En Tchéquie, le pass sanitaire, c’est fini
A l’instar d’autres pays comme le Royaume-Uni ou le Danemark, la République tchèque lève à partir du 10 février la plupart des principales mesures sanitaires en vigueur, dont la plus significative, le pass sanitaire jusqu’alors obligatoire dans de nombreux lieux publics.
Le nouveau gouvernement de coalition dirigé par Petr Fiala l’avait annoncé dans son programme : en pleine déferlante du variant Delta qui avait une fois de plus engorgé les établissements hospitaliers et alors que le variant Omicron pointait son nez, la nouvelle équipe au pouvoir avait présenté son slogan gouvernemental « Vivre avec le Covid, librement et de manière responsable », non sans faire tiquer plus d’un expert du domaine de la santé. Comme certains autres Etats européens, la Tchéquie, pourtant un des pays les plus affectés depuis le début de la pandémie, semble prendre la voie d’une gestion du Covid-19 comme une maladie endémique.
Plus de deux mois plus tard, si la vague Omicron a entraîné des chiffres record de contamination ces dernières semaines, dans les hôpitaux on est loin de la situation plus que tendue des précédentes vagues de Covid-19 : actuellement environ 3 500 personnes sont hospitalisées dans le pays, mais le nombre de cas graves, nécessitant des soins intensifs, est relativement stable et oscille autour de 200. Actuellement, le problème le plus important auquel font face les hôpitaux est le nombre important de personnels soignants malades du Covid. Si certains établissements, comme l’hôpital de Jihlava, ont annoncé limiter certains de leurs services en raison de l’absence de personnel, certains soignants ont choisi d’avoir recours à la « pracovní karanténa » : un statut instauré très récemment qui leur permet de travailler même après un test C+ et uniquement s’ils sont asymptomatiques, mais qui devrait disparaître après le 19 février.
Ce qui change à partir du 10 février
Dans ce contexte d’un variant Omicron plus contagieux, mais a priori moins dangereux, le gouvernement tchèque a décidé de lever une des principales mesures sanitaires en vigueur depuis plusieurs mois, le pass sanitaire (schéma vaccinal complet ou certificat de guérison).
Dans les faits, cela signifie que désormais, même les personnes non-vaccinées pourront se rendre au restaurant, au café, dans les bars, dans un hôtel, à la piscine, dans les salles de sport, au théâtre, au cinéma ou toute autre activité sociale ou culturelle. Une possibilité qui était jusqu’alors réservée aux personnes présentant un schéma vaccinal complet ou qui pouvaient prouver qu’ils avaient eu le Covid et étaient rétablis.
La semaine dernière, le tribunal administratif suprême avait supprimé l'obligation de présenter le pass sanitaire dans un bon nombre de lieux publics. Selon le tribunal, le ministère de la Santé n'a pas expliqué pourquoi le certificat était nécessaire dans ces établissements précis et pas ailleurs. La décision du tribunal ne devait prendre effet qu’une semaine plus tard, ce qui était censé donner au ministère de la Santé le temps d'adapter la mesure. Mais le jour même, le cabinet dirigé par Petr Fiala a annoncé la fin de c es certificats au 9 février, finalement repoussée au lendemain.
Plus que le masque après le 1er mars
De même le gouvernement a fait savoir que l’obligation de tests préventifs à l’école et en entreprise serait levée à partir du 18 février prochain, mais pas dans les établissements de santé ou certains services sociaux : dans ces deux derniers cas de figure, ils resteront obligatoires pour les personnes non-vaccinées ou qui n’ont pas eu le Covid-19.
Cette levée d’une majorité des mesures de restriction ne concerne pas le port du masque, toujours obligatoire dans les espaces fermés et les transports en commun. Mercredi, le Premier ministre Petr Fiala a toutefois indiqué qu'hormis le port du masque peu de mesures sanitaires seront maintenues au-delà du 1er mars.
Selon le porte-parole du ministère de la Santé, Ondřej Jakob, mieux vaut encore conserver son appli Tečka dans son téléphone : en effet l’obligation de présenter son pass sanitaire demeure pour voyager à l’étranger que ce soit pour se rendre dans le pays en question ou pour bénéficier des services de restauration ou d’hôtellerie sur place. De même, l'entrée en République tchèque est toujours soumise à des conditions spéficiques pour lesquelles le pass sanitaire reste un sésame incontournable (ces conditions sont régulièrement actualisées ici).
En outre, comme le précise le ministère, une nouvelle vague de Covid-19 étant probable à l’automne prochain, l’appli Tečka pourrait fort bien reprendre du service également à ce moment-là : adopté récemment par les députés tchèques, l’amendement à la loi pandémie permet au gouvernement tchèque d’imposer – à nouveau – des mesures sanitaires plus strictes sans avoir recours à l’état d’urgence.