En République tchèque, le dépistage Covid-19 désormais obligatoire dans les moyennes et grandes entreprises

Photo: ČTK/Kateřina Šulová

A compter de ce mercredi, un dépistage Covid-19 sera obligatoire en République tchèque dans les entreprises comptant plus de 250 employés. La décision a été prise, lundi, par le gouvernement après un débat une nouvelle fois très animé.

Les entreprises en question devront faire en sorte que tous leurs employés passent au moins un test d’ici le 12 mars. La mesure ne concernera cependant pas les employés en mode télétravail, qui en seront exemptés. Elle concernera en revanche également les entreprises possédant entre 50 et 249 employés à compter de ce vendredi. Elles aussi disposeront ensuite de dix jours pour tester l’ensemble de leur personnel. Au total, d’ici à deux semaines, quelque 2,1 millions d’employés d’environ 10 000 entreprises devraient ainsi être testés. L’Etat participera partiellement au financement de l’achat des tests par les entreprises.

Karel Havlíček,  photo: Archives du Gouvernement tchèque

Jusqu’à présent, seules les personnes le souhaitant ou ayant besoin pour différentes raisons de prouver qu’elles ne sont pas porteuses du coronavirus, manifestaient de l’intérêt pour ces tests. Dans de nombreuses entreprises, comme par exemple la Radio tchèque, cette possibilité existe déjà. Qui le veut, peut aller passer un test gratuitement. Cette fois, ce dépistage devient donc obligatoire, alors que la situation sanitaire continue de se dégrader et que de nouvelles restrictions plus strictes sont appliquées depuis lundi. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Karel Havlíček, a prévenu : les entreprises qui ne respecteront pas les délais fixés lundi, seront contraintes de stopper leur activité.

Ces derniers jours, des voix se sont élevées en faveur d’un arrêt complet de toute activité industrielle et de la fermeture des entreprises. Pour des raisons économiques évidentes, le gouvernement y était opposé, tout comme les entreprises. Pour elles, le principal problème est désormais de mettre les moyens en œuvre de manière à pouvoir procéder à cette grande opération de dépistage, qui sera réalisée par le biais de tests antigéniques, dits aussi rapides. Un défi organisationnel pas évident à relever pour certaines, comme l’a expliqué Jaroslav Hanák, président de la Fédération de l’industrie et des transports de République tchèque, une organisation qui chapote plusieurs centaines d’entreprises :

Jaroslav Hanák,  photo: ČT24

« Pour nous, le choix est évident. Selon une enquête que nous avons menée en fin de semaine dernière auprès de nos 200 entreprises membres, 84 % se sont prononcés en faveur du dépistage à condition que l’Etat garantisse la fourniture de tests auto-administrés certifiés. Mais cela fait déjà longtemps que le ministère du Travail et des Affaires sociales aurait dû faire en sorte que tout soit prêt et que toutes les conditions sociales et juridiques soient remplies. Or, ce n’est absolument pas le cas. La majorité des entreprises sont favorables au dépistage obligatoire, mais elles sont encore plus nombreuses à se plaindre que les conditions ne sont pas remplies pour pouvoir pratiquer les tests. Mais c’est comme pour tout le reste dans ce pays. Le jour où les gens commenceront à être vaccinés, la situation sera complètement différente. En attendant, en ce qui nous concerne, si on met à disposition des entreprises suffisamment de tests, nous testerons, car c’est ce que nous voulons. »

Pour la majorité des entreprises, l’approvisionnement en tests dans l’urgence représente la principale préoccupation, alors qu’une pénurie est souvent constatée. Par ailleurs, comme l’a montré récemment l’exemple de l’Autriche, les résultats fournis par certains tests sur le marché sont fort peu fiables.

Photo: ČTK/Kateřina Šulová

Selon le ministère des Finances, environ 1,3 million de personnes travaillent dans des entreprises de plus de 250 employés. Selon certaines estimations faites lundi, quelque cinq millions de tests étaient disponibles dans les réserves des sociétés productrices, qui doivent recevoir l’agrément du ministère de la Santé pour pouvoir exercer leur activité. Le nombre de ces sociétés s’élevait à vingt-cinq lundi et les entreprises peuvent passer commande uniquement auprès de celles-ci. Le ministère de l’Industrie et du Commerce a eu beau se montrer rassurant en affirmant que cinq à huit millions de tests supplémentaires seront disponibles dans les jours à venir, les entreprises, qui regrettent de ne pas disposer de suffisamment d’informations sur la marche à suivre, s’inquiètent, elles, davantage de la vitesse à laquelle ces tests leur seront livrés. Pour elles, une véritable course contre la montre a donc commencé.