En Tchéquie aussi, des restrictions un peu plus strictes encore
Confronté à une nouvelle recrudescence du nombre de cas de contamination et à la menace grandissante du variant britannique du Covid-19, le gouvernement tchèque a renforcé plusieurs mesures de restriction. Mais dans un pays parmi les plus frappés par l’épidémie, où écoles, restaurants et la plupart des services sont de nouveau déjà fermés depuis plus d’un mois, la marge de manœuvre était limitée.
Les Tchèques avaient été prévenus. Jeudi soir, ils n’ont donc pas été surpris d’apprendre que de nouvelles restrictions seraient mises en place à comoter de ce samedi, alors que la courbe des infections, fidèle aux sinuosités observées depuis le début de la deuxième vague de l’épidémie à la sortie de l’été, est repartie à la hausse depuis le milieu de cette semaine. En ouverture de la conférence de presse au cours de laquelle le renforcement du confinement a été annoncé, le ministre de l’Intérieur et chef de la cellule interministérielle de crise Jan Hamáček s’est adressé aux Tchèques sur un ton presque d’excuse :
« Vous aviez peut-être le sentiment, ces derniers jours et semaines, que le débat allait plutôt dans le sens d’une ouverture des stations de ski ou d’une réouverture progressive des écoles. Que nous envisagieons, au contraire, de renforcer les restrictions a donc pu surprendre. Nous en sommes bien conscients et vous méritez des explications. L’épidémie évoluait favorablement ces deux dernières semaines. Les chiffres baissaient certes lentement, mais ils baissaient quand même. Nous pensions que nous nous rapprochions du moment où nous pourrions lever ou assouplir certaines mesures. Malheureusement, la tendance s’est inversée ces derniers jours et la situation se dégrade de nouveau. Dans l’état actuel des choses, nous ne pouvons pas nous permettre de sous-estimer cette évolution. »
Le renforcement des mesures en question, déjà appliquées il est vrai dans une forme très stricte depuis leur réinstauration le 27 décembre, n’est toutefois que très relatif. Car si le gouvernement a appelé les Tchèques à limiter au maximum leurs déplacements, ceux-ci ne font néanmoins toujours l’objet d’aucune restriction de distance. De même, bien que fortement recommandé, le port d’un masque FFP2 n’est pas devenu obligatoire dans les commerces et les transports en commun.
Ce renforcement concerne donc essentiellement les stations de montagne et les lieux d’hébergement, littérallement pris d’assaut ces dernières semaines et qui ont souvent été la scène d’une importante indiscipline et d’un non-respect des gestes barrière. Ainsi donc, si les Tchèques pourront continuer à se rendre dans leur résidence secondaire, seuls les membres d’une même famille pourront loger sous le même toit. Ce qui peut apparaître comme une évidence, ne l’était en effet pas.
Quant aux hôtels, pensions et autres, seules les personnes en déplacement professionnel et en possession d’une attestion dûment remplie par leur employeur seront désormais autorisées à y séjourner, sans plus pour cela être accompagnées d’une famille souvent étrangement à rallonge... Enfin, les remontées mécaniques, dont certaines continuaient malgré tout à tourner pour les randonneurs, resteront cette fois toutes bel et bien fermées.
Depuis dimanche dernier, les Tchèques savaient aussi déjà que la grande majorité des écoles, comme cela est le cas depuis la fin des vacances de Noël, et comme cela a déjà aussi été longtemps le cas au printemps et à l’automne derniers, resteraient fermées encore jusqu’à la mi-février. Au moins l’annonce faite par le ministre de l’Education, qui ne s'est pas aventuré à avancer une quelconque date de possible réouverture, a-t-elle eu le mérite d’être claire et de ne pas donner de faux espoirs.
Seules les écoles maternelles, les deux premières classes de l’enseignement primaire et les écoles dites spéciales, qui accueillent des élèves présentant différentes formes de handicap mental, continuent donc d’accueillir leurs élèves. Tous les autres enfants tchèques, et les étudiants, poursuivent l’année en mode enseignement à distance. Et si la lassitude et le ras-le-bol sont bien là, ces sentiments n’ont pas encore laissé place à la colère, comme en France dernièrement par exemple.
Plus palpable en revanche est la colère des propriétaires des bars et restaurants, des hôtels et autres lieux d’hébergement, et des stations de ski donc, d’autant plus que la neige est abondante dans les montagnes cet hiver. Mais malgré les compensations prévues, qui ne permettront de toute façon pas de compenser des pertes colossales, le choix du gouvernement est clair : ce n’est pas tout à fait un « tant pis pour eux », mais la priorité dans un pays qui apparaît depuis peu en zone rouge sombre sur la carte de l’Europe, est bien ailleurs.