Les contrôles de police ne seront pas levés au Château de Prague
Depuis six ans déjà, des contrôles policiers sont effectués sur toute personne souhaitant rentrer sur le site du Château de Prague. Pourtant jusqu’en 2016, il était possible de se promener librement à l’intérieur de l’enceinte qui fut le siège des rois de Bohême et qui est aujourd’hui celui de la présidence tchèque. Des politiques tchèques s’efforcent – en vain – de faire en sorte que le site soit à nouveau accessible au grand public.
Contrôles de police via des portiques de sécurité, fouille des sacs, mais aussi imposantes barrières anti-véhicules jaunes qu’on croirait destinées à stopper des chars d’assaut : depuis plusieurs années déjà, pénétrer dans l’enceinte du Château de Prague est devenu bien plus compliqué que cela ne l’a été par le passé, où contrairement à de nombreux sites fameux dans le monde ultra-surveillés, traverser les cours juste en passant sans même vouloir visiter les intérieurs était possible. Malgré la présence de l’élégante garde du Château qui lui conférait son statut de monument à part, le site faisait finalement partie intégrante de la ville – pendant longtemps même, la célèbre ruelle de l’Or a été librement accessible, avant que le tourisme de masse ne la rende payante aux heures de pointe de la journée.
Depuis 2018, des hommes politiques tchèques demandent la réouverture du site au tout venant : pour eux, le Château de Prague « appartient au public tchèque » et doit être accessible comme cela a été le cas par le passé. Le sénateur Jiří Růžička (TOP 09) et le député Jan Lacina (STAN) viennent de se voir signifier une fin de non-recevoir après l’envoi de leur troisième demande officielle à la présidence tchèque de lever les contrôles de police.
Du côté du Château de Prague, on se défend en invoquant des analyses de risque de la police elle-même qui, via un communiqué en début de semaine, a confirmé que ces contrôles dépendaient de la situation sécuritaire dans le monde et dans le pays.
Derrière ces échanges de bons procédés se joue toutefois une bataille d’un autre genre, une sorte de bras de fer continu entre certains politiques opposés tant au président Miloš Zeman et à ses prises de position polémiques qu’à son entourage proche, accusé d’avoir, entre autres, verrouillé la communication et – littéralement – le Château à son profit.
D’ailleurs, peu avant les derniers communiqués officiels sans aspérités, le cabinet présidentiel avait qualifié les deux signataires de la lettre ouverte de « participants infructueux à un putsch contre le président au moment de sa maladie », référence au discussions sur la possibilité – ou non – d’activer l’article 66 de la Constitution tchèque en cas d’une incapacité du chef de l’Etat à exercer ses fonctions lors de la récente hospitalisation de ce dernier. Tant le sénateur et le député se sont défendus sur cette question en rappelant le contexte difficile de cette hospitalisation, juste après les élections législatives et où il n’était pas clair si le président Zeman serait physiquement capable de nommer un nouveau gouvernement.
Les contrôles de police au siège de la présidence tchèque ont été introduits en 2016, quelques mois après un incident qui avait fait la une des journaux : en septembre 2015, le collectif artistique Ztohoven s’était distingué par une nouvelle action coup de poing : le remplacement de l'étendard présidentiel flottant sur le Château de Prague par un caleçon géant de couleur rouge, ce dernier étant censé dénoncer les collusions trop criantes du président tchèque avec la Russie et la Chine.
Cette « caleçonnade » n’avait pas du tout été du goût du chef de l’Etat tchèque, qui avait estimé que leur action était « l’expression de la bêtise extrême » des membres du groupe. A l’époque, l’épisode avait coûté son poste au chef de la sécurité présidentielle, ainsi qu’à deux autres personnes. Quelques temps plus tard, l’entourage du président avait fait savoir que la sécurité du Château devrait être renforcée pour « faire face au risque terroriste » et que le caleçon n'avait fait qu’« accélérer » le processus…