Presse : En attendant une « campagne électorale brutale »

Starostové et Pirates

Les défis liés aux prochaines élections législatives et une campagne électorale qui s’annonce plus violente que jamais. Tel est le principal sujet traité sous tous ses aspects dans cette nouvelle revue de la presse de la semaine écoulée. Quelques mots aussi sur une étude qui a classé les métiers traditionnels les plus exigeants physiquement.  

« L’enfer électoral approche ». Tel est le titre éloquent d’un commentaire publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny qui s’inscrit dans la série de ceux consacrés cette semaine aux élections législatives d’octobre prochain :

« La campagne électorale sera brutale, car beaucoup de choses sont en jeu. Un constat qui concerne l’ensemble de l’échiquier politique. La droite cherchera à l’emporter sur les Pirates, une formation perçue comme étant de gauche, tandis que ces derniers s’efforceront de détruire l’argument qui veut qu’ils soient dangereusement orientés à gauche. La gauche quant à elle tentera tout simplement de franchir la barre des 5% des suffrages nécessaires pour entrer au Parlement. Le parti d’extrême-droite SPD va miser sur la carte du ‘grand méchant’ Bruxelles et de la migration. Une grande partie des électeurs ne souhaitera ni plus ni moins que la fin du gouvernement d’Andrej Babiš. »

Le commentateur du journal Hospodářské noviny constate que plus encore que pour les partis eux-mêmes, c’est pour les électeurs que la campagne sera éprouvante. « Ce sont eux qui souffriront le plus, car pendant des mois, ils seront confrontés à des opérations de séduction des candidats, à leurs disputes agressives lors des débats, à leurs mensonges », écrit-il. Pour pouvoir résister à cette « folie électorale et pour raison garder », il leur propose une vingtaine de reccommandations, tantôt amusantes tantôt sérieuses, dont la première, par exemple, dit :

« N’hésitez pas à suivre les débats électoraux. Ainsi, vous apprendrez qu’en politique, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas meilleurs que vous-mêmes. Au contraire. Cette comparaison pourra être pour vous flatteuse et très encourageante ».

La migration en point de mire

Le sujet de la migration commence à résonner de plus en plus fortement dans la politique tchèque. C’est ce dont fait part, toujours en rapport avec l’approche des élections législatives, le quotidien Mladá fronta Dnes :

Photo: EU Civil Protection and Humanitarian Aid,  Flickr,  CC BY-NC-ND 2.0

« Les menaces liées à la migration sont fréquemment et inalassablement évoquées par le leader du parti populiste SPD Tomio Okamura, même si ce phénomène ne touche en aucun cas la Tchéquie. Selon le Premier ministre Andrej Babiš, qui s’est également exprimé dans ce sens pour la télévision CNN Prima NEWS, le problème de la migration doit se résoudre en dehors de l’Union européenne. ‘C’est à la Tchéquie et non pas à l’Union européenne de décider qui y vivra et travaillera’, a-t-il encore souligné en réaction à la hausse, durant l’année écoulée, du nombre de migrants dans ses pays membres. La coalition électorale entre les Pirates et le mouvement STAN à laquelle les sondages donnent le plus d’intentions de vote, promeut l’idée d’une coopération avec d’autres Etats, dont une solution raisonnable au problème de la migration. Elle souligne en outre la nécessité de se concentrer sur les causes de la migration dans les pays d’origine des migrants. »

A en croire les différents sondages effectués au cours des dernières années, près de la moitié des Tchèques craignent les migrations clandestines venues d’Afrique et du Proche-Orient. Elle l’appréhende même deux fois plus fortement que d’autres pays en Europe. « Parier sur la migration comme thème porteur peu avant les élections semble ainsi efficace », ajoute le journal.

Où sont les femmes ?

Une seule femme perdue au milieu d’hommes. C’est ce que l’on peut voir sur une photo prise au bord de la Vltava, à l’occasion du lancement de la campagne électorale de la coalition des Pirates et du mouvement STAN qui a présenté ses têtes de liste.

Adéla Šípová | Photo: Pirátská strana,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 2.0

Il n’en fallait pas plus pour provoquer une vague de réactions sur les réseaux sociaux, ravivant le débat sur la faible présence des femmes tchèques sur la scène politique. « Est-ce ainsi que les Pirates imaginent la diversité qu’ils défendent ? », s’interrogeait plus d’un internaute indigné. Le site Hlídacípes.org cite à ce sujet la jeune Pirate Adéla Šípová, une des 15% des femmes représentées à la Chambre haute du Parlement, qui s’était confiée à la revue Héroine :

« La position des femmes sur la scène politique n’est pas facile car, souvent, elles sont considérées comme peu compétentes. De ce fait, elles ne jouissent pas du même respect que se réservent mutuellement les hommes. Or, pour pouvoir occuper des positions dirigeantes, elles doivent déployer d’habitude plus d’efforts que les hommes. J’estime que si j’étais un homme de 70 ans, je ne serais par confrontée à des attitudes dédaigneuses. »

A l’heure actuelle, le cabinet d’Andrej Babiš compte quatre femmes. « Un nombre qui est, vue la situation en Tchéquie, plutôt satisfaisant », signale le commentateur du site Hlídacípes.org, tout en faisant cas d’une situation foncièrement différente dans des pays comme la Finlande ou la France. Les données de l’Office tchèque des statistiques confirment par ailleurs que la part des femmes tchèques aux fonctions élues, située autour d’un tiers, demeure toujours faible malgré une légère tendance à la hausse.

Le crépuscule des partis de gauche traditionnels

« Qui va remplacer la gauche traditionnelle ? », s’interroge à l’approche des élections législatives la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt. Ceci, au moment où les derniers sondages donnent au parti social-démocrate (ČSSD) et au parti communiste de Bohême et de Moravie (KSČM) pas plus de 4 ou 5% des suffrages. « Il est possible qu’à l’automne, à l’issue des élections législatives, on voit disparaître des plus hautes sphères politiques, et ce pour la première fois depuis les trente dernières années, les forces qui se définissent comme étant de gauche. La disparition du ČSSD et des communistes, deux partis de gauche tchèque traditionnels, a commencé depuis un certain temps déjà. Et pourtant, il y a huit ans, les sociaux-démocrates dominaient encore la scène politique avant de subir une chute aussi lente qu’irrésistible. De même, les communistes qui se rappellent cette année le centenaire de leur existence n’ont que peu de raisons de jubiler. »

Tomio Okamura | Photo: Aktron,  Wikimedia Commons,  /lCC BY 4.0   l/

Le commentateur de Respekt constate que c’est vers le mouvement ANO d’Andrej Babiš ou encore vers le parti d’extrême droite SPD de Tomio Okamura que les anciens électeurs de ces deux partis de gauche se sont tournés :

« C’est par une stratégie de marketing réfléchie, par un discours anti-migrants, par leur envergure et leur nouveauté que ces deux formations ont réussi à les séduire. Un départ définitif du Parlement de la gauche traditionnelle renforcera encore cette tendance, provoquant l’incertitude et l’instabilité. L’existence d’un parti de gauche moderne et démocratique est pourtant nécessaire, car les questions et les mesures d’ordre social seront toujours d’actualité pour les électeurs. La question  de savoir qui relèvera le défi demeure incertaine et fait l’objet d’inquiétudes. »

Les métiers les plus exigeants physiquement

Quels sont les métiers les plus exigeants physiquement ? Une question qui a intéressé un groupe d’experts de l’Université Charles et aussi le site aktualne.cz :

Photo illustrative: Rijksdienst voor het Cultureel Erfgoed/Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0 DEED

« L’intensité du mouvement, les poids à déplacer, les calories dépensées, la température ou l’humidité de l’air au travail. Autant de critères parmi plusieurs autres que les scientifiques universitaires ont pris en compte en étudiant sept groupes exerçant des professions artisanales traditionnelles afin de déterminer celles qui sont les plus éprouvantes. C’est la profession de tailleur de pierre se classe en première position, suivie de celles de charpentier, verrier, couvreur, fondeur de cloches et forgeron. »

« La plus importante leçon à tirer de l’étude, c’est que même au XXIe siècle, des métiers classiques représentent un dur labeur », explique un des experts de l’étude cités dans l’article.

A cette occasion, le site aktualne.cz rappelle que la Tchéquie manque de près de 300 000 artisans. Une situation vouée à empirer en lien avec l’épidémie de coronavirus et la fermetures des écoles et des centres d’apprentissage.