Accident ferroviaire : à quand le système européen de contrôle des trains en Tchéquie ?
Trois personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées dans la collision mercredi entre un train allemand et un train régional non loin de la ville de Domažlice, dans l’ouest de la République tchèque. Cet accident tragique a relancé le débat sur la sécurité et la prévention des risques ferroviaires dans le pays.
Le bilan de cet accident n’est pas aussi lourd que celui de la collision de trains la plus meurtrière survenue dans l’ancienne Tchécoslovaquie en 1960, qui a coûté la vie à 118 personnes. Néanmoins, la tragédie suscite l’inquiétude sur le système de sécurité du transport ferroviaire local, et ce en République tchèque comme en Allemagne.
L’un des trains impliqués dans la collision appartient à une société de chemin de fer allemande. Il transportait des passagers, tchèques et étrangers, entre Munich et Prague. L’autre était un train régional assurant la liaison entre les villes tchèques de Plzeň et Domažlice. Les conducteurs des trains, tous deux de nationalité tchèque, ont péri dans l’accident, de même qu’une femme qui voyageait à bord du train régional. Peu après l’accident, le ministre tchèque des Transports Karel Havlíček a indiqué que l’express allemand « n’avait pas respecté un signal d’arrêt ». Il est entré en voie unique et a heurté le train régional.
Selon le président de la Fédération des conducteurs des trains de la région de Plzeň, Jaroslav Vondrovic, il convient toutefois d’attendre les résultats de l’enquête menée par l’Inspection des chemins de fer :
« Pour connaître les causes réelles de l’accident, il faut vraiment attendre les résultats de l’enquête. Il semble que l’incident soit lié à une erreur humaine, mais il pouvait aussi y avoir une défaillance technique. Il ne faut pas porter de jugement sur le comportement du conducteur et le rendre immédiatement responsable. Et même si c’était le cas, il a pu avoir un problème de santé par exemple, nous n’en savons rien. »
Dans une interview à la télévision bavaroise, Lukas Iffländer, de l'association allemande de passagers PRO BAHN, a pointé du doigt des problèmes d’infrastructure et de sécurité de nombreuses lignes de chemin de fer en Tchéquie. Jaroslav Vondrovic explique :
« Toutes les lignes de chemin de fer en Tchéquie sont sécurisées, mais le niveau de sécurisation dépend des possibilités techniques et de l’importance de la ligne. Par exemple, une collision semblable entre deux trains s’est produite il y a un an à Pernink, mais c’est une petite ligne à la montagne, où le contrôleur du trafic ferroviaire communique avec le conducteur à l'aide de téléphones. »
« La ligne dans la région de Domažlice fait partie du réseau de transport transeuropéen, avec un système de signalisation et radio qui permet d’arrêter le train à distance. Mais évidemment, il existe une technique plus sophistiquée, à savoir l’ETCS, le système européen de contrôle des trains qui est en train d’être déployé dans toute l’Europe. Si la ligne était équipée de ce système moderne, l’accident n’aurait pas eu lieu. Mais il nous faudra encore attendre plusieurs années. Le système sera d’abord installé sur les principales lignes reliant les villes de Prague, Brno et Ostrava. »
Numérisé, le nouveau système européen ETCS permet de contrôler la circulation des trains et de les arrêter automatiquement en cas de danger. Le ministère tchèque des Transports prévoit de déployer le système sur l’ensemble du réseau ferroviaire du pays d’ici vingt ans.
Cité par l’agence de presse tchèque ČTK, Lukas Iffländer, de l'association PRO BAHN a précisé qu’il s’agissait d’un système efficace, mais coûteux. Selon lui, l’installation du système en Allemagne, prévue d’ici à 2035, est estimée à 30 milliards d'euros. « La République tchèque pourrait bénéficier partiellement du système allemand », a-t-il déclaré, estimant toutefois l’investissement du côté tchèque à plus de 7 milliards d’euros.