L’aviron, une discipline qui a le vent en poupe à Prague
« Skiff », « deux sans barreur » ou encore « quatre de couple » … Ces termes peuvent déconcerter, mais on comprend très vite de quoi il s’agit quand le mot « aviron » vient s’y ajouter. Ce sport olympique est traditionnellement très pratiqué en République tchèque avec une quarantaine de clubs répartis dans tout le pays.
Le Slavia Praha Rowing Club est l’un des cinq clubs d’aviron existants à Prague, et aussi l’un des plus anciens. Depuis 1885, plusieurs générations de Tchèques s’évertuent à fendre la Vltava à coups de rames. Le club compte autant d’hommes que de femmes licenciées, même s’il est davantage centré sur ces dernières.
Jan Malsa est entraîneur au Slavia Prague depuis plusieurs années. Pour cet ancien rameur de haut niveau, l’aviron est désormais un loisir.
« La médaillée d’or en skiff des Jeux olympiques de Londres en 2012, Mirka Knapková, est membre de notre club. »
« Nous comptons parmi nous également les championnes d’Europe du deux de couple, Kristýna Fleissnerová et Lenka Antošová, qui continuent de s’entraîner. Actuellement, elles sont les meilleures rameuses de notre club. D’ailleurs, nous nous concentrons principalement sur ces rameurs d’élite au niveau national. »
Discipline traditionnelle mais dure, l’aviron rencontre toujours un certain succès auprès des plus jeunes.
« Nous avons beaucoup de demandes d’adhésion d’enfants et d’étudiants. »
« C’est un sport populaire, mais, parce qu’il n’existe que quelques clubs à Prague, nous ne pouvons accueillir tout le monde. Des rameurs célèbres comme Ondřej Synek, qui n’est pas dans notre club, et Mirka Knapková ont contribué à la popularité de l’aviron en République tchèque. Il y a quelques semaines s’est tenue la 108e édition de la Primatorky (« Huit de couple du maire de Prague » en français), une course qui attire beaucoup de monde et qui est toujours retransmise à la télévision. »
Les cinq clubs de Prague s’entraînent sur la Vltava et le Slavia a la particularité d’être situé dans le centre-ville Prague puisqu’il fait face à la Maison dansante, juste à côté du pont Jirásek. Les rameurs naviguent à contre-courant sur huit kilomètres jusqu’au prochain barrage. Un entraînement éprouvant mais qui semble porter ses fruits.
Le principal avantage est que ce sport convient à tous les profils.
« Celui qui apprécoe l’aspect collectif du sport peut faire partie d’une équipe. A l’inverse, celui qui préfère l’aspect individuel peut ramer sur une embarcation en solitaire. En équipe, il est possible de ramer à quatre ou huit rameurs. Il y a une bonne mentalité et c’est très différent de se retrouver à bord d’une embarcation avec huit autres personnes dont le barreur. C’est un sport où l’amitié est importante, on doir pouvoir compter les uns sur les autres. C’est donc un sport à la fois collectif et individuel. »
L’aviron est un sport qu’il est possible de commencer à pratiquer à tout âge, mais il est de tout de même préfèrable d’être d’un naturel sportif. Les jeunes plutôt grands qui ont déjà pratiqué un autre sport d’endurance ont alors de bonnes prédispositions pour la discipline.
« On peut commencer à ramer à n’importe quel âge, c’est un des grands avantages de cette discipline. C’est un très bon sport qu’il est possible de pratiquer quotidiennement à Prague, même l’hiver. On est à l’air libre sur la Vltava, au cœur de la ville mais aussi en pleine nature. »
En observant la Vltava, on pourrait penser qu’elle est un lieu idéal pour la pratique de l’aviron, mais la réalité est plus complexe. De nombreux paramètres entrent en jeu : l’existence d’une ligne droite sur une distance importante, le courant…
« C’est un bon endroit pour l’aviron, oui, mais le meilleur reste le centre de Račice qui possède un bassin avec une ligne droite de 2 000 mètres. C’est parfait pour les courses. Il a accueilli par exemple les championnats d’Europe en 2017, où les filles ont décroché une médaille d’or. La Vltava est une rivière avec du courant, ce n’est pas le mieux pour l’aviron. En revanche, c’est un bon endroit pour s’entraîner. On peut y faire des allers-retours sur huit kilomètres. Elle est suffisamment large et forme une ligne presque droite. »
Les clubs d’aviron pragois doivent également composer avec un autre facteur dorénavant inhérent à la capitale tchèque : le tourisme.
« Durant la saison estivale, il est fréquent de rencontrer plus de monde sur la Vltava avec les pédalos et les bateaux à moteur, auxquels s’ajoutent les rameurs sur leurs embarcations, ce qui fait que c’est très encombré. »
Cette année, la saison a été une peu particulière. La raison ? Encore et toujours le coronavirus. Habituellement, à l’automne, les entraînements sur la Vltava prennent fin et ceux en salle sur les machines appelées « rameurs » prennent le relais. Cette fois, s’ils veulent continuer à ramer, les sportifs n’ont pas d’autre choix que de rester sur l’eau. L’aviron se prête bien au respect des mesures de distanciation sociale, puisque les embarcations mesurent dans les trois mètres. A cela s’ajoute la distance de sécurité entre elles lors des entraînements en groupe.
Le Slavia Prague n’a pas trop souffert des conséquences de la pandémie. En dépit de la fermeture de sa salle de sport, le club a même vu débarquer de nouveaux licenciés désireux de conserver une activité physique en période de confinement.
En temps normal, l’aviron est un sport dynamique en République tchèque et de nombreux évènements y sont consacrés. Certains ont été reportés comme la course « Head of Prague » qui devrait se dérouler en décembre prochain.