec deux premières centaines de lits installées ce mercredi. La capacité doit passer à 500 lits d’ici à la fin de la semaine.

En parallèle au renforcement des capacités sanitaires, les autorités s’efforcent également de développer le système appelé « quarantaine intelligente » avec le traçage numérique via l’application eRouska mais aussi d’augmenter les capacités de dépistage.

Le gouvernement a par ailleurs indiqué qu’il allait faire appel à de l’aide de l’étranger, avec 28 médecins venus Etats-Unis et une coordination avec les Länder allemands voisins pour une prise en charge de patients en cas de besoin.