Ne jetez plus votre gobelet, mangez-le donc !
Deux étudiants tchèques ont réinventé un objet courant du quotidien en donnant vie à une tasse à la fois recyclable et comestible. Une invention étonnante pour lutter contre le gaspillage et la pollution. Et ça marche !
Chaque année, on estime que huit millions de tonnes de plastique sombrent dans les océans, ingérés par les animaux, qui en meurent ou que nous consommons en bout de chaîne. Parmi ces déchets, le gobelet tient une place de choix. Anodin et quotidien, celui-ci est partout, lorsqu’on commande un café à emporter ou une bière dans un festival.
Le gobelet est un symbole de la consommation rapide et instantanée. Aussi vite son contenant est-il jeté que son contenu aura été bu. Depuis sa production jusqu’à son élimination, les conséquences sur l’environnement de l’usage de cet objet passe-partout sont désastreuses.
Il y a deux ans, Zuzana Zvěřová et Miroslav Myrončuk, deux étudiants du Newton College, lassés de leur propre expérience de consommation, ont donc mis leurs méninges en commun avec l’idée de concevoir une tasse non invasive pour l’environnement :
« Cela a germé dans notre esprit à force de prendre, chaque jour pendant les pauses, des cafés à emporter avec nos amis. Nous nous sommes alors rendu compte de la quantité de plastique que nous utilisions, et nous avons donc réfléchi à la manière dont nous pourrions remplacer ces gobelets en papier ou en plastique. Évidemment, il existe des alternatives. Vous pouvez prendre votre propre thermos et vous recevez un bon d’achat, mais cela ne motive pas suffisamment les gens. La question était donc de savoir comment les inciter à se comporter plus écologiquement. C’est comme ça que nous avons décidé de créer une tasse comestible. »
Soutenus par leur établissement ainsi que par l’Institut de recherche alimentaire et l’Université technique de Prague, les deux étudiants ont établi une recette pour parvenir à une tasse composée uniquement d’ingrédients naturels, et ainsi donc comestible.
Mais avant de parvenir à un résultat satisfaisant, les étudiants ont essuyé plusieurs tentatives infructueuses :
« Il y avait énormément de problèmes avec les machines. Nous avons d’abord acheté une machine en Russie, mais toutes les tasses étaient différentes. Nous avons ensuite acheté une machine en Chine, mais les tasses en sortaient cassées. Nous avons eu des complications avec la recette aussi. Les pâtes de cookie et de pancakes que nous avions envisagées n’étaient pas compatibles avec une tasse comestible, celle-ci se détériorait trop rapidement. Nous avons testé vraiment beaucoup d’ingrédients avant de trouver la bonne formule ! »
La « Tasse comestible » - ou Edible Cup - résiste à une température de 85 °C, garde la boisson au chaud pendant douze heures et ne contient que 56 calories, si on se laisse tenter par sa dégustation. On peut s’en servir aussi par exemple pour manger sa glace. Bref, la solution parfaite pour avoir à la fois le boire et le manger.
Mais, surtout, cette tasse à « jeter » en quelque sorte dans nos ventres a été pensée pour limiter gaspillage des ressources et la pollution. Inattendue et surprenante, l’idée a d’ailleurs valu à Zuzana Zvěřová et à Miroslav Myrončuk de remporter le concours UP Business Camp, qui donne un coup de pouce aux start-ups les plus prometteuses.
Actuellement, la tasse peut être achetée à l’unité dans une trentaine de villes du pays, à Prague bien sûr mais aussi à Brno ou à České Budějovice. Pour l’heure, une seule taille est disponible (110 ml), mais les étudiants souhaitent diversifier leur offre prochainement :
« Avant tout, nous aimerions proposer différentes tailles. 250 ml pour que les gens puissent commander un capuccino, un chocolat chaud, mais aussi avoir une taille spécifique pour la bière, qui se boirait donc dans un gobelet salé. Nous espérons réussir à créer des tasses avec des goûts différents : à la vanille, au chocolat, à la cannelle, mais aussi des tasses salées, au fromage ou au bacon. Nous pourrons alors offrir à nos clients le meilleur produit. Pourquoi ne pas créer aussi des assiettes par exemple, selon les demandes ? »
Jusqu’à présent, Zuzana Zvěřová et Miroslav Myrončuk vendaient environ trois boîtes comprenant 175 tasses par mois. Dernièrement, ils en ont vendu plus de 120. Un bond qui souligne un meilleur marketing mais aussi l’engouement que peut susciter une telle invention. Les consommateurs y trouvent un objet insolite tout en se donnant bonne conscience vis-à-vis de l’environnement. Leur produit a d’ailleurs déjà séduit dans d’autres pays européens aussi, comme en Espagne, au Royaume-Uni et en Allemagne. Et les deux compères entendent bien ne pas s’arrêter en si bon chemin.