Le caleçon sur le Château fait des dégâts dans la garde rapprochée du président

Photo: ČTK

Le caleçon géant qui a flotté sur le Château de Prague en signe de protestation contre le chef de l’Etat va avoir des conséquences. Non seulement pour les membres du groupe Ztohoven, qui risquent une amende, mais aussi pour la garde rapprochée du président de la République – en tout cas pour son chef, qui risque fort de perdre son poste.

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Assurer la sécurité du chef de l’Etat n’est pas un métier facile, même lorsque les attaques qu’il subit relèvent surtout de la farce. A la tête de la sécurité policière du président, Petr Dongres avait remplacé en 2012 son prédécesseur, remercié après qu’un obscur personnage a tiré avec un pistolet en plastique sur le président de l’époque, Václav Klaus.

Cette fois, c’est un calbute qui va entraîner sa culbute : le caleçon géant flottant au-dessus du Château de Prague n’a pas été du goût de tout le monde et les heures de Petr Dongres à ce poste sont désormais comptées.

Même si son renvoi ne fait pas partie des prérogatives présidentielles, le chef de l’Etat Miloš Zeman semblait assez fixé sur son sort ce mardi:

« Je ne veux pas me prononcer sur trois crétins qui ne savent même pas que le drapeau présidentiel est un symbole de l’Etat qui ne représente pas un président en particulier. La première conséquence est le limogeage de l’actuel directeur de la police en charge de la sécurité du président, et d’autres changements ne devraient pas tarder à suivre. »

L’entourage du président a fait savoir que la sécurité du Château doit être renforcée pour « faire face au risque terroriste » et que le caleçon n'a fait qu' « accélérer » le processus…

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Les trois « crétins », tous membres du groupe de guérilla artistique Ztohoven, encourent des poursuites pour troubles à l’ordre public (voire vol, car il semble que le drapeau n’ait pas été retrouvé).

Ils ont expliqué avoir remplacé samedi l’étendard présidentiel par ce caleçon rouge géant pour dénoncer un « président qui n’a honte de rien ». Le choix de la couleur voulait rappeler les tropismes russe et chinois d’un chef de l’Etat critiqué pour ces derniers déplacements officiels à Moscou et Pékin.

Habitué depuis quelques années aux coups médiatiques, Ztohoven affirme avoir voulu symboliser avec ce caleçon la « beauf-attitude » dont le président tchèque est accusé d’avoir fait sa marque de fabrique.

Le caleçon avait par ailleurs un cordon aux trois couleurs du drapeau tchèque, et n’était pas non plus sans rappeler le maillot de bain dans lequel aime s’exhiber le président lors de ses sorties estivales dans son étang préféré à côté de la maison de campagne qu’il a rendue célèbre.

Jiří Ovčáček,  photo: ČT
« Une fascisation du café pragois » : c’est l’expression employée par le porte-parole du président, Jiří Ovčáček, qui rappelle la croix gammée sur le Château de Prague en 1939 pour dénoncer ce happening - « café pragois » (pražská kavárna) étant l’expression employée par l’entourage de Miloš Zeman pour fustiger ses adversaires.

Et Ztohoven d’affirmer que Jiří Ovčáček est en fait un de leurs membres, d’où son efficacité à faire enfler la polémique ! Un humour qui ne laisse pas insensible une partie de la population, même si le collectif a clairement planifié ce coup à quelques jours d’un congrès de hackers organisé dans son nouvel Institut pragois de crypto-anarchisme.

Un mouvement a été lancé sur les réseaux sociaux pour se rendre au Château en caleçon rouge lundi prochain, jour de fête nationale, une tasse de café à la main pour symboliser ce « café pragois ».

Même le Premier ministre Bohuslav Sobotka constate qu’ « un pays qui a donné Jára Cimrman (personnage fictif et mythique de l’histoire tchèque, ndlr) au monde est sans aucun doute en mesure de faire face à un caleçon géant sur le Château de Prague ».