Revue de presse : l’identité nationale a de multiples facettes pour les Tchèques
Quelle importance les Tchèques attribuent-ils à leur identité nationale ? Cette nouvelle revue de la presse apporte un élément de réponse, tout en se penchant également sur le vieillissement de la population tchèque et sur une possible crise démographique. Les perspectives d’adoption de l’euro par la Tchéquie, qui a adhéré à l’Union européenne il y a 18 ans de cela, est un des autres sujets traités. Le magazine s’intéresse également aux relations entre les Tchèques et les Allemands. Enfin, une petite remarque concernant les hivers tchèques qui ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant.
« Les quelques 670 000 Tchèques, où ont-ils disparu ? », s’interroge l’auteur d’un texte qui a été publié dans une récente édition du quotidien Deník N, en rapport avec le recensement de la population effectué l’année dernière :
« Les premiers résultats publiés début janvier par l’Office tchèque des statistiques ont passé presqu’inaperçus. Ils ont pourtant révélé un constat intéressant : une perte considérable du nombre de personnes qui se réfèrent explicitement à leur identité tchèque. Celles-ci ne représentent à l’heure actuelle que près de 6 millions sur 10 millions et demi d’habitants de la République tchèque, soit le chiffre le plus bas depuis la naissance de la Tchécoslovaquie en 1918. »
Difficile de trouver, selon le journaliste, une explication univoque à cette évolution. On ne saurait par exemple prétendre que des ressortissants étrangers ou des personnes d’autres nationalités prévalent sur la population tchèque, car leurs effectifs n’augmentent que modérément. C’est donc ailleurs qu’il faut chercher une réponse à ce que la volonté des Tchèques de définir leur identité nationale et leur ethnicité diminue :
« Les données qui ressortent du recensement font preuve de l’indifférence d’une partie de la population tchèque eu égard à son identité nationale. D’un autre côté, elles confirment qu’il y a de plus en plus de gens qui perçoivent leur identité comme un élément à facettes multiples, et qui décèle différentes possibilités. Pour ceux qui refusent de se déclarer comme des Tchèques ‘pur-sang’, l’identité nationale semble représenter une carapace imposée par l’Etat. A leurs yeux, les identités peuvent se transformer au fil des situations différentes. »
Une crise démographique à venir
Le site aktualne.cz retient un autre point qui ressort de ce dernier recensement de la population et qui concerne l’évolution démographique en Tchéquie. Il écrit :
« Le vieillissement de la population fait fréquemment l’objet de débats politiques télévisés, tandis que des démarches pertinentes en la matière font jusqu’ici défaut. La situation devient pourtant grave. Tandis que le précédent recensement effectué il y a dix ans a enregistré 1,6 million de personnes de plus de 65 ans, le dernier en compte un demi-million de plus. Suivant cette évolution, elles seront 3 millions en 2050. »
Face à ce problème brûlant, le nouveau gouvernement a été contraint à prôner une réforme des retraites qui coûtera cher et qui sera douloureuse. « Il reste cependant muet sur un autre aspect important : le recul de l’âge de départ à la retraite », souligne le commentateur du site aktualne.cz, selon lequel aucune autre solution n’existe :
« On pourrait rapidement frôler une crise démographique. Il n’y a que l’accueil de ressortissants étrangers qui pourra l’amoindrir. »
L’adoption de l’euro, une question d’actualité ou d’avenir pour la Tchéquie ?
« La Tchéquie devrait enfin adopter l’euro, car durant les vingt années d’existence, la monnaie européenne a fait preuve de ce qu’elle fonctionnait bien. » C’est ce que prétend l’auteur d’une note publiée dans le journal en ligne Forum24, qui saisit l’occasion pour rappeler :
« A ce jour, la Tchéquie n’a pas rejoint la zone euro, bien qu’elle se soit engagée en faveur de cette démarche lors de son entrée dans l’Union européenne en 2004. Elle s’est alors faite devancer par la Slovaquie, ancienne partie de la fédération tchécoslovaque, auto-dissoute en 1993. Durant les vingt années écoulées, l’euro a eu à affronter toute sorte de crises – dont notamment celle liée à la Grèce – et qui ont ouvert la voie aux prévisions sombres de politiciens et d’économistes tchèques partisans de concepts nationalistes. Toutefois, celles-ci se sont avérées fausses. L’euro est désormais considéré comme un projet réussi qui, avant la pandémie de Covid-19, a contribué à la croissance économique européenne. »
Les avis d’économistes tchèques sur la date et sur ce que l’entrée de la Tchéquie dans la zone euro lui apporterait continuent de différer. Néanmoins, comme l’indique le journaliste de Forum24, la monnaie européenne ne fait plus l’objet de lourdes critiques dans le pays. « Il s’agit d’une question majoritairement politique », ajoute-t-il :
« L’euro pourrait contribuer à ce que le pays fasse un pas vers l’approfondissement de son appartenance européenne et à ce qu’il se débarrasse de son empreinte nationaliste. Hélas, vu les grands problèmes que le nouveau gouvernement aura à affronter, il semble que l’adoption n’est pas une question d’actualité, mais d’avenir. »
Les relations tchéco-allemandes et l’épidémie de Covid-19
Les relations entre les Tchèques et les Allemands des deux côtés de la frontière se limitent habituellement au domaine professionnel ou au tourisme dit d’achats. Les liens individuels et les amitiés sont assez rares. C’est ce que révèle l’enquête qui a été effectuée dans les deux pays en rappel de la signature de la Déclaration tchéco-allemande, depuis laquelle 25 ans se sont écoulés, à la date du 21 janvier. A ce propos, le site Hlídacípes.org a ajouté :
« Les gens des régions limitrophes ont beaucoup d’intérêts en commun, mais ils ne les partagent que rarement avec leurs voisins, à cause de la barrière de la langue et faute d’informations nécessaires. Dans des situations de crise, les contacts mutuels qui ont un caractère superficiel ont tendance à s’affaiblir, ce que l’épidémie de Covid-19 a assez clairement confirmé. Celle-ci a même fait renaître certains stéréotypes que l’on aurait pu prendre depuis longtemps pour révolus. Par ailleurs, s’agissant de la fermeture des frontières entre les deux pays pendant l’épidémie, les Tchèques, contrairement aux habitants allemands, l’ont majoritairement saluée. »
Le site Hlídacípes.org fait également part de certaines différences qui marquent aujourd’hui les Tchèques et les Allemands. « Les premiers craignent en premier lieu la détérioration de la situation économique, considérant la croissance et l’endettement comme les principaux défis à relever. Leurs voisins allemands, quant à eux, mettent l’accent, outre des sujets d’ordre économique et social, sur la protection du climat », explique-t-il.
Les « vrais hivers » deviennent rares
« Les hivers tchèques sont devenus trop chauds », rapporte un texte publié dans le quotidien Deník. Son auteur explique :
« Depuis quelques années déjà, et notamment à partir du début de la dernière décennie, on voit fortement diminuer le nombre de jours durant lesquels les températures descendent au-dessous de zéro. Tandis que dans les années 1960, par exemple, les météorologues ont pu en enregistrer 127 par an, durant les dix dernières années il n’y en avait qu’une centaine. La même tendance concerne les journées glaciales, celles où les températures se maintiennent à ce niveau bas pendant les 24 heures. »
De l’avis d’experts en climatologie, la situation ne va guère changer à l’avenir. « Selon un scénario qui prévoit une régulation des émissions carbone, la Tchéquie pourra s’attendre, d’ici l’an 2100, à seulement quelque 77 journées accompagnées de fortes gelées par an », ajoute le journaliste de Deník. Evidemment, il existe également des scénarios encore plus sombres.