Presse : L’Europe centrale face au piège britannique
La sortie de l’Union européenne, est-elle un sujet d’actualité en Europe centrale ? Le conflit de génération, sera-t-il un des traits caratéristiques des élections législatives d’octobre ? Telles sont deux interrogations soulevées dans cette nouvelle revue de la presse. Le magazine de la semaine porte aussi un regard sur la récente visite du pape François en Slovaquie. L’achat d’appartements occupés par des personnes âgées et le lancement d’un nouveau programme de dépistage précoce des tumeurs du poumon destinés aux fumeurs et aux ex-fumeurs, tels sont les deux autres sujets traités.
« En cachette, la sortie de l’Union européenne devient un sujet électoral en Europe centrale ». Tel est le titre d’un commentaire publié dans une des récentes éditions du quotidien économique Hospodářské noviny qui indique que « la Tchéquie, elle aussi, peut tomber dans le piège britannique » :
« Une éventuelle coalition gouvernementale du mouvement ANO d’Andrej Babiš avec le parti d’extrême-droite SPD de Tomio Okamura signifierait une menace pour l’appartenance du pays à l’Union européenne qui constitue le principal intérêt national de la Tchéquie, car il lui garantit la stabilité, la prospérité et la sécurité. Dans une telle constellation, en effet, l’organisation d’un référendum sur cette appartenance ne serait pas à exclure. »
Les Tchèques font donc aujourd’hui face à cet enjeu lié aux élections législatives. « En Europe centrale, la Pologne et la Hongrie semblent désormais les plus proches du piège britannique, car dans les deux pays, la sortie de l’Union européenne est un sujet fréquemment abordé par les représentants des partis au pouvoir. Et ce, en dépit du fait que les sondages révèlent régulièrement et depuis longtemps que les Polonais et les Hongrois sont majoritairement proeuropéens », écrit le chroniqueur du journal avant de souligner :
« L’appartenance à l’Union européenne est dans l’intérêt vital de tous les habitants de la Tchéquie, même de ceux qui n’en sont pas convaincus. Le problème, c’est qu’en la politique, les émotions et les intérêts de puissance l’emportent en général sur la raison. Lors des élections législatives qui auront lieu dans deux semaines, l’enjeu sera ni plus ni moins la future orientation de la Tchéquie et de sa population. »
Le site Forum24.cz remarque, toujours en lien avec les défis concernant l’orientation proeuropéenne du pays, que les élections législatives d’octobre auront « un caractère fatidique, bien plus que celles tenues par le passé ». L’occasion pour lui de décrire les sombres scénarios qui surviendraient dans le cas d’un éventuel « Czexit ».
La visite du pape en Slovaquie, une leçon pour les Tchèques
L’édition de samedi dernier du journal Deník est revenue sur le récent séjour de quatre jours du pape François en Slovaquie:
« Au cours de cette visite, l’Europe entière s’est demandée pour quelle raison le pape a passé autant de temps dans un petit pays comme la Slovaquie, beaucoup plus que précédement en Hongrie qui est pourtant deux fois plus grande. La raison principale s’appelle Zuzana Čaputová. Une présidente de la République qui, dans le chaos de la situation politique actuelle en Slovaquie, représente un ancrage solide de calme et de sécurité. Les valeurs de la démocratie, de l’humanité, de l’amour et de la tolérance qu’elle incarne sont identiques à celles du souverain pontife. »
« Ce constat est un défi pour nous autres Tchèques », souligne le commentateur de Deník :
« Il s’avère qu’un chef d’Etat et les valeurs qu’il défend sont importants. En la personne de Zuzana Čaputová, la Slovaquie a trouvé un chef d’Etat qui réussit à redresser sa nation et à faire venir le pape dans le pays. Les Tchèques ont une leçon à tirer chez leurs voisins slovaques. »
Ces clivages confirmés par les « élections étudiantes »
La coalition de centre-droite formée par le Parti pirate et le mouvement STAN, suivie de la coalition de droite Spolu, a remporté les « élections étudiantes » ou élections fictives qui ont été organisées auprès de quelque 400 000 élèves des écoles secondaires et des centres d’apprentissage par l’association à but non lucratif People In Need. Le site aktualne.cz a commenté l’événement :
« Depuis 2010, date à laquelle ces élections fictives ont été lancées et depuis, régulièrement organisées, il s’avère que leurs résultats ne correspondent pas à ceux des vraies élections législatives. De même, on voit que les tendances des jeunes sont visiblement différentes des priorités des personnes d’âge moyen et âgées. Ainsi, la cote du Premier ministre Andrej Babiš, leader du mouvement ANO, qui mise prioritairement sur un électorat âgé est très faible chez les jeunes entre 15 et 18 ans. »
Ce qui est étonnant, selon le commentateur du site aktualne.cz, c’est le peu d’intérêt des jeunes pour les Verts qui ne se sont classés qu’en quatrième position. « Il est pourtant certain que leur temps arrivera lorsque la situation climatique continuera à se dégrader », suppose-t-il.
« Force est de constater que les élections législatives d’octobre confirmeront l’existence d’un conflit de génération ». C’est ce qu’on peut lire dans un commentaire publié sur le site du quotidien économique Hospodářské noviny. Son auteur explique :
« Les deux coalitions d’opposition l’ont clairement emporté sur le mouvement ANO d’Andrej Babiš qui a complètement échoué. Pour les personnes âgées en revanche, ce mouvement est le favori numéro un, plus de la moitié d’entre elles comptant voter pour lui. Evidemment, on ne saurait généraliser, car il y a des personnes âgées qui pensent autrement. Mais elles sont minoritaires au sein de leur génération. La politique tchèque se distingue par plusieurs lignes de démarcation (gauche-droite, conservatisme-libéralisme), mais celle existant entre les générations est la plus aiguë. »
Le viager occupé, une tendance actuelle
Les Tchèques achètent de plus en plus souvent des appartements occupés par des personnes âgées. C’est ce que rapporte l’édition de samedi dernier du quotidien Lidové noviny :
« Ce phénomène reflète l’état de l’humeur générale en Tchéquie. Les personnes âgées vendent leurs appartements, car leurs pensions de retraite sont insuffisantes ou parce qu’elles veulent financer le logement de leur progéniture. Or, d’un côté on voit une personne qui attend la mort d’une autre et, d’un autre côté, cette dernière accepte un viager, ne disposant pas d’assez de moyens pour une fin de vie digne pour soi-même ou pour sa famille. »
Toutefois, comme le souligne l’auteur de l’article, ce phénomène ne fait pas seulement état de la moralité des individus, mais il témoigne de deux problèmes cruciaux de la société tchèque. Le premier concerne la crise du logement liée à la pénurie d’appartements et de maisons sur le marché et à leur cherté. Le fait qu’une partie des retraités ait du mal à boucler leurs fins de mois en est un autre non moins grave. »
Ces deux problèmes brûlants ne semblent pas pour autant préoccuper les politiques. « Aucun parti politique ne se déclare prêt à chercher des solutions », souligne-t-il.
Protéger les fumeurs par un nouveau programme de dépistage
Protéger les fumeurs d’un cancer. Tel est le but d’un programme lancé par le Centre national de dépistage qui entrera en vigueur dès le début de l’année prochaine. Le quotidien Mladá fronta Dnes de ce jeudi détaille :
« En Tchéquie, quelque 5 500 personnes meurent chaque année d’une tumeur au poumon, tandis que 6 000 nouveaux cas de la maladie sont détectés chaque année dans le pays. Ce nouveau programme veut améliorer la situation par le biais d’un dépistage précoce de ce type de tumeurs. Il est destiné au groupe le plus menacé constitué par près d’un demi-million de fumeurs actuels ou anciens entre 55 et 74 ans qui ont à leur compte un paquet de cigarettes par jour consommé en l’espace d’une vingtaine d’années. Il va de soi que ceux qui souhaitent s’inscrire au programme doivent renoncer à la cigarette. »
Le journal rapporte que les tumueurs au poumon représentent en Tchéquie les causes les plus fréquentes de décès liés aux maladies oncologiques.