Une conférence internationale à Prague pour des bâtiment plus verts
Du 4 au 6 juillet, Prague a accueilli une grande conférence internationale intitulée « Central Europe towards Sustainable Buildings 2022 » (L’Europe centrale vers la construction durable 2022). Ce fut ainsi l’occasion pour la capitale tchèque d’apparaître comme un lieu clé des débats scientifiques sur les questions de développement durable, et d’encourager les avancées dans ce domaine.
La faculté d’ingénierie civile de l’Université technique tchèque (ČVUT) a ouvert ses portes, non pas pour une session de cours d’été, mais pour accueillir une importante conférence scientifique regroupant 150 participants issus de 29 pays différents. Ces universitaires, ingénieurs, ou encore investisseurs ont tous posé bagage à Prague pour quelques jours afin d’échanger leurs savoirs sur la construction durable et d’autres thèmes qui en découlent comme l’explique Antonín Lupíšek, directeur de la recherche pour l’innovation et membre du comité d’organisation de la conférence :
« Cette conférence traite de la construction durable. Nous couvrons de nombreux sujets. Nous avons des sessions sur le développement urbain, l’économie circulaire, l’efficacité énergétique, l’évaluation du cycle de vie et l’impact environnemental des bâtiments, mais aussi sur l’héritage culturel des bâtiments ou encore les nouveaux matériaux et nouvelles technologies. »
Il s’agit de la sixième conférence de ce type organisée à Prague. Depuis 2007, a lieu, tous les trois ans, une grande réunion internationale qui se fixe un but : se mettre à jour sur les derniers résultats en termes d’écoconstruction, et apporter une expertise internationale ainsi que de nouvelles idées à la région. Cette rencontre s’inscrit dans une série de conférences régionales sur la construction durable qui aboutira en septembre 2023 par la tenue de la Conférence mondiale sur la construction durable à Montréal.
D’ici là, il est important de poursuivre les efforts vers des constructions plus propres. C’est d’ailleurs ce qu’évoque Frédéric Montet, un doctorant de la Haute école d’ingénierie de Fribourg, en Suisse, qui a participé à la conférence :
« D’une part, tous les gouvernements essaient de s’aligner au niveau de leur objectif énergétique d’ici 2050 ou à plus court terme parfois. Trouver des méthodes qui réduisent les consommations des bâtiments, c’est donc pertinent pour atteindre ces objectifs. D’autre part, l’environnement construit représente 30% des émissions de CO2, et c’est quelque chose qu’on voit beaucoup moins que par exemple les voitures, les bateaux qui sont visibles, qui bougent. Les bâtiments, c’est là, c’est un peu dormant. On les voit mais on ne réalise pas trop que leur utilisation, leur construction sont des facteurs d’émissions de CO2 à ne pas négliger. »
Cet impératif de développer des habitats non polluants a également été souligné par le groupe d’expert sur le climat de l’ONU, le GIEC, dans son dernier rapport de février. Ils évoquent la nécessité de réduire la demande énergétique, notamment en ce qui concerne les logements.
En Tchéquie, les premières conséquences du réchauffement climatique invitent à une réforme rapide du secteur du bâtiment comme le souligne Antonín Lupíšek :
« Nous allons devoir nous aligner sur l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Nous voyons les impacts du changement climatique qui sont assez importants, et particulièrement dans notre pays. Durant ces dernières années, nous avons eu des problèmes en termes d’eaux souterraines. Les niveaux d’eaux souterraines sont en baisse. De nombreuses forêts s’assèchent. C’est plus rapide que ce que nous anticipions. Il y a 5-10 ans, j’aurai appelé à se focaliser sur l’atténuation du réchauffement climatique, mais aujourd’hui, il est clair que nous devons aussi nous adapter. »
En effet, une évolution des modes de construction est d’autant plus cruciale si la République tchèque veut atteindre les objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 des Nations Unies, ainsi que les engagements pris auprès de Bruxelles. L’Union européenne considérait, en 2020, que les émissions de gaz à effet de serre émis par la Tchéquie étaient bien supérieures à la moyenne européenne, représentant 3,5% du total des gaz émis en Europe. Il s’agit d’un pourcentage particulièrement élevé quand on le compare à la part de la population tchèque en Europe.
La conférence qui s’est tenue à Prague a permis d’apporter des solutions, aussi bien pour l’Europe centrale que pour le monde entier, comme le constate un autre participant originaire de Fribourg, Yvan Morier :
« C’est vu au point de vue tchèque, européen et mondial. Sur ce qui se passe en République tchèque, on a eu une conférence très intéressante sur la réutilisation des bâtiments industriels qui est un sujet qui est assez d’actualité en Tchéquie. On se demande comment faire pour recycler ces bâtiments dans quelque chose de nouveau et de ne pas les laisser à l’abandon. » D’autres innovations ont également été abordées et permis à chacun des participants d’enrichir ses connaissances afin de développer des projets toujours plus durables. Le professeur et co-organisateur de la conférence, Petr Hájek, en énumère quelques-unes :
« En Europe et en République tchèque, durant la dernière décennie, il y a beaucoup de choses qui ont été faites par rapport au secteur du bâtiment : l’isolation thermique, une augmentation de la qualité thermique, des changements du système de chauffage, le développement de système photovoltaïque, etc. Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire pour le futur ».
C’est justement en vue de tout ce qu’il reste à accomplir que s’est tenu cette conférence et que s’en tiendront d’autres. Yvan Morier insiste finalement sur l’ambition de cette grande réunion :
« Je pense que justement c’est le genre de conférence qui va permettre de sortir les idées du futur pour vraiment améliorer l’avenir du bâtiment. »
Cet avenir du bâtiment n’est peut-être en réalité pas si loin. Une simple balade dans Prague permet déjà de contempler quelques exemples de ces constructions du futur, comme le bâtiment Drn dont la façade organique ne laisse personne indifférent. Des avancées écologiques qui sont donc très prometteuses et qui permettraient en plus de se passer du gaz russe, une aubaine dans le contexte géopolitique actuel.