Presse : affaire Hamáček – vaccination – menaces hybrides – Napoléon
Cette nouvelle revue de la presse de la semaine écoulée s’intéresse d’abord aux réactions à l’affaire concernant la « mission russe » du ministre de l’Intérieur Jan Hamáček. Nous évoquerons aussi la campagne de vaccination et la lutte contre les menaces hybrides en Tchéquie. Quelques remarques enfin à propos du bicentenaire de la mort de Napoléon.
« Les questions se multiplient autour de cette affaire grave et peu claire. Il est possible qu’elle tombe dans l’oubli ce qui serait le pire des scénarios possibles », écrit l’hebdomadaire Respekt en réaction à la publication, sur le site d’information Seznam Zprávy, d’un article accusant le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Jan Hamáček d’avoir envisagé de marchander avec Moscou des vaccins Spoutnik V et l’organisation d’un sommet Biden-Poutine à Prague contre le silence de la Tchéquie concernant l’implication d’agents russes dans les explosions de Vrbětice en 2014.
« Le vice-Premier ministre Jan Hamáček n’a pas réussi à expliquer l’objectif de son voyage à Moscou, finalement annulé. Le fait que le ministre soit soupçonné de haute-trahison par une partie de l’opposition ne fait qu’accentuer la tension politique dans le pays », indique le quotidien Hospodářské noviny dans son édition de ce vendredi. « Perçu par le passé comme un jeune politicien de gauche plein de promesses, Jan Hamáček manque désormais de confiance », constate le journal.
« Durant les cinq prochains mois avant les élections législatives, on peut s’attendre à ce que d’autres affaires explosives vont se succéder », remarque pour sa part le site info.cz.
L’hebdomadaire Reflex écrit à ce sujet :
« La scène politique et les médias s’intéressent prioritairement aux thèmes qui n’ont que peu d’importance pour l’avenir du pays, laissant à côté les problèmes brûlants. Selon les partis d’opposition et une partie des médias, l’affaire de Jan Hamáček et son prétendu voyage à Moscou représente la plus grande affaire politique de ces dernières années. Mais il est presque certain que d’ici quelques mois, on n’en gardera aucun souvenir ».
Covid-19 : faut-ils mettre les médecins sur un piédestal ?
Certes, au cours de l’année écoulée, les médecins, ou du moins certains d’entre eux, ont été exposés à une grande pression. Face à cette épreuve, ils ont merveilleusement accompli leur mission. C’est ce que constate l’auteur d’une note publiée dans le journal Deník qui souligne qu’il y a pourtant lieu de mettre un terme à la « glorification » des médecins dont nous sommes témoins pendant la période de pandémie :
« Les médecins sont bien censés soigner les malades, ils sont rémunérés pour cela. Dans cette logique, la reconnaissance dont ils jouissent devrait être réservée aussi, par exemple, aux chauffeurs qui conduisent un bus sans accident, aux comédiens qui nous divertissent, aux agriculteurs qui nous alimentent. Le respect exagéré à l’égard des médecins n’est motivé ni plus ni moins que par la crainte de dépendre tôt ou tard de leurs services. »
« Les médecins ont la chance d’exercer une belle profession qui, en plus, est sûre, car elle résiste aux crises et aux turbulences sociales », remarque le commentateur de Deník. Il poursuit sa réflexion qui va à contre-courant de la tendance actuelle de mettre les médecins sur un piédestal :
« Evidemment, telle une réaction aux événements des derniers mois, cette tendance est compréhensible. Il faut cependant fortement s’opposer à ce qu’une profession bénéficie d’un statut privilégié. La société dépend d’un bon travail et de la coopération de toute sorte de professions. »
Campagne de vaccination
Concernant le rythme de la vaccination contre le coronavirus, la situation en Tchéquie correspond à l’heure actuelle à la moyenne européenne. Pourtant, il n’y a à ce jour que près de 10% de la population tchèque à avoir reçu les deux injections du vaccin, pendant que la volonté des gens de se faire vacciner semble diminuer. Le quotidien Hospodářské noviny a précisé à ce sujet :
« Les derniers sondages révèlent qu’environ la moitié de la population est indécise. Même au sein de la catégorie des personnes les plus âgées, il y a beauoup de celles qui n’ont pas profité de la possibilité de se faire vacciner. La situation est similaire dasn le groupe des personnes de plus de 70 ans et chez les malades chroniques. Les catégories plus jeunes qui auront désormais la possibilité de s’enregistrer vont très probablement encore approfondir cette tendance. »
« D’où vient ce désintérêt ? » s’interroge le commentateur avant de souligner que c’est en premier lieu la mauvaise campagne promotionnelle en faveur de la vaccination de la part du gouvernement qui en est responsable :
« C’est à la fin de l’année écoulée que le cabinet d’Andrej Babiš a promis de lancer une campagne pour la vacination. Réalisée finalement en ce mois d’avril, elle n’a pourtant eu qu’un faible retentissement. Bref, cet important élément de la lutte contre la pandémie de Covid-19 a échoué. On peut espérer qu’avec l’approche de l’été, les nombreux Tchèques qui entendent se rendre à l’étranger seront contraints à accepter la vaccination. »
La Tchéquie désormais plus vigilente face aux menaces hybrides
« La Tchéquie se réveille. Elle a admis non seulement que les activités hybrides existent mais aussi qu’il faut leur faire face ». Tel est le titre d’un texte publié dans le quotidien Deník N de ce mardi qui rapporte :
« La Tchéquie, ainsi que les autres pays européens, sont confrontés aux menaces hybrides depuis plusieurs années déjà. Avec le développement du numérique, ces activités dangereuses sont devenues plus en plus férquentes au cours des dix dernières années. Pendant longtemps, la Tchéquie sous-estimait cette menace. Heureusement, son attitude est en train de changer ».
La première preuve, selon Deník N, en serait l’adoption de la loi sur la vérification des investissement étrangers qui est entrée en vigueur récemment et qui concerne notamment ceux dirigés vers l’infrastructure critique d’Etat. L’adoption de la Stratégie nationale contre les activités hybrides est un autre témoignage de ce que le pays est désormais plus vigilente à l’égard des campagnes de désinformations, des cyber-attaques, du financement et du soutien d’extrémistes locaux ».
Rappel du bicentenaire de la mort de Napoléon en Tchéquie
Le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte n’est pas passé inaperçu dans les médias tchèques. A la une du quotidien Mladá fronta Dnes de ce jeudi, on trouve une photo de la cérémonie qui s’est déroulée au pied du tombeau de l’Empereur aux Invalides en présence du président français Emmanuel Macron et de sa femme Brigitte. Selon la légende qui l’accompagnait, « le 5 mai, 200 ans se sont écoulés depuis le départ de l’un des plus grands chefs de guerre et hommes d’Etat de l’histoire. Une figure qui a été à l’époque appréhendée par toute l’Europe ».
« Macron a brisé le tabou et ridé la peur éternelle de Napoléon, en rappelant en tant que chef d’Etat celui qui est considéré comme un destructeur et un tyran », a écrit pour sa part un journaliste du site aktualne.cz. Et de remarquer que « pour tous ceux qui, aujourd’hui, déboulonnent les statues et nettoient l’espace publique des ‘méchants’, Napoléon représente sans nul doute un diable. Les autres sont pourtant appelés à porter sur le personnage un regard plus nuancé. »
L’article intitulé « L’exemple Napoléon » qui a été publié dans l’édition de ce mercredi du journal Lidové noviny renchérit en évoquant l’actuelle tendance des progressistes visant à modifier et à ternir certains chapitres de l’histoire. « La différence entre un génocide idéologiquement motivé et des actes d’ordre purement impérial s’estompe », écrit à ce propos son auteur avant de réfléchir sur les différentes interprétations liées à Napoléon :
« Tout dépend des points de vue et des lieux. Napoléon incarnait la plus grande et la dernière effervescence impériale de la France qui dictait à l’époque le ton en Europe. D’un autre côté, les progressistes voient en lui un raciste, tandis que pour les Russes, c’était en agresseur, les Polonais apercevant en lui un symbole de l’espoir. Les regards sont effectivement très différenciés. Une chose est pourtant certaine : sous le régne de Napoléon, la France s’est transformée en une société civique structurée. On pourrait même dire qu’avec ses méthodes radicales, Napoléon introduisait en Europe la modernité et les valeurs libérales ».
« Il s’agit en fin de compte d’un but revendiqué également par les progressistes d’aujourd’hui. Le seul problème, c‘est qu’ils n’osent pas se référer directement à Napoléon », conclut le commentateur de Lidové noviny.