Les stations de montagne tchèques prises d’assaut malgré les restrictions accrues
Ce lundi a marqué le début des « jarní prázdniny », à savoir des « vacances de printemps » en République tchèque. Les élèves des établissements du primaire et du secondaire d’une quinzaine de districts tchèques, dont ceux de Liberec, Jihlava, Kladno ou Kolín, bénéficient d'une semaine de repos. Cinq autres semaines, pour les cinq autres zones de vacances du pays s’enchaîneront ensuite jusqu'à la mi-mars. Cette période habituellement très importante pour le secteur des sports d'hiver, est cette année fortement perturbée par la pandémie de coronavirus.
Toutes les familles tchèques, ou presque, ont dû repenser leurs projets pour ces vacances d’une semaine dites « de printemps », même si elles se déroulent en pleine saison hivernale.
Vendredi dernier, le gouvernement tchèque a rendu encore un peu plus strictes les mesures sanitaires instaurées il y a plus d’un mois pour endiguer la pandémie de coronavirus. Ces nouvelles restrictions ont notamment visé les stations de sports d’hiver qui bénéficient cette année d’un excellent enneigement et qui continuent d’accueillir du public même si les remontées mécaniques restent hors service depuis le 27 décembre. Désormais, les hôtels et autres lieux d’hébergement ne peuvent accueillir que les personnes en déplacement professionnel, seules, sans famille.
Ces dernières semaines, de nombreux Tchèques avaient pris l’habitude de passer leurs séjours de télétravail dans les stations de ski, avec leurs enfants. Ce samedi encore, la police a découvert à Harrachov, dans les monts de Krkonoše, un hôtel avec 70 clients et une remontée mécanique ouverte.
Ce lundi, les vacances ont commencé également dans la région des monts de Jeseníky, dans le nord-est du pays. Les hôteliers locaux, ainsi que les professionnels du tourisme en montagne attendent avec impatience l’assouplissement des mesures sanitaires. Mais pour l’heure, ce n’est qu’un espoir qui paraît encore lointain à Josef Sekula et Jakub Zakrzecki qui tiennent des hôtels à Lázně Lipová et Bobrovník :
« Ceux d’entre nous qui ont des économies peuvent encore survivre. Je ne pense pas que l’on pourra rouvrir en février. Je ne sais pas comment résoudre cette situation. »
« Pour le mois de février, nous avons un seul client qui est ici en séjour professionnel. Nous avons certes une aide de la part de l’Etat, mais cela ne nous aidera pas beaucoup. Ce dont nous avons besoin, c’est la fin du confinement qui nous permettra de rouvrir et de gagner nous-mêmes de l’argent. »
Si plusieurs centaines de touristes tchèques ont préféré se rendre dans les stations de ski en Bulgarie, où les pistes et les hôtels restent ouverts malgré la pandémie, d’autres prennent d’assaut, pendant les week-ends notamment, les montagnes tchèques, pour y faire de la randonnée, de la luge, du ski de fond ou même du ski de piste. Dans la région de Vysočina, au centre du pays, l’exploitant d’une remontée mécanique a trouvé une formule originale pour satisfaire les skieurs sans pour autant transgresser les règles sanitaires. On écoute Vladimír Cháb :
« Nous faisons remonter les skieurs à l’aide des scooters. Le nombre est limité à 15 personnes par groupe et ils doivent porter un masque et respecter la distanciation sociale. Selon les mesures sanitaires en vigueur depuis ce samedi, on ne peut faire remonter que deux personnes simultanément. Seules les familles font l’objet d’une exception. On peut alors faire remonter plus de deux personnes s’il s’agit des membres d’une famille. Dans ce cas, ils ont des signes distinctifs spéciaux pour que les chauffeurs des scooteurs puissent les reconnaître. »
Une activité qui n’est cependant pas rentable, selon Vladimír Cháb. Il compte malgré tout la poursuivre jusqu’à ce que les remontées classiques ne soient rouvertes, « ne serait-ce que maintenir un semblant d’activité », a-t-il confié à la Radio tchèque.